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Christoblog

Jeanne du Barry

Dès les premières scènes de Jeanne du Barry, on est fixé sur un certain nombre de choses.

D'abord, on verra Maïwenn dans beaucoup de plans : le film est donc peut-être avant tout un portrait de la réalisatrice en courtisane. Deuxièmement, on va passer d'étape en étape au pas de course, sans trop s'encombrer de détails ou de préoccupations réalistes : la voix off est là pour rythmer la cadence. Et enfin, notre héroïne a une ambition dévorante, et ne rechigne à faire usage de ses atouts physiques pour parvenir à ses fins.

Jeanne du Barry se contente ensuite de dérouler tranquillement une histoire minimale sur les bases énoncées ci-dessus, avec un allant plutôt sympathique, quelques traits d'humour et un zeste d'émotion sur la fin. Tout cela est benoîtement réalisé, dans un style peu avare en mauvais goût, qui aurait peut-être plus convenu à une série sur France 2. Les différents personnages n'ont aucune profondeur psychologique.

Benjamin Lavernhe est aussi convaincant que Johnny Depp est momifié, comme à peine sorti du formol pour être roulé dans le talc. On apprend vaguement quelques trucs sur l'étiquette à la cour, et on se dit qu'un système à ce point sclérosé ne pouvait plus trop durer.

Les défauts du film (son académisme rieur, son absence de sensualité et de cruauté, la clarté excessive de sa ligne artistique, sa superficialité clinquante, son sentimentalisme à l'eau de rose) ont fait probablement son succès : les spectateurs s'amusent et ne sont dérangés par aucune aspérité. Tant mieux pour le cinéma français, décidément plutôt en forme en ce début 2023.

Maïwenn sur Christoblog : Polisse - 2011 (****) / Mon roi - 2015 (*) / ADN - 2021 (**)

 

2e

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Festival de Cannes 2023 : un palmarès presque parfait

Palme d'or : Anatomie d'une chute, Justine Triet

C'était pour moi le choix le plus judicieux, et simplement le meilleur des 47 films que j'ai vu à Cannes. Anatomie d'une chute fait partie de ces rares oeuvres qui éblouissent par la pertinence de tous leurs choix, de la mise en scène au montage, du scénario à l'interprétation. C'est de plus une Palme d'or qui est promise à un énorme succès public à mon avis, ce qui est une excellente chose pour le cinéma et le Festival.

Grand Prix : The zone of interest, Jonathan Glazer

Donné gagnant par beaucoup jusqu'au dernier moment, le film du britannique vaut à mon sens surtout par son concept : juxtaposer l'horreur (sans jamais la montrer) à la "normalité" de la vie de famille du chef du camp d'Auschwitz. Je n'ai pas été convaincu par le dispositif adopté par Glazer qui doit s'échiner à semer quelques détails dans son film pour dire l'indicible, notamment par un travail sur le son impressionnant. Cette démarche relève plus pour moi de celle d'un plasticien que d'un cinéaste. Un geste de cinéma qui ne laisse pas indifférent en tout cas.

Prix du jury : Les feuilles mortes, Aki Kaurismaki 

Excellent choix du jury. Le cinéma de Kaurismaki atteint ici un point d'équilibre proche de la perfection, entre ironie tendre, perfection plastique et rythme alerte. Le Finlandais célèbre le cinéma, l'obstination, l'optimisme et cette sombre magie qu'est l'amour. C'est beau.

Prix de la mise en scène : La passion de Dodin Bouffant, Tran Ann Hung

Avec une bonne dose de snobisme, beaucoup de critiques n'ont semblé juger ce film qu'à l'aune de son sujet, jugé ringard. Ils l'ont brocardé sur l'air du "Top Chef façon XIXème". Pour ma part, dès sa vision, j'ai été ébloui par la mise en scène souveraine de Tran Ann Hung, qui offre ici les plus beaux mouvements de caméra de tout le Festival, en particulier lors d'une scène de discussion dans la pénombre, qui est magnifique. C'est le prix parfait pour ce film, que j'ai beaucoup aimé pour son extrémisme anti-air du temps.

Prix du scénario : Monster, Yuji Sakamoto

Là encore, une décision logique, même si d'autres prétendants étaient possible, comme Les filles d'Olfa. Le scénario de Monster est d'une belle complexité, offrant une variation subtile autour de l'effet Rashomon, qui consiste à revoir plusieurs fois une même scène sous des angles différents. Mieux vaut ne rien savoir du tout de l'intrigue du film pour en profiter, car l'effet de surprise est encore plus grand.

Prix d'interprétation masculine : Koji Yakusho, Perfect days

C'était mon favori. Sa prestation dans le délicieux et étonnant film de Wim Wenders est d'une subtilité incroyable. Lors de l'antépénultième plan du film, un long gros plan sur son visage a arraché des larmes à plusieurs centaines de spectateurs dans les salles cannoises, dont votre serviteur.

