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Christoblog

Articles avec #denis lavant

La nuit a dévoré le monde

La nuit a dévoré le monde est un pur exercice de style.

Il est du coup difficile de porter un regard tout à fait neutre et objectif sur cet objet cinématographique sorti de nulle part : trop chiant pour être un film de zombie terrifiant, trop neutre pour être un moment de cinéma existentiel (je pense à ce que Skolimowski aurait pu faire de cette histoire).

Si je ne me suis pas vraiment ennuyé (ma curiosité intrinsèque de cinéphile me poussait à guetter comment le réalisateur pouvait se sortir de situations impossibles), il ne me viendrait pas à l'idée de conseiller le film au commun des spectateurs : il ne s'agit finalement que de regarder un mec survivre.

Tout cela ne vaut finalement, un peu, que par l'ambiance de Paris désert bien restituée, et malgré les prestations caricaturales de Golshifteh Farahani et Denis Lavant.

Il faudra donc attendre le prochain film de Dominique Rocher, et un scénario plus consistant, pour mieux apprécier ses capacités.

 

2e

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21 nuits avec Pattie

L'intérêt du nouveau film des frères Larrieu est double : la prestation des acteurs est somptueuse et le scénario est ébouriffant.

Commençons par les acteurs. Karin Viard est tout simplement bluffante, en nymphomane décomplexée narrant avec bonhomie ses aventures sexuelles en tout genre. Elle souffle sur tout le début du film comme les vents d'Espagne qui ne sont pas capable d'assécher l'humidité de ses parties intimes.

Isabelle Carré est son exact contraire en tout : réservée, timorée sexuellement (impuissante dit-elle joliment), poitrine menue contre attributs mammaires impressionnants. André Dussollier vieillit à merveille, jouant avec un brio délicieux le vieux beau. 

Les seconds rôles sont à un niveau rarement atteint dans le cinéma français : Denis Lavant qui donne l'impression de brûler la pellicule à chaque apparition, Laurent Poitrenaux excellent en gendarme perspicace et Sergi Lopez très convaincant en mari soucieux.

Deuxième point fort du film, le scénario nous entraîne dans un labyrinthe qui mélange habilement la logique la plus cartésienne et le surnaturel. Il parvient à le faire, il est vrai parfois de justesse, par le biais des fantasmes et des désirs. Comme toujours chez les Larrieu, le désir sexuel tient donc une place importante : il apparaît ici clairement comme le vecteur de réalisation personnelle, quelque soit son objet, et à condition qu'il soit bien détaché de ce vieux concept rétrograde qu'est l'amour.

Un festival d'acteur et un jeu intellectuel stimulant, pour un bon moment de cinéma.

Les frères Larrieu sur Christoblog : Les derniers jours du monde (****) / L'amour est un crime parfait (**)

 

3e

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Michael Kohlhaas

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/246/21024605_20130805164847021.jpgJ'aurais furieusement aimé aimer ce film, ne serait-ce que pour inviter tous mes lecteurs à y contempler de superbes paysages cévenols.

Malheureusement, il me faut avouer que le décor seul tient ses promesses, et j'y inclus le visage de Mads Mikkelsen, incroyable de minéralité.

Le scénario, illustrant une nouvelle de Kleist, aurait pu être intéressant, et en résonance avec son époque : un commerçant se révolte contre une injustice, lève une armée, puis s'en remet finalement à la justice. Le problème est que cette bonne matière bute constamment contre le parti-pris du cinéaste, Arnaud des Pallières, qui semble être de tuer toute émotion dans l'oeuf et de ralentir délibérément le rythme du film. On dirait par exemple que les acteurs se sont vu imposer un temps de silence après chaque réplique. Leur jeu est donc hiératique et désincarné.

Le film se distingue par des aspects techniques excellents (belle image, bande-son remarquable, scènes d'extérieur très bien filmées) et un mode de narration qui commence à être exotique et intriguant, avant de devenir fasitdieux et ennuyeux. Il lui manque l'étincelle qui nous emporterait (à l'image de ce dernier plan, beaucoup trop attendu). Parmi les autres défauts du film, j'ai également noté que le contexte historico-religieux du film aurait pu être développé, et que le personnage de Denis Lavant aurait pu être rendu plus compréhensible.

Une oeuvre d'esthète.

 

2e

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Holy motors

Probablement vaut-il mieux ne rien savoir d'Holy motors avant de le voir.

Je vais donc résister à la tentation de vous décrire brièvement de quoi il est question (ce qui aurait constitué de toute façon une gageure) pour vous parler des émotions que le film peut susciter.

Pour commencer, le film offre un fil conducteur complètement fou, mais montré comme s'il s'agissait d'un documentaire très réaliste. Un peu comme si vous appreniez que Dieu existait, et qu'un réalisateur vous montre son travail au quotidien, ses petits succès, ses corvées, ses rendez-vous. Ce contraste saisissant entre le rêve et la contingence, l'illusion et la routine, génère une auréole de merveilleux naturaliste qui illumine le film.

Holy motors propose également un chapelet de scènes inoubliables. Dans le domaine de la perfection visuelle, vous verrez des animaux électroniques s'accoupler dans un plan d'une beauté sidérante. Phénomène inhabituel chez Carax, vous rirez à la vue du personnage Merde dévorant deux doigts d'une attachée de presse qui aime mimer les guillements avec l'index et le majeur de chaque main. Intrigué, vous verrez un homme en tuer un autre, et réciproquement. L'imagination de Carax est une merveilleuse fête foraine qui vous offrira aussi un homme qui meurt, un joueur d'accordéon déchaîné, un sexe en érection, Kylie Minogue qui pousse la chansonnette, Eva Mendes recouvert d'une burka et des conversations entre limousines.

Le film est enfin admirablement servi par un Denis Lavant plus que jamais double de Carax à l'écran, et par une merveilleuse Edith Scob. Il fourmille de référence au cinéma de Carax lui-même et à d'autres cinéastes, Franju en particulier (Edith Scob fut l'héroïne de son film Les yeux sans visage).

Holy motors est une rêverie poétique d'une sensibilité extrême, une oeuvre fluide d'une maîtrise totale et sans conteste le film qui aurait mérité la Palme d'Or 2012.

 

4e 

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