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Articles avec #valerie lemercier

Aline

Je ne me suis jamais intéressé à Céline Dion, ce qui est peut-être un tort. Je suis donc arrivé complètement vierge, et à vrai dire assez dubitatif, devant le film de Valérie Lemercier. 

Une des qualités d'Aline, c'est de commencer par un savoureux tableau de famille québécoise. Cette première partie est jouissive et extrêmement drôle. Elle met le spectateur dans d'excellentes dispositions, même s'il est circonspect, comme je l'étais.

Lorsque le talent de la petite fille commence à vraiment se manifester, le film prend un tour plus classique, commun à tous les biopics musicaux récents : premiers exploits, détection par un mentor, bifurcations hasardeuses, puis explosion progressive et son cortège d'interrogations et de risques. 

La particularité d'Aline, c'est qu'il n'est pas question ici d'addictions ou de déviances diverses, mais d'un autre type de problème : le curieux isolement dans lequel Aline se cloître plus ou moins volontairement. La description des relations entre Aline / Céline et Guy-Claude / René est aussi très belle, et pour tout dire émouvante.

Le film se concentre sur la personnalité et les relations de Céline Dion. Il ne s'intéresse que de très loin à son art et pas du tout au processus créatif qui aboutit aux fabuleux spectacles qui la rendront célèbre : autant le savoir avant d'entrer dans la salle si on est fan.

La performance de Valérie Lemercier est confondante. L'utilisation du deep fake pour plaquer son visage sur un corps d'enfant est bluffante. Tout le casting est formidable et la prestation de la doublure voix, Victoria Sio, est remarquable.

Je vous conseille ce bon film, à regarder au premier degré, qui vous intéressera, vous fera rire, et vous émouvra à coup sûr.


3e

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Main dans la main

Par quelle magie un film fonctionne-t-il, ou pas ?

C'est la question qu'on peut se poser à la vision du nouveau film de Valérie Donzelli, qui fait suite au grand succès de La guerre est déclarée.

Les ingrédients sont en effet approximativement les mêmes dans les deux films : mêmes acteurs (Jérémie Elkaim), même équipe réduite, même utilisation pointue de la musique dans la bande-son avec intervention de Peter von Poehl, même saillies burlesques, même variations techniques osées (ici des images au très gros grains). Mêmes ingrédients, mais un tour de main qui s'est perdu en chemin.

Comme lorsqu'une mayonnaise ne prend pas, on espère quand même, contre toute logique, que le film va pouvoir se rattraper en cours de route, mais cela ne se produit pas vraiment.

Le début était pourtant assez sympathique, avec une fantaisie irréelle bien posée au départ (deux personnes de milieux très diffférents se retrouvent à faire exactement les mêmes gestes, sans pouvoir s'en empêcher). Quelques visions amusantes viennent pimenter agréablement les premières minutes (scène de la danse de salon). Mais dès que l'action se concentre à Paris, le film perd en nervosité et gagne en sensiblerie. Il se perd dans des digressions, et ennuie franchement. Sur la fin, quelques scènes mémorables (le deuxième ministre, la crémation) retrouvent la verve du commencement, avant que l'épisode new-yorkais n'entraîne le film dans des profondeurs de médiocrité.

Lors de l'avant-première ce soir à Nantes, l'accueil de la salle (pleine à craquer) a été plutôt froid et ne laisse pas augurer une belle carrière pour le film. Valérie Donzelli a vaillamment défendu son film, alors qu'Elkaim à son habitude a joué son cabotin. Décevant.

 

2e

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Adieu Berthe

Il est difficile de dire beaucoup de mal (ou de bien) du dernier film de Bruno Podalydès, tellement Adieu Berthe se situe en-dehors de son époque.

Sur les films de Mouret pas exemple, on peut gloser pratiquement à l'infini, rien qu'en évoquant la filiation rohmerienne passée à la moulinette contemporaine, et en particulier sexuellement triviale.

Ici, le film est résolument situé hors du temps. Les lieux paraissent choisis pour leur non-singularité, leur aspect étonnamment sans âge. Le lotissement dans lequel est situé la pharmacie est ainsi ni moche ni beau, ni pauvre ni riche, ni ancien ni récent. La nature est totalement quelconque, et rien ne rend les pelouses ou l'étang de la maison de retraite remarquables. Dans ces décors anodins Bruno Podalydès place des personnages quelconques : il joue lui-même un croque-mort confident au physique transparent, alors que son frère traîne une apparence assez peu à son avantage, cheveux en désordre et costard frippé, englué dans le piège de l'indécision.

Le film brille dans sa première partie, mettant en place des dispositifs assez amusants (le concept de rupture douce, l'accueil extraordinaire des Pompes Funèbres Définitif) bien servis pas des répliques légèrement décalées. Le personnage d'Armand, un peu lunaire, partagé entre deux amours (excellentes Valérie Lemercier et Isabelle Candelier), y déambule sur une trotinette électrique, glissant sans bruit et avec une certaine classe, comme le film.

Ces bonnes idées épuisées, Adieu Berthe revient sur un terrain beaucoup plus formaté (à partir de la nuit passée dans la maison de retraite), plus tourné vers le sentimentalisme, et même la mièvrerie.

C'est dommage, l'aspect bricoleur et gentiment déglingué du film, dressé contre une certaine suffisance du cinéma d'auteur français (Obsécool vs Définitif), était une veine à creuser, dans un style qui aurait pu être gondriesque, à l'image de cette tirade surréaliste sur l'inactivité des volcans depuis la mort de Haroun Taziouf (sic), de l'apparition de Noémie Lvovsky en pleureuse anonyme ou des funérailles elles-mêmes, burlesques et futuristes.

On préférera retenir de ces sentiments contradictoires l'impression que le tandem fraternel et décalé de Versailles rive gauche revient plutôt en forme.

 

2e

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