Prix d'interprétation féminine : Merve Dizdar, Les herbes sèches

Sûrement le choix le plus surprenant du jury. Puisque Sandra Huller joue dans les deux films qui ont obtenu la Palme et le Grand Prix, elle ne pouvait pas, selon les règles du Festival, recevoir le prix d'interprétation qu'elle aurait mérité de l'avis de tous. Beaucoup d'autres actrices pouvaient donc prétendre à remporter la récompense : Léa Drucker dans L'été dernier, Alicia Vikander dans Firebrand, Julianne Moore ou Natalie Portman dans May December... Le choix de Merve Dizdar s'avère là aussi pertinent : il permet au film de Ceylan, un des plus beaux de la compétition, de ne pas repartir bredouille et il est vrai que le personnage féminin du film est de toute beauté.

Pour conclure, il s'agit sûrement du palmarès le plus malin et le plus cohérent de ces dernières années. En évitant les ex-aequos (ce qui est un exploit à Cannes), il récompense tous les films importants du Festival, en évitant une énorme injustice. Pour ma part j'aurais bien troqué The zone of interest contre Youth de Wang Bing ou Les filles d'Olfa de Kaouther Ben Hania, mais à ce détail près, je n'ai rien à redire aux choix effectués.

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Journal de Cannes 2023

 

27 mai

Drôle de début de journée ce matin : arrivé à la Licorne à 9h pour la première d'une série de trois séances de rattrapage, j'apprends que le projecteur est défectueux et qu'aucun film ne sera projeté de la journée. Je fonce donc un peu plus loin au Cineum où je parviens à voir les deux derniers films de la compétition, à commencer par La chimera (2/5) d'Alice Rohrwacher, qui confirme que le courant ne passe pas entre moi et cette réalisatrice. Toujours filmé en 16 et 35 mm, comme ses précédents, le film suit la trajectoire d'un pilleur de tombe lunatique et doué de pouvoir extra-sensoriel. C'est assez pauvre, et pour tout dire, raté. Pour finir, j'enchaîne avec le nouveau Ken Loach, qui décrit l'intégration de migrants syriens dans un village du Nord de l'Angleterre. The old oak (2/5) est par moment efficace mais manipule de si grosses ficelles pour faire appel à nos émotions que cela en est gênant. Un peu comme chez les Dardenne, on constate que les messages politiques prennent chez Loach petit à petit le pas sur la complexité et les nuances qui font la richesse d'une bonne histoire.

Enfin je peux entrer au GTL pour la cérémonie de clôture. Je suis absolument ravi par le palmarès, qui pour une fois me semble quasiment parfait dans son équilibre, sans injustice flagrante, en récompensant ce qui est à l'évidence le meilleur film, et tout cela sans ex aequo. Je reviendrai dans les jours qui viennent en détail sur ce palmarès et vous donnerai mon avis.

Pour terminer, le dernier Pixar, Elemental (3/5) clôture en beauté et dans la bonne humeur un très beau festival. Sans retrouver la profondeur et l'émotion de Vice-versa, le film reprend l'idée de personnage représentant des concepts (ici le feu et l'eau) et développe une histoire qui permet de faire l'éloge de la diversité tout en révisant sa physique. L'émotion du réalisateur Peter Sohn lors de la standing ovation finale fait plaisir à voir.

Voilà.

C'était mon 47ème film de mon onzième festival, record battu. Merci de m'avoir suivi et à l'année prochaine.

 

26 mai

On reprend la compétition avec le prétendu sulfureux L'été dernier (2/5) de Catherine Breillat, dans lequel une cinquantenaire a une aventure avec le fils de son conjoint, de 17 ans. Au-delà des polémiques complètement stupides sur le sujet du film (après tout il s'agit de deux majeurs sexuels consentants), je n'ai pas apprécié ce qui était proposé : pas assez incarné, très mal écrit, et surtout mal joué par le jeune Samuel Kircher, qui curieusement a la même propension à surjouer les têtes à claques que son frère Paul dans Le lycéen.

S'en suit une parenthèse coréenne, qui commence à la Quinzaine par In our time (2/5) de Hong Sang-Soo. Si les films précédents du Coréen était des épures, celui-ci est un haïku : deux conversations autour de presque rien. Pour les aficionados, comme moi, il y a un intérêt, car la petite musique du cinéaste a un parfum inimitable. Pour les autres, probablement aucun. Dans la toile (2/5), du prodige Kim Jee-Woon, était très attendu. J'ai été un peu déçu par ce récit de tournage d'un film par un réalisateur dont on ne sait s'il est génial ou incompétent. C'est un peu confus, pas toujours de très bon goût, avec cette énergie adolescente qui caractérise l'auteur de J'ai rencontré le diable. Heureusement, c'est le film nous permet de prendre notre dose annuelle de Song Kang-Ho.

Cérémonie de clôture d'Un certain regard pour finir, très sympathique. Le grand gagnant est le film How to have sex. Alors que nous attendons la réalisatrice Molly Manning Walker qui arrive de Rome en short de running et T-shirt vert, toute essoufflée, le président du jury, l'excellent John C. Reilly, nous chante une chanson : un grand moment ! Le film de clôture, Une nuit (4/5) d'Alex Lutz avec Karine Viard, est une romance dramatique délicieuse, un véritable bijou à découvrir en salle à partir du 5 juillet. Je reviendrai longuement sur ce film admirable. 

