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Christoblog

Take shelter

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/00/93/19856893.jpgTake shelter, deuxième film du jeune réalisateur sudiste Jeff Nichols, icône du genre southern gothic, arrive sur les écrans précédé d'une répétition avantageuse, initiée en festival, relayée par la presse et amplifiée par quelques critiques de blogueurs. Le film ne fait pas moins que la couverture du nouveau Positif (le premier en couleur), alors que les Cahiers du cinéma de janvier y consacrent de nombreuses pages.

L'acteur Michael Shannon campe un américain pauvre, en proie à l'apparition des symptômes d'une maladie mentale (schizophrénie, paranoïa ?) et confronté aux difficultés financières pour se soigner.

Shannon possède un visage très expressif en lui-même, une démarche hallucinée et une élocution comateuse qui collent parfaitement à son rôle. Sa performance est assez convaincante, même si on peut considérer que son physique le prédispose à des rôles de zarbis dont ils devient spécialiste (Bug, une apparition marquante qui constitue le meilleur moment des Noces rebelles). Jessica Chastain est encore meilleure à mon sens, dégageant un flux d'amour infini, dont bénéficient son mari et leur petite fille sourde. La mise en scène est d'une sobriété assez étonnante, champ / contrechamp très sages, cadres hyper-classiques, caméra posée. Tout cela est très bien fait, légèrement malsain mais pas trop, parfois même assez brillant. La promotion du film dévoile les principaux ressorts du scénario, par ailleurs il faut le dire assez squelettique, gâchant un peu l'effet de découverte à la vision.

Le film est plaisant à regarder, surtout dans sa première partie lors de laquelle les séquences oniriques sont assez impressionnantes, sans être tape-à-l'oeil. Il s'essoufle à mon sens dans la deuxième, basculant curieusement dans une rationalité qui fait tomber la pression, puis dans une charge sociale certes intéressante, mais qui paraît devoir être un tout autre film. Quant au dernier plan, je le trouve très décevant - assez caractéristique d'un réalisateur qui tient une bonne idée mais ne sait pas trop comment la conclure.

Take shelter est donc une oeuvre de qualité, qui débute plutôt bien 2012, mais qui me semble un peu relever du pitch intéressant bien servi par un réalisateur talentueux, plutôt que du chef d'oeuvre un peu trop vite annoncé. Le film à l'évidence interroge le mythe d'une certaine Amérique, reprenant des éléments de la figure tutélaire du Sud : Terrence Malick. Entendre un journaliste parler du film comme d'un Shining à ciel ouvert est assez typique de l'emballement médiatique qui semble aujourd'hui devenu une sorte de règle : Nichols, avec ses qualités (très belle façon de filmer les visages, sensibilité à la nature qui le rapproche de The tree of life), doit encore parcourir un long chemin pour approcher Kubrick.

A voir, y compris par les âmes sensibles, le film étant bien moins stressant que certains veulent bien le dire (ce sont les mêmes qui essayeront de vous faire peur dans l'escalier de la cave).

 

2e

Commenter cet article

H
Pour la dernière scène, comme pepito, je l'ai ressenti comme du bien réel. Après l'hypothèse du cauchemar doit marcher aussi, mais moins intéressante...
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C
<br /> <br /> Maintenant que vous en parlez, j'ai vraiment envie de la revoir, mais il me semble qu'elle est bien peu réaliste : un tsunami ? Plusieurs tempêtes en même temps ?<br /> <br /> <br /> <br />
H
Moi j'ai beaucoup aimé, l'ambiance du film est de qualité malgré des longueurs. La dénouement est réussi.
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C
<br /> <br /> Je n'ai pas compris le dénouement : que signifie-t-il ? Est-il fou ? Sa femme aussi ? A-t-il eu une prémonition ?<br /> <br /> <br /> Ceci dit, le film est intéressant, c'est sûr !<br /> <br /> <br /> <br />
P
Attends on peut dire la dernière scène ??? Sans fâcher tous tes fans...<br /> Pour moi, la dernière scène est super vraie, car c'est la gamine qui capte en premier, car il ne pleut pas, et car il n'y a aucun zombie bizarre, et car dès le début il pleut du sable...
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C
<br /> <br /> Il faudrait que je la revoie dis donc, parce que ce que tu dis m'a échappé...<br /> <br /> <br /> <br />
P
Je n'avais pas lu la presse avant de voir ce film, et j'ai beaucoup aimé ! La fin, notamment, qui répond à la toute première scène m'a fait plaisir !!!!
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C
<br /> <br /> Moi, je ne comprends toujours pas la dernière scène et ça ménerve : c'est une vision ou pas ?<br /> <br /> <br /> <br />
J
J'ai vraiment aimé ce film pour ma part. Je te rejoins sur l'idée du non "tape-à-l'œil" qui est pour moi une des plus belles qualités du film. La mise en scène est, c'est vrai, assez sobre mais<br /> dans le sens où elle ne joue jamais la surenchère (j'aime particulièrement par exemple comment un simple champ contre champ va s'arrêter pour devenir un plan séquence, c'est le cas lorsque Samantha<br /> découvre le chantier).<br /> Et je suis un très bon client du jusqu'au-boutisme paranoïaque - là est peut-être le lien avec 'Shining' mais je n'ai pas lu la presse à vrai dire - qui propose des séquences de point avec de<br /> vraies idées de cinéma. Et la fin, même si elle est déstabilisante, fait pour moi ouvrir ostensiblement le film vers un mystère dans lequel est en fait baigné tout le film ; et conclure son film<br /> devient comme l'aboutissement formel de ce que raconte le film, accepter que tout ne s'explique pas et que toutes les questions ne trouvent pas leur réponse. Et en ce sens il m'est arrivé de penser<br /> quelques fois à la philosophie de Malick également.
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