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Christoblog

Articles avec #jordanie

Inchallah un fils

Très belle découverte de la Semaine de la Critique 2024, ce premier film jordanien est absolument captivant.

Inchallah un fils est bâti sur le même modèle que le meilleur du cinéma iranien : un scénario aux petits oignons qui évite tous les pièges, une mise en scène à la fois élégante et discrète, et une interprétation excellente de tous les acteurs et actrices (y compris, et peut-être surtout les rôles secondaires). Ce formidable suspense psychologique respire l'intelligence à tous les niveaux.

Le magnifique personnage principal, joué par l'actrice palestinienne Mouna Hawa, nous captive du premier plan au tout dernier. Nawal devient le temps de deux petites heures notre amie, et même peut-être notre soeur (on a tellement envie de remplacer sa chiffe molle de frère !). On l'admire, on s'inquiète pour elle, elle nous énerve parfois, on a envie de la conseiller : c'est un vrai et beau personnage de femme, comme le cinéma en propose rarement.

Evidemment, le réalisateur Amjad Al Rasheed ne se contente pas de nous offrir un drame familial subtil et délicat, il dresse aussi un tableau tout en nuance de la société jordanienne contemporaine, dont on ne parle finalement jamais en Europe. C'est donc aussi un des mérites du film de nous faire découvrir cette société assez ouverte, dans laquelle la population pratique un islam tolérant qui n'a pas d'équivalent dans la région - même si la condition de la femme n'y est pas, comme le film le montre, satisfaisante.

C'est vraiment le film sympa et efficace à ne pas rater en ce début d'année, il n'y en aura plus beaucoup d'aussi bon avant Cannes.

 

4e

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3000 nuits

Rares sont les films en provenance de Palestine. Il faut d'autant plus prêter attention à 3000 nuits, de la réalisatrice Mai Masri. 

Nous sommes dans les années 80, dans une prison isarélienne. Layal, une jeune femme palestienne se fait incarcérer pour 8 ans, suite à un attentat qu'elle n'a pas commis. Elle est enceinte et décide de garder l'enfant.

Le film décrit la lente évolution du personnage, ses dilemmes moraux (collaborer pour garder son enfant en prison ?) et les tensions entre prisonnières politiques palestiniennes et prisonnières de droit commun israéliennes. 

Le film vaut principalement par sa description du milieu carcéral israélien et des modalités de résistance mises en place par les prisonnières palestiniennes. Il faut avoir en tête que 700 000 Palestiniens sont passé par les geôles israéliennes, soit une personne sur trois. La prison, c'est donc le quotidien.

L'actrice Maisa Abd Elhadi prête ses traits lumineux au beau personnage de Layal : on a hâte de la revoir en mars prochain dans Personal affairs, de Maha Haj, qui était présenté en 2016 à Cannes (Un certain regard).

Le gros défaut du film, c'est de négliger parfois un peu maladroitement la profondeur narrative au profit d'un aspect trop clairement militant. La mise en scène est parfois lourde même si le montage est efficace. 

La Palestine sur Christoblog c'est aussi : Amerrika (**) et Omar (***)

 

2e

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Theeb - l'enfance d'un chef

Mon boulot de blogueur, c'est aussi de vous parler des films que (presque) personne ne va voir et qui mérite pourtant l'attention des cinéphiles.

Dans cet esprit, si vous êtes à la fois curieux des cinémas du Sud et amoureux des beaux films, il ne faut surtout pas manquer ce film jordanien.

Tourné dans les décors somptueux du Wadi Rum, Theeb se déroule lors de la première guerre mondiale : deux points commun avec Lawrence d'Arabie. Mais ici on ne suit pas la destinée d'un célèbre anglais, mais la trajectoire d'un jeune garçon du cru qui va être pris dans un engrenage de violence impitoyable. 

Outre le portrait captivant de la société bédouine, le film de Naji Abu Nowar réussit le tour de force d'une narration à la fois dépouillée et extrêmement prenante, quelque part entre Akira Kurosawa et le John Ford de La prisonnière du désert. C'est à la fois beau et passionnant : pas étonnant que le film soit couvert d'éloges (il a été récompensé à Venise et représente la Jordanie aux Oscars).

Je le conseille très vivement aux amateurs de dépaysement, de déserts, de western, de bons films et de regards d'enfants.

 

3e

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