 

25 mai

On reprend la compétition ce matin avec pour commencer La passion de Dodin Bouffant (5/5) de Tran Anh Hung. Je n'aurais jamais pensé aimer à ce point un film où la caméra passe le plus clair de son temps dans une cuisine du XIXème siècle. Le film est à contre-courant de tout ce qui est à la mode, à un point où il en devient extrême. Le couple Magimel / Binoche est juste splendide et la mise en scène d'une élégance folle. A la suite, Vers un avenir radieux (2/5), de Nanni Moretti, m'a paru bien poussif, boursouflure d'un égo qui évoque en boucle ses obsessions. Perfect days (4/5), de Wim Wenders, démontre à l'inverse qu'on peut se renouveler à tout âge. Le réalisateur allemand revient en force avec cette épure à la japonaise, qui tente de donner à voir le fil ténu de la vie, à travers le quotidien d'un homme qui nettoie les toilettes tokyoïtes. Je sais que cela peut paraître bizarre, mais ça fonctionne parfaitement.

Pour finir, une petite gâterie belge : Le syndrome des amours passées (3/5) du duo Ann Sirot / Raphaël Balboni est une comédie extrêmement bien écrite. Le pitch est irrésistible : pour avoir un enfant, Sandra et Rémy doivent re-coucher avec tous leurs ex. Drôle et fantaisiste, ça fait du bien vers la fin de Festival.

 

24 mai

Le système Wes Anderson tourne maintenant à vide, avec toujours les mêmes idées et acteurs, et aucune émotion ni surprise. Asteroid city (1/5) m'a donc ennuyé, encore plus que ne l'avait fait The french dispatch. Anderson est comme un enfant qui ferait pour la fête des mères des colliers de nouilles de plus en plus sophistiqués : on ne cracherait pas sur une petite pyrogravure, pour changer. Je poursuis avec Rapito (4/5), L'enlèvement, de Marco Bellochio qui raconte un fait divers s'étant déroulé au XIXème : le "kidnapping" d'un petit juif baptisé en cachette par l'église catholique. Comme sa série Esterno notte, le film est solide, très réaliste et prenant. Il manque toutefois un petit quelque chose pour qu'il dépasse son déjà enviable statut d'excellent film-dossier.

Côté Quinzaine, je découvre ensuite La grâce (3/5), un film du Russe Ilya Povolotsky, qui porte a priori assez mal son nom puisque nous suivons un père et sa fille dans un triste périple du Sud au Nord du pays, parcourant en minivan les paysages les plus déprimants qu'on puisse imaginer. Il n'y a que les Russes pour pousser aussi loin le bouchon du spleen glauque, et en soi, cela mérite le voyage. Fin de journée à la Semaine, avec le deuxième film d'Erwan Le Duc, La fille de son père (2/5). J'avais beaucoup aimé Perdrix, son premier film, mais on ne retrouve qu'en partie ici le burlesque, la concision et le sens de la punchline du précédent film. Si Nahuel Perez-Biscayart et Céleste Brunnquell tirent leur épingle du jeu grâce à d'amusants dialogues dans la première partie, ils ne peuvent rien à la baisse de régime générale qui plombe le film dans la seconde.

 

23 mai

Club zéro (1/5), de l'Autrichienne Jessica Haussner, représente ce que je déteste le plus au cinéma. Le film est froid, guindé, vide de chair, creux et cynique. C'est du Haneke sans la cruauté et du Ostlund sans l'humour, avec les couleurs de Wes Anderson. Zéro pointé. 

Je bascule côté un Certain Regard pour Crowra (La fleur de burini) (2/5), un film brésilien qui nous fait pénétrer dans l'intimité d'autochtones de la forêt profonde brésilienne. Les deux réalisateurs mélangent documentaire et fiction, entrelaçant songe, reconstitution d'un massacre et voyage contemporain à Brasilia pour une réunion des peuples autotochtones. Le sujet est intéressant, mais le film est trop confus et pas assez bien réalisé pour convaincre totalement. A l'inverse, Augure (3/5), du rappeur Baloji est une vraie réussite. A l'occasion du retour d'un Congolais dans son pays pour présenter sa future femme, le réalisateur dresse une série de quatre portraits délicieux, et mélange scènes de rue, discussion familiale et visions oniriques sur un rythme de comédie dramatique. Un candidat sérieux à la Caméra d'Or et une véritable immersion dans la psyché africaine.

