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Christoblog

Articles avec #nadia tereszkiewicz

L'île rouge

Il y a beaucoup de films dans L'île rouge, qui me plaisent plus ou moins.

Le premier, et le plus important, est la vision par un enfant de sept ans de la vie familiale dans une base militaire française de Madagascar. Ce film-là est plutôt réussi. Les états d'âme des adultes, l'intrication de l'imaginaire et du réel, les subtils décalages liés à la sensibilité de l'enfant (que ses frères et son père traite ostensiblement de gonzesse) : tout cela est bien rendu par Campillo, qui règle ainsi quelques comptes avec son enfance.

Mais il y a dans L'île rouge beaucoup d'autres films, qui me plaisent moins et qui ne s'allient pas très bien avec le propos principal. En vrac : des aventures de Fantômette mises en image d'une façon assez laide, des incises sensorielles comme dans 120 battements par minute (le gravier, les paysages, l'oeil de crocodile), et enfin une parenthèse politique en fin de film qui ne semble pas connectée avec la première partie, ni par la forme, ni par le ton.

La mayonnaise n'a pas pris dans mon esprit et après avoir été agréablement surpris par le début du film, j'en suis progressivement sorti. Le jeu des acteurs, un peu artificiel à mon goût, et l'absence d'interaction avec la vie de la base militaire ont également contribué à me laissé en dehors du projet proposé.

Une déception.

Robin Campillo sur Christoblog : Eastern boys - 2013 (**) / 120 battements par minute - 2017 (**)

 

2e

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Mon crime

Ce dernier opus de François Ozon est une sucrerie acidulée et colorée.

Une pièce de théâtre oubliée et un peu ringarde des années 30 est ici le véhicule d'un propos délibérément dans l'air du temps, important sur le fond (les femmes actrices de leur accomplissement, contre les hommes en majorité malfaisants) et léger sur la forme (les personnages sont réduits à des silhouettes, les jeux de mots approximatifs pleuvent à volonté, le film est émaillé de citations cocasses).

Il ne faut donc chercher ici ni profondeur psychologique, ni mise en scène ébouriffante, ni écriture élaborée : nous sommes dans un monde de carton-pâte dans lequel chaque acteur/trice fait son petit numéro, par ailleurs convaincant dans l'ensemble, dans un registre qui relève plus du théâtre de boulevard que du film d'auteur. Les artifices de mise en scène (les inserts en noir et blanc, les coupures de journaux du générique de fin) relèvent clairement du burlesque.

L'ambiance est donc à l'amusement, et la dose de poison et de mauvais esprit qu'Ozon aime instiller habituellement dans ses films est ici très, très légère. J'avais pour ma part préféré Potiche, dans le genre "numéro d'acteur + guimauve + comédie noire".

Mon crime est un divertissement honorable devant lequel il est légitime de sourire, et qui a également le mérite de mettre sur le devant de la scène deux grandes actrices, Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz (un couple à la Audrey Hepburn / Marylin Monroe), qu'on n'a pas fini de voir sur les écrans.

François Ozon sur Christoblog : 8 femmes - 2001 (**) / Swimming pool - 2003 (**) / Angel - 2007 (*) / Potiche - 2010 (***) / Dans la maison - 2012 (**) /  Jeune et jolie - 2013 (*) / Une nouvelle amie - 2014 (***) /  Frantz - 2016 (***/ L'amant double - 2017 (**) / Grâce à Dieu - 2019 (****) / Eté 85 - 2020 (**) / Tout s'est bien passé - 2021 (**)

 

2e

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Les Amandiers

On voit rarement un film qui présente autant de qualités.

Du point de vue de la narration, le récit est captivant, parvenant à maintenir en permanence un équilibre parfait entre dynamique de groupe et portraits individuels.

On est en attente perpétuelle de ce qui va se passer dans le plan suivant : quel acteur va performer, quel couple va se former, que va-t-il arriver à tel ou tel personnage, quelle est la nature exacte de la relation entre Stella et Etienne ?

Pour ce qui est du fonctionnement du binôme Patrice Chéreau / Pierre Romans, le film est aussi très intéressant, dessinant un tableau qui évite soigneusement d'être trop respectueux. Louis Garrel campe un Chéreau qui peut être parfois extrêmement violent et humiliant vis à vis de ces élèves, un homme dont on peut contester les méthodes tout en reconnaissant le génie.

Tout cela ferait déjà un excellent film, mais Les amandiers est de plus sublimé par l'acuité du tableau qu'il dresse d'une époque : les années 80. Valeria Bruni-Tedeschi parvient non seulement à restituer à la perfection les menus détails (cabines téléphoniques, musiques, vêtements, l'actualité) mais elle donne aussi à sentir viscéralement l'élan vital caractéristique de cette décennie, (sexe, drogues, risques) qui se heurte de plein fouet au SIDA.

Le casting est épatant, la formidable Nadia Tereszkiewicz (que j'avais découvert dans Seules les bêtes) en tête. Elle irradie le film de son talent et de sa sensualité terrienne, en alter ego de la réalisatrice.

Un film merveilleux, captivant et émouvant, qui m'a rappelé ce qu'il y avait de meilleur chez Cassavetes. Peut-être aussi le plus beau jamais réalisé sur le métier d'acteur. 

Valeria Bruni-Tedeschi sur Christoblog : Un château en Italie - 2013 (**)

 

4e

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Seules les bêtes

Dominik Moll, cinéaste trop rare, nous offre ici un thriller d'une redoutable efficacité, bâti sur une utilisation simple mais efficace de l'effet Rashomon : les mêmes scènes sont vues plusieurs fois sous des angles différents, offrant à chaque fois un complément d'information sur l'intrigue.

On progresse ainsi dans les arcanes d'une histoire tortueuse, marquée par d'incroyables coïncidences, mais qui présente l'immense intérêt de décrire avec une grande acuité deux milieux très différents et rarement montrés au cinéma : les étendues désolées du causse Méjean et le monde des brouteurs d'Abidjan (si vous ne savez pas ce que c'est, alors allez voir le film).

La sensibilité de la mise en scène, la densité du jeu des acteurs (tous incroyablement bons), la qualité du scénario font de Seules les bêtes un divertissement de haute tenue.

Je le conseille.

 

3e

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