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Christoblog

Hunger games

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/51/91/19851874.jpgPffff, je ne sais pas trop ce qui m'a pris d'aller voir ce film. Peut-être l'envie de revoir la magnifique actrice de Winter's Bone, Jennifer Lawrence ? Ou une sombre attirance pour le type de jeu morbide dans lequel on regarde les gens s'entretuer, un peu comme dans Battle Royale ?

 

J'aurais du me méfier en étudiant de plus près le marketing de ce produit issu d'un roman à succès pour ado : il puait le faisandé rance et mielleux.

 

De fait, le film est nul de bout en bout. La réalisation est incohérente, les décors mussolino-futuristes affreux, les rebondissements peu crédibles.

 

Le film sous-utilise honteusement les potentialités offertes par le scénario (la possibilité de créer ce qu'on veut dans ce monde, le fait que le monde entier observe en direct l'action, les dilemnes moraux...).

 

Au final, l'héroïne arrive évidemment à s'en sortir sans tuer personne de sang-froid, ce qui d'une certaine façon est le comble du cynisme. Les autres meurent, elle gagne, mais sans se salir les mains. Elle laisse les guêpes, les autres concurrents, ou la légitime défense faire le sale boulot à sa place.

 

Le film propose aussi une romance à l'eau de rose d'un ridicule consommé, des scènes larmoyantes d'une impayable niaiserie et un manque absolu de réalisme.

 

C'est une grosse bouse, indiscutablement. C'est lors de soirée comme celle-ci que je regrette de ne pas avoir de cotation en dessous de 1 étoile. Et le pire, c'est qu'il y aura probablement une suite.

 

1e

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Eva

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/69/81/20024943.jpgEva arrive sur les écrans avec une réputation de film à voir.

 

Il a été nominé dans de multiples catégories aux Goyas (et aux Gaudis, leurs équivalents catalans), a reçu le grand prix du public à Gérardmer, a été montré à Venise, Angers, etc...

 

Un casting très solide (mené par le charismatique Daniel Brühl, vu dans Inglorious Basterds, et bientôt dans 2 days in New-York), des effets spéciaux de qualité américaine, une histoire émouvante, le film a tout pour plaire à un large public.

 

Et disons le tout de go, le début du film est bluffant. La séance d'ouverture est décoiffante, puis l'ouverture dans le genre "8 jours plus tôt" installe une ambiance de science-fiction à la fois quotidienne et rétro-futuriste (l'action se déroule en 2050 environ). On est également captivé par le générique de début, d'une beauté sidérante, elle aussi à la fois rétro (on dirait un lustre de crital) et techno. Quelles relations entretient Alex avec son frère, la femme de ce dernier, quel projet mystérieux doit-il mener à bien ? Tout cela se présente bien, dans un décors enneigé qui sent la Suisse plutôt que l'Espagne, et la petite Eva, qui doit servir de modèle à un nouveau type de robot, est craquante. Enfants, robots, émotions reconstituées : on pense évidemment au AI de Spielberg.

 

Le film s'essoufle malheureusement assez vite (vers la fin du premier tiers) et une fois toutes les bonnes idées du commencement (incroyable Luis Homar en robot domestique) épuisées, le film devient une sorte de bleuette sentimentale assez prévisible. Les choses se dégradent donc progressivement pour atteindre dans le dernier tiers du film des sommets de banalité convenue, et même à la toute fin une niaiserie new-age assez dérangeante.

 

De très bonnes choses donc, qui auraient pu fournir la matière d'un court ou moyen métrage de qualité. Sur la durée d'un long-métrage, et accompagné de sa sirupeuse sauce aux clichés éculés, le film m'a déçu.

 

2e

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Amador

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/09/73/19665272.jpgCommençons par le plus simple : l'actrice péruvienne Magaly Solier, déjà repérée dans l'étonnant Fausta, est littéralement sublime. Elle possède un physique a priori peu gracieux, des formes légèrement masculines, une tâche bizarre dans le blanc de l'oeil droit et un mutisme un peu niais. Mais tout à coup, à la faveur de cheveux dénoués ou d'un sourire, elle peut devenir un parangon de féminité.