A 19h45, un moment important, avec la présentation du nouveau film du maître Takeshi Kitano, Kubi (3/5), film de samouraïs dans lequel on décapite comme on respire. C'est complexe, très efficace, amusant et cela apporte une pause bienvenue dans tout le sérieux de la quinzaine cannoise. Longue standing ovation du public dans lequel se trouvent Kore-Eda et Elia Suleiman. Dernier effort pour The feeling that the time for doing something has passed (1/5), à la Quinzaine. Pourtant produit par le génial Sean Baker, ce film de et avec Joanna Arnow ne pas convaincu. Pour résumer, je dirais qu'il s'agit d'une trentenaire new-yorkaise qui vit des relations masochistes avec plusieurs partenaire pour combler le vide de sa vie. C'est filmé dans l'esprit de Kaurismaki, mais sans l'humour ni la tendresse : c'est donc ennuyeux.

 

22 mai

La journée commence dans l'agréable salle Agnès Varda par Anatomie d'une chute (5/5), probablement le meilleur film de Justine Triet. Il s'agit d'un excellent film de procès, écrit avec une grande intelligence, magnifiquement interprété et très bien mise en scène. Ce serait étonnant qu'on ne le retrouve pas très haut dans le Palmarès. 

Je fonce ensuite à Un certain regard pour une double parenthèse. J'attendais beaucoup de Un hiver à Yanji (3/5), de Anthony Chen qui obtint il y a quelques années la caméra d'or avec le superbe Ilo Ilo. Eh bien j'ai été un peu déçu par cette déambulation de trois jeunes adultes dépressifs dans une Chine enneigée, façon Jules et Jim alcoolisés. Le film est tout de même assez fin et révèle une belle sensibilité. Je n'attendais rien à l'inverse de Les colons (4/5) de Felipe Galvez, mais ce superbe film chilien m'a enthousiasmé par sa beauté : les paysages sont extraordinaires, sa cohérence artistique remarquable et son propos politique (il dénonce le massacre des Indiens de Patagonie) passionnant. Le tout sous la forme d'un western haletant qui parvient à nous surprendre de bout en bout. 

Retour à la compétition avec un délicieux Kaurismaki, Les feuilles mortes (4/5). Rien de bien nouveau dans le cinéma du Finlandais (on va vraiment l'impression que ces personnages sont totalement interchangeables d'un film à l'autre) mais l'histoire d'amour qui nous est comptée ici est mignonne comme tout. Le fantasque cinéaste nous offre quelques moments clownesques lors de la montée des marches puis lors des ovations. Fin de journée à la Semaine pour un film coréen dont j'attendais trop : Sleep (2/5), annoncé comme un mélange de comédie et d'horreur s'avère finalement ni drôle ni horrifique. Une honnête série B sur le somnambulisme, mâtinée d'une histoire de fantôme.

 

21 mai

Grosse journée qui commence en compétition avec May december (3/5), de Todd Haynes. Le film est réalisé très solidement, mais il est malheureusement assez mal écrit. Plusieurs scènes frôlent le grotesque et le film ouvre sans cesse des pistes qui sont au final peu explorées. Comme souvent depuis le début, c'est à la Quinzaine qu'il faut aller pour être charmé et surpris. Michel Gondry offre avec son très bon Le livre des solutions (4/5) une comédie enlevée et très autobiographique sur les affres de la création. Pierre Niney y est irrésistible. 

A Un certain regard je fais l'effort d'aller voir le premier film mongol accueilli en sélection. If only I can hibernate (2/5) est le prototype du film d'auteur développé internationalement : scénario assez pauvre, magnifiques images, et une bonne dose d'ennui consensuel. On suit 3 jeunes enfants vivre un hiver très froid dans une banlieue pauvre d'Oulan-Bator. Retour au GTL pour la compétition avec Firebrand (3/5), ou Le jeu de la reine, de Karim Aïnouz. Il s'agit du portrait de la dernière femme du roi d'Angleterre Henry VIII. Il réussit tout ce que Jeanne du Bary a raté : c'est puissant, et cela dégage un profond sentiment réaliste. Une réussite formelle, un poil trop sage. Enfin séance de minuit avec Acide (3/5) de Just Philippot, qui reproduit le schéma de son premier film, La nuée. Une famille en difficulté est confrontée à la catastrophe, ici écologique, avec de terribles pluies acides. L'histoire, assez faible, est surtout le prétexte au développement d'un survival minimaliste, mais assez efficace dans la deuxième partie du film. Dommage que la grande scène finale dans le champ ne soit pas réellement réussie.

 

20 mai

The zone of interest (2/5), de Jonathan Glazer, est d'ors et déjà parmi les favoris pour la Palme d'Or, si l'on en croit les ragots cannois. Pour ma part je n'ai pas trop accroché à ce tableau de la vie de famille du patron du camp d'Auschwitz. Le propos du film est ambigu et son traitement très froid. C'est un film complexe, dont on peut dire tout et son contraire, qui méritera un long article dédié. Je glisse ensuite à Debussy pour le polar chinois du Festival, Only the river flows (3/5) de Wei Shujun. Le film est là encore complexe, voire incompréhensible dans l'instant, mais d'une facture très classique : il est très en-dessous des révélations chinoises de ces dernières années, comme Diao Yinan par exemple.

