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Christoblog

Articles avec #camera d'or

Divines

Qu'il est bon d'aimer et de défendre un film dont les nouveaux bien-pensants (Les Cahiers du Cinéma par exemple) diront qu'il se distingue par son mauvais goût ! 

En effet, le film de Houda Benyama ne brille pas, à l'image de sa réalisatrice, par son sens de la réserve et par la subtilité de son approche. Divines carbure à la gouaille de quartier, aux répliques qui claquent, aux sentiments faciles et à l'énergie brute.

Dans ce portrait d'une jeune fille qui est prête à tout pour réussir, y compris dans l'illégalité, il y a un peu de Scarface et beaucoup de Pagnol. Houda Benyama ose ce qu'on ose uniquement dans les premiers films (le film a obtenu la Caméra d'Or à Cannes cette année) : des astuces de mise en scène originales, des idées de cinéma frappantes (ce superbe décor dans les cintres), des contrastes de couleurs inhabituels. Bref, tout un attirail de coups divers et variés, destinés à l'évidence à frapper le spectateur au plexus. Dans mon cas, cela a marché, et je me suis viscéralement attaché aux jeunes Dounia et Mamounia.

Le scénario est assez malin, mélangeant les genres habilement, de la comédie au drame, en passant par le simili-documentaire, le film de genre et la comédie romantique. Plutôt que de se demander ce qu'on regarde exactement, il faut se laisser emporter par cette brindille de Dounia, femme en bourgeon et enfant effrontée, magnifiquement interprétée par l'incroyable Oulaya Amamra.

Une petite bombe émotionnelle à qui on peut prédire un beau succès en salle. Je le recommande chaudement.

 

4e 

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La terre et l'ombre

Les tout premiers plans de La terre et l'ombre donnent le ton : le film va être une splendeur visuelle. 

Et effectivement, il l'est. Des noirs envoutants, des cadrages parfaits, des contrastes éblouissants, des travellings ensorcelants, des plans d'anthologie, une bande son captivante : le film est d'abord un enchantement des sens. On se souviendra longtemps de ces pluies de cendres ou de ce rideau flottant dans le vent.

Au-delà de sa perfection plastique, le film de César Acevedo est une formidable histoire mélodramatique. Un homme revient dans sa ferme natale, parce que son fils souffre d'une terrible maladie du poumon. Pourquoi est-il parti ? Pourquoi sa femme ne l'a-t-elle pas suivi ? Le film répond à ces questions en dressant au passage un tableau documentaire de la culture de la canne à sucre très intéressant.

Les conditions de travail très dures des ouvriers sont admirablement dénoncées, sans que cela ne soit jamais lourdement accusateur. Ce que montre le film suffit à susciter l'effroi.

Légitime Caméro d'or du dernier Festival de Cannes, La terre et l'ombre prouve à la planète cinéphile que le cinéma colombien est l'un des plus florissants d'Amérique Latine.

A voir absolument.

 

4e   

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Party Girl

Caméra d'Or au dernier Festival de Cannes, Party girl propose une déflagration d'émotions. 

Avec un parti-pris qui paraît naturaliste, mais ne l'est pas tant que ça tant la mise en scène est présente, le film se love autour du personnage clé d'Angélique pour produire des scènes d'anthologie à fort pouvoir lacrymal : la déclaration d'amour, l'écriture de la lettre, les retrouvailles avec la fille, le mariage, la nuit de noces. Entre ces scènes très travaillées, la caméra semble errer légèrement de scènes fugaces en gros plans volés. Le tout est assez roublard.

Ceux qui ne verseront pas au moins une larme prouveront donc lors de ce film qu'ils ont un coeur de pierre. Les autres (dont je fais partie) se délecteront des mille détails qui rendent le film attachant.

Party girl est un film de l'entre-deux : on ne sait pas trop s'il faut rire ou pleurer, l'action se situe alternativement d'un côté de la frontière et de l'autre, on y passe allègrement de l'allemand au français, Angélique elle-même ne sait pas trop si elle veut s'amuser ou se caser, le film est une fiction tourné avec des personnes qui jouent leur propre rôle, etc. 