Elle porte en tout cas le film sur ses (solides) épaules.

Le prétexte est simple et on peut en parler sans déflorer l'intérêt du film. Un couple pauvre (elle donc, et son mari minable voleur de fleurs avec qui elle ne se voit aucun avenir) vivent misérablement. Un boulot est proposé à Marcela de façon presque miraculeuse : garder un vieux chez lui, pendant que sa fille est en province. Elle doit gagner 500 € pour un mois, mais au bout de quelques jours, le vieux meurt... que faire ?

A partir de cette trame sur le fond assez morbide, le réalisateur Leon de Aranoa parvient à dresser un tableau étonnant de la société espagnole d'aujourd'hui, en s'appuyant sur un scénario d'une grande subtilité. Des thématiques apparaissent et rebondissent tout le long du film (le puzzle, par exemple, décliné à travers le personnage d'Amador, puis par le biais d'une photo et enfin celui d'une lettre).

Le vieil Amador croit qu'une handicapée en fauteuil roulant, qu'il a vu dans la rue, est une sirène. Une fois mort, elle apparaîtra la plupart du temps dans des plans en rapport avec des poissons (au supermarché, derrière un aquarium) comme pour valider l'idée saugrenue du vieux. Les idées brillantes de ce genre parsèment le film du début (très belle scène d'ouverture) à la fin : le rebondissement final est superbe, grinçant, cynique et beau. Comme la conversation que Marcela a dans l'église avec le prêtre, conversation entièrement basée sur un malentendu, et véritable morceau de bravoure.

Un film d'une intelligence rare, qui compose un magnifique portrait de femme prenant son destin en main.

 

4e

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Breathless

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/71/47/35/19195133.jpgBreathless est à l'image de son acteur / réalisateur Ik-june Yang : irréductible.

On a beau avoir utilisé mille fois les expressions coup de poing, en apnée, d'une dureté sans concession, à propos de dizaines de films, ce sont ces mêmes expressions qui viennent à l'esprit lorsqu'on tente de décrire l'étrange expérience que constitue la vision du premier film de ce nouveau prodige du cinéma coréen.

Sang-hoon est un impitoyable recouvreur de dettes. Lorsque son chemin croise celui d'une jeune lycéenne, Yehon-hee, c'est d'abord pour un échange de crachat et de beignes bien senties. On découvrira progressivement que des péripéties communes les rapprochent : famille disloquée, amours amputées, fratries compliquées.

Plus que par l'intérêt de son intrigue (passablement confuse), c'est par sa mise en scène désordonnée et iconoclaste que le film se distingue.  Témoins les dernières séquences du film : plan fixe légèrement tremblant sur un visage ensanglanté, caméra virevoltante autour de personnages radieux, avant une explosion de douleur filmée presque hors cadre, faux souvenirs en super 8 délavé.

Le film n'obéit à aucune autre règle que celle d'inventer continuellement les formes de son débordement.

C'est saisissant, pas forcément maîtrisé, mais cela donne envie de voir la suite.

 

2e

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Katmandu, un miroir dans le ciel

Une jeune institutrice espagnole part enseigner au Népal. Elle se heurte là-bas aux pires turpitudes du tiers monde : corruption, préjugés de castes, pauvreté absolue, prostitution et vente des enfants. Mais elle y découvre aussi l'amour et l'amitié. Sonnez violons, résonnez trompettes, sortez vos mouchoirs, séchez vos larmes.

L'actrice principale est super-jolie (Véronica Echegui) et ressemble, me semble-t-il à Angelina Jolie.

On pourrait sourire du déploiement de moyens esthétiques au service d'un tableau édifiant de bons sentiments envers les plus démunis. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait, surtout au début du film.