En début d'après-midi, c'est la montée des marches pour la toute jeune franco-sénégalaise Ramassa-Toulaye Sy. Je ne sais trop quoi penser de Banel et Adama (2/5), un premier film formellement épuré et intéressant, mais tout de même très fragile pour être exposé dans une telle vitrine. Je me suis ennuyé pour ce qui aurait fait un excellent moyen métrage.  Finalement, la bonne surprise viendra aujourd'hui de la Quinzaine avec l'impayable Riddle of fire (5/5) de Weston Razooli. Bricolé avec un budget minime, tourné en 16mm, ce film modeste et splendide a réveillé chez moi l'émerveillement devant la magie de l'imagination au cinéma. On suit trois enfants dans un périple de 24 heures durant lesquels ils vont expérimenter cent expériences différentes, de la recherche d'un oeuf bleu tâcheté à la confection d'une tarte aux myrtilles, en passant par des échanges de coup de feu en boite de nuit et la rencontre d'une fée taxidermiste. Jouissif et inclassable.

 

19 mai

La journée débute à Un certain regard, avec le remarquable film de la Québécoise Monia Chokri, Simple comme Sylvain (4/5), qui revisite l'éternel thème du coup de foudre entre deux personnes de milieux sociaux très différents. C'est frais, sensible, très intelligent, et franchement amusant, comme du Dolan apaisé.

Retour ensuite au GTL avec 3 films en compétition. Black flies (1/5), film américain du Français Jean Stéphane Sauvaire ne m'a pas convaincu du tout. Il brosse de façon scolaire (et bruyante, la bande-son est par moment insupportable) le quotidien de deux urgentistes new-yorkais. Le script tient sur un timbre poste et la fin est d'une naïveté confondante. Avec Les herbes sèches (5/5), on retrouve un Nuri Bilge Ceylan de haut niveau. Paysages enneigés du Kurdistan, analyse au scalpel de l'âme humaine, photographie superbe, dialogues interminable et durée de plus de trois heures : tout est à la fois attendu et parfaitement réalisé. Enfin, Les filles d'Olfa (5/5) de la Tunisienne Kaouther Ben Hania constitue pour moi la première vraie sensation du Festival. Une mère et deux de ses filles "rejouent" l'histoire de le leur vie et notamment la disparition des deux filles aînées parties combattre pour l'Etat islamique, et "remplacées" par deux actrices. Le procédé, entre thérapie de groupe et méta-cinéma, documentaire et mise en abyme à tiroir, garantit à mon avis une place au film dans le palmarès, même s'il ne faut pas chercher ici de grands effets de mise en scène.

 

18 mai

La journée commence par trois films en compétition enchaînés à la suite. Monster (4/5), le nouveau film d'Hirokazu Kore-Eda, est un bon cru, remarquable dans sa première partie, un peu moins convaincant dans la deuxième, qui résout les énigmes de la première. Il ne devrait pas permettre au Japonais d'aller chercher une seconde Palme d'or. On comprend difficilement que Le retour (2/5), de Catherine Corsini, ait pu passer les barrières de la compétition. Au-delà de la polémique anecdotique qui l'accompagne, cette chronique estivale se caractérise par son insignifiance et la banalité des thèmes qu'elle aborde. Un bon téléfilm, aurait-on dit il y a quelques années, tout de même servi par une interprétation convaincante.

La suite est d'un autre calibre : les 3h20 de Youth (Spring) (4/5), du Chinois Wang Bing documente le quotidien de jeunes travailleurs provinciaux dans les ateliers de couture dans une ville proche de Shanghai. Pour ceux qui n'ont jamais vu de films de ce réalisateur, pas facile de décrire l'incroyable sentiment immersif que procure son cinéma, ici plus dépourvu de spectaculaire que ses précédents opus. C'est long, c'est difficile de rester éveillé, mais c'est une expérience hors du commun. Fin de soirée très sympa à la Quinzaine pour voir The sweet east (4/5), premier film de Sean Price Williams, jusqu'alors connu pour être de chef op des frères Safdie. Un voyage picaresque dans une Amérique des marges, plein d'invention et porté par un casting de haute volée, comprenant le formidable Simon Rex et la révélation Talia Ryder.  

 

17 mai

La journée commence à la Quinzaine, avec le très bon nouveau film de Cédric Kahn, Le procès Goldman (4/5). Un classique film de procès, mais qui cumule de nombreux intérêts : un contenu informatif passionnant, un suspense psychologique haletant et une forme très maîtrisée. Je m'astreins ensuite à voir la bluette Jeanne du Barry (2/5). C'est dommage que le film ne soit pas conçu avec la même liberté que son héroïne met en oeuvre pour mener sa vie. Je l'ai trouvé académique, peu inspiré, superficiel dans le développement de sa narration. Pour moi, deux éléments le sauvent : Benjamin Lavernhe et son point de vue sur le fonctionnement de la cour.

