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Articles avec #alba rohrwacher

Heureux comme Lazarro

Le nouveau film de l'italienne Alice Rohrwacher commence comme son précédent (Les merveilles), que j'avais détesté. A savoir : une communauté retirée du monde, des personnages dont on ne comprend pas forcément tous les agissements et une image volontairement dégueulasse (des coins arrondis et des fils au bord de l'image, le film est tourné en super 16).

On suit donc avec un ennui poli plusieurs personnages, dont le jeune Lazarro, que rien ne distingue a priori des autres.

A la moitié du film, un évènement surprenant nous cloue sur notre fauteuil, et on suit alors la suite de cette histoire mystico-fantastique avec beaucoup plus d'intérêt. Le sentiment de plonger dans la réalité, après un début de film irréel, procure au spectateur une douce sensation d'exotisme à rebours. 

Malheureusement la fin d'Heureux comme Lazarro verse dans une accumulation bien lourde de poncifs en tout genre, avec des scènes finales franchement ridicules. Le film a reçu à Cannes le prix du scénario. C'est à moitié mérité : il y a une réelle originalité dans le développement de l'histoire, mais je sors du film avec le sentiment que cette originalité n'a été que partiellement exploitée.

Tous les acteurs sont remarquables.

 

2e

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Vierge sous serment

Curieux premier film de la réalisatrice italienne Laura Bispuri, Vierge sous serment s'attaque à un sujet délicat et exotique : ce qu'il advient des garçons manqués en Albanie.

Dit comme ça, évidemment, ça ne fait pas trop envie. D'autant plus que l'image est volontairement un peu baveuse, la lumière crépusculaire et le jeu des acteurs légèrement mutique.

Pourtant, le film vaut vraiment d'être vu. Le talent de la réalisatrice pour camper une ambiance en quelques plans est remarquable. Après une première demi-heure très intrigante et franchement intéressante par son caractère d'étrangeté et son refus de toute concession, Vierge sous serment trouve un rythme de croisière un peu plus plan-plan et peut-être un poil scolaire. Alba Rochwahrer y est excellente, comme souvent.

Les scènes tournées en Albanie, dans un décor d'une puissance extrême, et avec des acteurs et actrices du cru (comme les deux petites filles), confèrent un intérêt quasi documentaire au film.

Nulle doute qu'on reparlera dans l'avenir du cinéma de Laura Bispura, dont le style peut être comparé à celui de sa compatriote Alice Rohrwacher : Corpo celeste (**) / Les merveilles (*).

 

3e    

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Les merveilles

Si je faisais un concours des films qui m'ont le plus ennuyé, Les merveilles disposerait de sérieux atouts.

D'abord, je l'avoue, j'ai dormi durant sa projection à Cannes. Alors, allez-vous me dire, de quel droit puis-je juger le film ? Mais à l'inverse, le film ne m'a-t-il pas lui-même anesthésié, sachant que même à Cannes, je m'endors rarement ?

J'ai dormi. Mais pour mon excuse, on voit des gens dormir dans Les merveilles. On voit aussi des gens manger, et participer à une émission de télé. On voit aussi (il me semble) des abeilles et Monica Belluci en animatrice égyptienne. Mais je n'en suis pas certain, tant le projet d'ensemble m'a échappé.

Le grain de l'image est très moche. Je me souviens avoir pensé que je voyais les films super 8 d'une lointaine tante italienne un peu défoncée, en ne comprenant rien à ce que je voyais : des phares dans la nuit, un trampoline, des artisans charcutiers.

Il y avait peut-être un sens à toutes ces images projetées vers moi. Mais lequel, je ne sais pas trop : au milieu de ma torpeur n'a surnagé qu'un inénarrable ennui, baigné dans un océan d'incompréhension ensommeillée.

Bonne nuit.

  

1e

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La belle endormie

La belle endormie est construit autour d'un fait divers qui a divisé l'Italie : l'histoire d'Eluana Englaro, jeune fille plongée dans le coma depuis 17 ans, que son père a décidé de "débrancher", provoquant la colère du Vatican et moult débats, y compris au Parlement, tenté de légiférer en urgence.

Marco Bellocchio ne montre à aucun moment Eluana ou sa famille, mais construit une fiction ample et romanesque autour de plusieurs personnages en rapport avec cette affaire, mais sans liens entre eux : un sénateur, sa fille, un couple de frères dont un est bipolaire, un médecin, une droguée, une actrice dont la fille est également dans le coma (splendide Isabelle Huppert).

On suit avec intérêt l'évolution de tous ces personnages, qui en quelques jours traversent plusieurs états d'âme, et doivent faire face à des décisions fondamentales, de plusieurs types.

Même si les histoires sont d'intérêt très inégal, j'ai été franchement séduit par la mise en scène de Bellocchio (on pense parfois à l'Almodovar de Parle avec elle, évidemment), et par l'intensité qu'il réussit à donner à certaines scènes. Alba Rohrwacher m'a tapé une fois de plus dans l'oeil, son interprétation est à la fois fine et dense.

Le film est aussi clairement politique, et profondément critique envers l'influence de la religion catholique. Certaines scènes sont édifiantes, comme celle dans laquelle on voit les sénateurs suivre les débats de leur sauna, comme directement sortis de la Rome antique.

Bellocchio parvient à évoquer bien d'autres sujets que l'euthanasie, et réussit un film bancal, singulier, un peu trop éparpillé, mais finalement aimable.

 

2e

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Amore

Amore est une sorte de cauchemard pour le critique, en tout cas pour moi. Le film est tellement foisonnant en terme de références, de styles de mise en scène et de propos qu'on passe rapidement du plus grand énervement à une certaine émotion.

Un bon résumé pourrait être de dire que le réalisateur, Luca Guadagnino, a voulu livrer son Guépard : portrait d'une société en déliquescence à travers la chronique familiale d'une grande famille bourgeoise milanaise.

Les thématiques s'enchevêtrent donc sur le mode du "tout fout le camp" : le patriarche meurt, le fils vend l'affaire à des Indiens, la fille découvre son homosexualité, la mère tombe amoureuse façon Lady Chatterley, les pièces rapportées (la femme d'Edo) sont traitées avec une froide cruauté. Tout cela est montré à travers une mise en scène qu'on peut qualifier de pompeuse, voire pompière (ah, le plafond bleu de l'église, ou l'assiette d'écrevisses qui illumine le visage d'Emma), assemblage de très très gros plans, de quasi noir et blanc, de kaleidoscope, d'images floutées, de variation brusque de profondeur de champ, etc.

On passe tour à tour d'un repas filmé à la Desplechin, à une scène typiquement hitchcockienne (la musique de John Adams), en passant par du Pascale Ferran pur jus. Le dernier plan (à voir après un carton de générique de fin, attention) semble même sorti d'Oncle Boonmee.

On s'ennuie par moment, on s'interroge à d'autres et Tilda Swinton arrive à être à la fois énervante, touchante, parfois sublime.

Amore est tout entier tissé de paradoxes, c'est un grand film malade.


2e

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