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Christoblog

Articles avec #rachel weisz

La favorite

Comme souvent chez Lanthimos, je suis partagé entre l'admiration et l'agacement.

Côté admiration, il faut reconnaître l'inventivité de la mise en scène, l'élan général du projet artistique, la manière amusante de revisiter le film en costume et l'interprétation magistrale des actrices.

Olivia Coleman, que j'ai adoré dans la série Broadchurch et dans le film Tyrannosaur, trouve ici probablement le meilleur rôle de sa carrière. Elle est tour à tour intrigante, touchante, énervante. Le personnage qu'elle campe est l'épine dorsale du film, sa substantifique moelle et son véritable coeur. La tristesse générée par la perte de ses dix-sept enfants permet au personnage d'Anne d'acquérir une épaisseur émotionnelle que Lanthimos n'avait pour l'instant jamais atteint.

Côté agacement, la virtuosité un peu vaine, le capharnaüm des focales et des cadrages qui à mon sens ne parvient pas à donner au film une esthétique cohérente, un récit trop prévisible dans sa dernière partie et quelques longueurs.

Le résultat final est toutefois assez plaisant à regarder même si la stimulation intellectuelle intense que généraient les scénarios des précédents films de Lanthimos est ici en grande partie absente.

 

3e

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The lobster

On éprouve une jouissance intellectuelle immense à la vision de The lobster, dont l'argument de départ peut être résumé ainsi : "Tout célibataire est sommé de trouver une âme soeur en 45 jours, sous peine de se trouver transformé en animal de son choix".

Yorgos Lanthimos nous captive par un tour de passe-passe d'une habileté extrême. Il parvient, à partir d'une situation absurde, à tirer tous les développements logiques - et émotionnels - du postulat de départ.

Et non seulement il étire sa pelote de laine initiale, mais en plus il se permet de sortir brutalement du cadre au milieu du film pour nous projeter dans une autre logique, tout aussi absurde que la première, mais qui nous semble sur le moment absolument raisonnable.

La mise en scène est sobre, intelligente. La direction artistique (décors, musique, photo, accessoires) est parfaite. Les détails parsemés tout au long du film, par exemple les animaux en liberté, donne un vernis de réalisme poétique charmant à l'intrigue. La fable qui pourrait paraître grinçante et cruelle au début prend petit à petit par ce biais une véritable épaisseur psychologique qui culmine dans une dernière scène de toute beauté.

Un film admirable, dont le vrai sujet est le caractère inconséquent de l'amour : vous devez le trouver à tout prix, il vous échappe, vous devez l'éviter absolument, il vous envahit.

 

4e

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Youth

Il faut aujourd'hui un certain aplomb pour défendre Sorrentino.

Il faut en tout cas résister à l'influence du triumvirat de la bien-pensance cinéphilique tendance soporifique thaïlandaise : Libération, Les Inrocks, Les Cahiers. Pour ces gens-là, Sorrentino est définitivement classé avec une véhémence haineuse comme un réalisateur pompier (lire ma Lettre ouverte aux Cahiers), alors que Gomes et Weerasethakul, pour ne citer qu'eux, sont géniaux avant même d'avoir levé leur caméra.

Pour le spectateur vierge de tout a priori que je suis, la vision d'un film de Sorrentino génère deux émotions opposées : le plaisir que procurent les trouvailles baroques d'un réalisateur surdoué, et l'ennui qui découle de voir ces trouvailles juxtaposées sans constituer un ensemble cohérent et profond.

Dans La Grande Belleza, le plaisir était largement supérieur à l'ennui, parce que le sujet se prêtait admirablement à la démesure triste de la mise en scène.

Ici, et même si le film abordent les mêmes sujets que le précédent (la vieillesse, la sublimation par l'art, la déchéance physique), ce n'est pas tout à fait le cas.

Si la photo est toujours admirable, les images incroyablement bien composées, le plaisir est un peu gâché par une impression d'épate à tout prix (la scène d'ouverture, le clip de la pop star, le concert de la fin). La retenue de Michael Caine (excellent) et de Harvey Keitel fait pourtant mouche au début du film. Associée à le netteté suisse, cette sourdine inhabituelle donne une tonalité nouvelle au cinéma de Sorrentino : on navigue dans une sorte d'humour british, et les répliques spirituelles fusent.

Malheureusement, l'équilibre précaire du film se délite dans son dernier tiers (le pitoyable concert de fin, atrocement filmé, la lévitation du bonze, ridicule).

Je rêve d'un jour où Sorrentino débarassera son cinéma de toutes ses scories (Hitler ! Maradona ! Miss Monde qui pense ?!) pour exprimer pleinement ses incroyables qualités de plasticiens et d'amuseur.

Paolo Sorrentino sur Christoblog : This must be the place (***) / La grande belleza (***)

 

2e

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