A 15h, alors que nous attendons sous la pluie d'entrer à la master class d'Almodovar... on nous informe que la séance est complète. C'est la première fois que je vois autant de personnes avec un billet ne pas pouvoir rentrer. Du coup je me rabats en urgence sur Anselm (3/5), le documentaire que Wenders a consacré à son compatriote Anselm Kiefer. Le film est en 3D, ce qui nous rappelle que ce médium peut être diablement efficace quand il est utilisé par un grand réalisateur. Anselm passionnera les amateurs du peintre (le plus grand artiste vivant ?), dont je fais partie. Il est par moment splendide, mais s'égare un peu sur la fin.

Fin de journée à la Semaine. Ama Gloria (3/5), de Marie Amachoukeli, est un formidable film à hauteur d'enfant, qui décrit l'attachement mutuel d'une petite fille et de sa nounou. Rien de bien original dans son déroulement, hormis le fait qu'il se passe en grande partie au Cap Vert, mais une sensibilité extrême, qui fait mouche. Pour terminer, Tiger stripes (1/5), un film malaisien, est très décevant. Il m'a beaucoup fait pensé au film Teddy, des frères Boukherma, avec un soupçon de Weerasethakul, mais en beaucoup moins bien. Le film n'est pas tenu de bout en bout, sa progression dramatique est faiblarde et ses effets spéciaux plutôt ratés.

 

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En route pour le Festival de Cannes 2023

Du 16 au 27 mai 2023, vous pourrez suivre le Festival de Cannes en direct sur Christoblog, avec un résumé tous les soirs de mes aventures sur la Croisette, à suivre en lisant Mon journal de Cannes.

Pour mes avis immédiats à la sortie de chaque projection, vous pouvez me suivre sur Facebook ou Twitter, comme plus de 800 fidèles. Vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter de Christoblog, là, à droite de l'article, en inscrivant votre adresse mail dans la case "Saisissez votre email ici". 

Si vous allez à Cannes pour la première fois, ces articles pourraient vous intéresser :

 

Mon avis sur les différentes sélections : 

Compétition 

Cette année, la compétition comprend comme l'année dernière 21 films, ce qui représente un nombre raisonnable après l'orgie de 2021 (24 films). On peut distinguer dans la sélection ceux qui ont déjà eu au moins une Palme d'Or (Moretti, Kore-Eda, Ceylan, Loach, Wenders), ceux qui auraient mérité d'en avoir une (Kaurismaki, Anderson, Bellochio), ceux qui ont déjà tenté mais n'en auront peut-être jamais (Jessica Hausner, Justine Triet, Alice Rohrwacher, Todd Haynes, Catherine Corsini), et ceux qui apparaisse en compétition pour la première fois (Jonathan Glazer, la tunisienne Kaouther Ben Hania, Catherine Breillat, le franco-vietnamien Tran Anh Hung).

J'attends pour ma part impatiemment les films de Wang Bing (mon documentariste - et un de mes cinéastes - préféré), de la sénégalaise Ramata-Toulaye Sy (un premier film en provenance d'Afrique, c'est rare !), et du brésilien Karim Aïnouz, dont j'ai adoré La vie invisible d'Euridice Guismao. Le cinéaste "surprise" cette année est Jean Stéphane Sauvaire.

Cannes Premières

Avant 2020, les "refoulés" de la compétition se retrouvaient à Un certain regard, ou à la Quinzaine. En 2021, Thierry Frémaux leur a offert une nouvelle section qui est reconduite cette année, dans la salle Debussy, habituellement réservée à Un certain regard. On retrouvera ici un casting dont Venise ou Berlin se délecteraient : Takeshi Kitano, Victor Erice, Katell Quillévéré, Amat Escalante, Lisandro Alonso et Valérie Donzelli.

Un certain regard

Cette sélection se recentre sur son objectif initial, comme en 2021 et 2022 : faire découvrir des oeuvres originales et exigeantes. Peu de noms connus par conséquent. Le film d'ouverture, Le règne animal, de Thomas Cailley, est cependant très attendu. On croisera tout de même dans cette section Monia Chokri et Anthony Chen, qui remporta la Caméra d'or il y a plusieurs années pour un premier film de toute beauté, Ilo Ilo. Alex Lutz présentera son nouveau film en clôture.

Autres sélections

Dans le cadre des séances spéciales et autres projections inclassables, on trouve cette année du très lourd, que ce soit en matière de cinéma d'auteur (Scorsese, Mendonça Filho, Almodovar, Pedro Costa) ou de fun (le dernier Pixar en dernière séance du Festival, le nouveau Indiana Jones, le biopic sur l'Abbé Pierre). 

 

La Quinzaine des cinéastes

Julien Rejl renouvelle le casting de la Quinzaine d'une façon radicale pour sa première année, en affichant clairement sa volonté d'éviter les "poids lourds recalés de l'officielle". Cap sur l'aventure, donc. Pas beaucoup de grands noms, mais des inconnus et quelques réalisateurs renommés qui viennent avec des projets semble-t-il spécifiques (Cédric Kahn, Gondry). On notera aussi une forte présence de l'Asie et des USA. Sur le papier, et malgré le nouveau Hong Sang-Soo en clôture, c'est la sélection qui m'attire le moins.