A la fois flottant et dense, le film pourra sembler trop à certains et pas assez à d'autres. Pour ma part, il m'a intrigué (comment parvenir à une telle unité stylistique avec trois réalisateurs ?) et parfois bouleversé. A vous de voir.

 

3e

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Ilo Ilo

Cette année, Ilo Ilo a remporté à Cannes la Caméra d'Or, qui récompense le meilleur premier film, toutes sections confondues. Et c'est mérité.

Nous sommes à Singapour, contrée rarement montrée au cinéma, et qui fournit peu de réalisateurs de renom à ma connaissance (il ne me vient à l'esprit que le nom d'Eric Khoo).

L'histoire que raconte le film est toute simple : une domestique de nationalité philippine est embauchée par une famille middle class pour s'occuper du ménage et de la gestion d'un garçon un peu difficile. Un amour profond naît entre le petit garçon et sa nounou, alors qu'une crise financière sans précédent frappe le pays (nous sommes en 1997).

Sans être exceptionnel, Ilo Ilo se révèle être parfaitement conçu et réalisé. J'ai été véritablement ému par la performance des différents acteurs dont le jeu est admirable. Le petit garçon est une boule d'énergie taiseuse. La bonne philippine iradie véritablement l'écran de sa présence patiente et déterminée, alors que la mère campe une madame tout le monde que le démon de la dureté et de la méchanceté gratuite n'épargne pas. La mise en scène est brillante, à la fois discrète et très intense, servie par une photographie lumineuse.

Le film dégage une impression de réalisme qu'on croise de moins en moins souvent au cinéma. Vous pourrez noter par exemple qu'au tout début du film la maîtresse de maison demande à Teresa de choisir la couleur de sa tasse, qui sera bleue (cette scène est d'ailleurs l'occasion d'une première humiliation). Tout le long du film vous verrez que Tereza utilise ce mug, et que dans certaines scènes tournées dans la cuisine, on voit la tasse à l'arrrière plan.

Le film est comme ça : d'une véracité extrême, dans les décors comme dans les sentiments. Au Festival Paris Cinéma, Anthony Chen a révélé le sens du titre. Il a été lui-même élevé par une nounou philippine qui s'appelait Terry comme dans le film, et qui était originaire d'une petite île qui s'appelait Ilo Ilo. Il raconte qu'un groupe s'est constitué aux Philippines pour la retrouver, mais qu'il n'est pas sûr d'avoir envie de la retrouver...

Un réalisateur dont je parierais qu'on le retrouvera un jour en sélection dans un grand festival.

 

3e

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Les acacias

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/25/34/19830842.jpgLes acacias est un bon exemple de film-programme, c'est à dire qu'il est tout entier contenu dans son pitch : un homme conduit une femme et son bébé d'Asuncion à Buenos Aires, dans son camion chargé d'acacias, et une relation amoureuse va naître entre eux.

Le long des 1500 kilomètres de route, le réalisateur doit donc calculer précisément la progression des sentiments à mesure des kilomètres, en alternant mécaniquement les scènes à l'intérieur du camion (champ / contrechamp obligatoire) et quelques arrêts, durant lesquels peu de choses se passeront (une douche, une jalousie naissante, une visite à une soeur au milieu de nulle part).

Toute la valeur du film réside dans la délicatesse avec laquelle Pablo Giorgelli caresse le visage de ses trois protagonistes, et dans le classicisme lumineux de sa photographie.

Le film, Caméra d'or à Cannes, échappe à la catégorie "film du sud, pauvre mais digne", pour accéder à celle de "film du sud, pas très riche et plutôt bien fait", mais sans atteindre celle de "film dont on oublie qu'il est du sud" (dont des exemples récents et sud-américains seraient le péruvien Fausta et le méxicain Année bissextile).

Pas honteux, pas indispensable, Les acacias me fait penser au titre d'un autre road movie argentin : Historias minimas.

Le cinéma argentin sur Christobog, c'est aussi : Carancho / Medianeras

 

2e

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