Semaine de la critique

Cette année, la semaine m'a fait la gentillesse de m'accorder un Pass spécifique qui me facilitera l'entrée au Miramar. Ce sera pour moi l'occasion de découvrir une fort attirante sélection qui nous permettra de parcourir le monde, de la Malaisie au Brésil, en passant par la Serbie, la Belgique et la Jordanie. En hors compétition j'ai hâte de découvrir le deuxième film d'Erwan Le Duc et un film de genre qui s'annonce formidable (Vincent doit mourir, dans lequel tout le monde essaye de tuer Karim Leklou).

ACID

Dans la petite dernière des sélections cannoises, peu de noms connus, mais une fois n'est pas coutume, il faut noter la présence d'un film d'animation, Linda veut du poulet.

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Sur l'Adamant

Ours d'or au dernier festival de Berlin, le dernier film de Nicolas Philibert est un documentaire comme on les aime.

Nous suivons pour quelques jours des malades souffrant de problèmes mentaux se regrouper dans un centre de jour étonnant : l'Adamant, structure flottante amarré sur la Seine.

La caméra, comme toujours chez Philibert et la plupart des grands documentaristes, est discrète. Le réalisateur de "contente" souvent de la poser, et d'attendre que les personnages s'expriment, en gardant lui-même le silence. Il faut bien sûr une patience hors du commun et un grand talent pour l'écoute pour arriver finalement à capter ces moments précieux qui font la richesse du film.

L'intérêt que le spectateur éprouve en regardant ces témoignages tient bien sûr à la pertinence du montage et de la mise en scène, mais aussi à l'incroyable intensité avec laquelle les patients s'expriment devant la caméra : difficile de ne pas être ému et intrigué devant l'incroyable diversité des situations (et des pathologies) qui nous sont présentées. On se souvient très longtemps de tous les personnages du film, qui deviennent d'une certaine façon des parangons de l'espèce humaine.

On a hâte de retrouver une partie de ce petit monde dans deux autres films, puisque Philibert a annoncé que Sur l'Adamant était le premier d'une trilogie qui continuera d'explorer le milieu de la psychiatrie.

Une tranche d'humanité comme on en voit peu.

 

3e

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Charade

Pas facile d'évaluer ces films américains des années 60 qui n'ont finalement pas très bien vieillis formellement : décors surannés, photographie saturée, gimmicks datés, personnages stéréotypés.

Heureusement, Charade est sublimé par plusieurs éléments : le charme fou d'Audrey Hepburn (adorable quand elle drague lourdement Cary Grant), le scénario complètement loufoque de Peter Stone (Cary Grant change cinq fois d'identité) et une sorte de légèreté éthérée, complètement artificielle, mais qui parvient à séduire à force de rebondissements invraisemblables, menés tambour battant dans un Paris de carte postale. 

On regarde le film en étant complice de son parti-pris initial : je ne vous demande pas de croire en ce que je vous raconte, mais je vous prie de ne pas résister au plaisir qui viendra du seul jeu des acteurs. Le talent d'amuseur de Stanley Donen, qui fonctionne parfaitement dans le monde iréel de la comédie musicale (Chantons sous la pluie), trouve ici un terrain de jeu aussi fantaisiste, dans lequel il peut s'épanouir avec délice, tel un Hitchcock sous ecstasy.

Une comédie de masques, de dissimulations et de tromperies en tous genres.

Stanley Donen sur Christoblog : Voyage à deux - 1966 (**)

 

2e

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Voyages en Italie

Le nouveau film de Sophie Letourneur est tout d'abord intéressant. On prend plaisir à suivre les errements du couple Letourneur / Katerine, qui bat de l'aile et va chercher à restaurer quelque peu sa relation à travers un voyage.

Les contrariétés de la vie quotidienne font l'objet d'un tableau cocasse, à l'image de la bande-son d'une conversation dans la cuisine envahie par les bruits d'un enfant qu'on ne verra jamais à l'écran. 

De la même façon, les premiers jours en Sicile sont assez amusants à suivre : tout le monde se reconnaitra plus ou moins dans les vicissitudes du couple en balade, complètement inexpérimenté en matière de voyage, accumulant piteux renoncements et échecs en mode mineur. Le parcours est émaillé de dialogues parfois drôles (mais qui par ailleurs sont presque tous dans la bande annonce...) et qui parfois laissent assez joliment percevoir les débuts d'un rapprochement qui n'aboutira cependant pas.

Malheureusement, les attraits de Voyages en Italie se délitent progressivement. Le film se répète de plus en plus, cherche une nouvelle respiration et finit par s'essouffler dans une parenthèse méta qui n'a pas beaucoup de sens (le couple se remémore la fin de son voyage dans son lit). 

Dommage, il y avait mieux à faire avec cette idée de filmer au plus près un couple avec le moins d'apprêt possible.

 

2e

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Showing up

Que raconte Showing up ? A vrai dire, pas grand-chose.

Y voit-on la puissance créatrice d'une artiste ? Pas vraiment : son quotidien est scrupuleusement décrit, certes, mais sans que l'on puisse réellement faire de rapport entre son vécu (les petites contrariétés de la vie quotidienne, d'affreuses chaussettes qu'elle porte en toutes circonstances, un problème de chaudière, les minuscules blessures d'égo) et ce qu'elle crée.

Y mesure-t-on les affres de la vie d'artiste ? Non, simplement ceux du quotidien d'une quidam. D'ailleurs, si le personnage joué par Michelle Williams était professeur de technologie, cela ne changerait pas réellement la teneur du film. Si ce n'est qu'elle parviendrait probablement à prendre une douche.

Est-ce que la mise en scène est remarquable ? Pas du tout. Kelly Reichardt applique ici son habituelle façon de filmer : une manière neutre, blanche pourrait-on dire, qui ne semble viser qu'à s'effacer devant le peu qui est montré.

Comme presque toujours devant les films de cette réalisatrice (sauf First cow, et le dernier volet de Certain Women), je suis donc désarçonné devant l'enthousiasme critique avec lequel est accueilli Showing up. En quoi filmer l'insignifiant de façon insignifiante peut-il être intéressant ? C'est un mystère pour moi, que je ne renonce toutefois pas à percer puisque je vais consciencieusement voir tous les films de Kelly Reichardt.

J'avais initialement envie d'utiliser le terme d'épure pour parler de ce film, mais il faudrait ici inventer un autre terme, qui correspondrait à ce que l'on obtient quand on simplifie une épure, quand on la réduit à sa plus simple expression, quand on renonce à tout artifice (de photo, de mise en scène) qui viserait à faire surgir la beauté à l'écran : écran blanc peut-être ?

Pour les amateurs d'eau tiède et de paysages de rien.

Kelly Reichardt sur Christoblog : La dernière piste - 2011 (**) / Certaines femmes - 2016 (**) / First cow - 2020 (**)

 

1e

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Suzume

Quelle autre cinématographie que le monde des anime japonais possède aujourd'hui ce mélange d'imagination infinie et de maîtrise technique exceptionnelle ? Aucune. 

On retrouve en effet dans Suzume toutes les qualités qu'on aime chez les cinéastes d'animation de ce pays, de Miyazaki à Hosoda : un sens inné de la poésie, une capacité à ne pas se brider dans la recherche de l'émotion pure et une faculté incroyable à aborder les thématiques lourdes (le deuil, la mort) avec légèreté. Lorsqu'on y songe, ce sont ces qualités qui ont permis, il y a bien longtemps, à Disney de conquérir le monde (je pense à Bambi ou Dumbo par exemple).

Bien loin des marvelleries franchisées et insipides, Makoto Shinkai réussit ici à produire une oeuvre d'imagination pure, qui suscite une sorte d'émerveillement perpétuel par la conjonction d'une technique irréprochable (les paysages sont d'une beauté à couper le souffle) et d'une rigueur d'écriture qui atteint ici des sommets.

Les précédents films de Shinkai étaient déjà brillants, mais certains pouvaient leur reprocher leur caractère touffu, leur BO envahissantes et leur boursouflures narratives. Dans Suzume, le réalisateur à mis en oeuvre ses qualités habituelles, et a gommé les petits défauts : la narration, bien que complexe, est parfaitement lisible, le rythme est parfait et la BO est un mix réjouissant de plusieurs genres (du jazz à la pop japonaise en passant par la musique symphonique hollywoodienne).

Ajoutez à tout cela des personnages (en majorité féminins) admirablement dessinés, des idées de génie (à l'image de cette chaise à trois pieds devenant personnage principal) et vous obtenez ce que l'animation peut proposer de mieux aujourd'hui en salle. 

Un bain continu d'émotions fortes, à découvrir absolument.    

Makoto Shinkai sur Christoblog : Your name - 2016 (***)

 

4e

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Burning days

Découvert lors du dernier Festival de Cannes dans la section Un certain regard, ce film du turc Emin Alper est un honnête thriller socio-politique.

Durant la projection je n'ai pu m'empêché de penser souvent à deux auteurs majeurs : Nuri Bilge Ceylan pour le portrait d'un intellectuel perdu dans la Turquie profonde (Winter sleep, Il était une fois en Anatolie), et Andrei Zvyaguintsev pour la lutte d'un juste contre les forces obscures en milieu hostile (Leviathan).

Malheureusement, même s'il est plaisant à regarder, il manque quelque chose à Burning days pour égaler ces prestigieuses références : de la densité dans la narration, un scénario un peu plus complexe, des personnages plus ambigus, un rythme plus soutenu.

Il y a une naïveté dans le personnage d'Emre qui empêche selon moi le film d'être vraiment passionnant : le destin tragique de son enthousiasme crédule est trop ostensiblement suggéré dès le début du film. Les intrigues manquent de finesse et de nuances, et j'ai trouvé la toute fin ratée.

Restent toutefois quelques très jolies scènes qui montre le grand talent du réalisateur (le dîner, et surtout la formidable séquence de la chasse au sanglier, qui reste dans la mémoire). A découvrir si vous aimez le cinéma turc.

 

2e

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