Dans la durée, Iciar Bollain (Ne dis rien, Même la pluie) parvient pourtant à ficher à force d'obstination un coin d'émotion dans mon cerveau de cinéphile cynique et incisif. Par quel miracle ? Cela reste à déterminer. Peut-être la qualité entêtante de la photographie, une sorte de naturalisme qui évite (de justesse) l'ethno-chic, un sens du mélodrame qui évoque un Douglas Sirk boudhique.

Bon, ne nous enflammons pas, c'est loin d'être un chef d'oeuvre, mais par son caractère ouvertement et volontairement naïf, par son sens du récit et sa sobre modestie, le film arrive à ne pas être antipathique. Il rappelle un cinéma américain de l'ancien temps, qui parvenait à évoquer beaux sentiments et grandes destinées sans paraître niais.

C'est déjà ça.

 

2e

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Semaine du cinéma coréen

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Bullhead

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/11/53/19666379.jpgA quoi ressemble Bullhead ?

 

A un mélange de Red bull et de Winding Refn.

A un Mysterious skin (le trauma de l'enfance, vécu et revécu) remixé par un Gaspar Noé plutôt sage.

 

Si on ne s'ennuie pas vraiment (quoique...) on suit donc avec un intérêt distant cette histoire de jeune flamand traumatisé. Le film regorge, dégorge, déborde de références en tout genre et de pistes diverses : du polar low-fi, de l'analogie bovine, du tableau social, de la violence gratuite, du drame familial, du mutisme borné esthétisant à la sauce Drive.

 

A courir trop de pistes à la fois, ce film ténébreux et non sans attrait s'égare quelque part entre Flandres et Wallonie, promettant plus qu'il ne donne.

 

2e

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2 soeurs

2 soeurs n'est pas très bon, et ne va pas aider à me réconcilier avec Kim Jee-Woon, dont je n'aime pratiquement aucun film.

Pourtant, Dieu m'est témoin que je fais à chaque fois l'effort d'essayer de me laisser emporter par ce réalisateur dont l'appétit pour le cinéma de genre semble sans limite. Mais à chaque fois, ses films me laissent de glace.

Ici, dans la catégorie "Je joue à faire peur", on aura droit aux clichés les plus éculés du film d'épouvante en général (plans de coupe accompagné d'un musique stridente) et du film d'horreur asiatique tendance Ring (la jeune fille un peu crade aux cheveux mouillés, et qui perd du sang entre les jambes).

Tout cela est d'un formalisme qui confère au style pompier : Kim Jee-woon est l'équivalent au cinéma de ces peintres qui tentèrent de reproduire l'antique en l'amplifiant et en le déformant.

Au final, on n'y comprend absolument rien et je défie quiconque de me dire que le scénario tient la route, et même ... qu'il existe ! Qui est qui, qui fait quoi : ces questions visiblement sont un peu complexes pour le réalisateur, qui préfère accumuler les effets sans songer à donner au film un souffle global.

Le film fait preuve d'une affectation extrême, et en matière de cinéphilie coréenne, c'est probablement la porte d'entrée à éviter.

 

1e

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Résultats FH2

fdh2carreLe festival d'hiver 2 fut long et au final c'est Take Shelter le grand gagnant ! Le film qui a ouvert la compétition devance de peu (65 pts contre 62 pts) The descendants. Suivent ensuite Louise Wimmer (56), Les Infidèles (48), Detachment (45), Café de Flore (42), MMMM (41), La colline aux coquelicots (34), La Taupe (31) et bon, bon dernier : La désintégration (16 pauvres points).

Meilleur acteur : Georges Clooney, sans surprise, qui devance 3 ex-aequo, Michael Shannon, Adrien Brody et Gary Oldman

Meilleure actrice : Corinne Masiero, exceptionnelle dans Louise Wimmer, suivie de Jessica Chastain, puis de Elisabeth Olsen.

Meilleur réalisateur : Jeff Nichols, évidemment et meilleur scénario ... Take Shelter !

Beaucoup de films cités pour le prix spécial, mais c'est Another happy day qui l'emporte.

Merci 1000000000000 fois aux participants, et rendez-vous pour le FP2 !

Les résultats complets :

1.ffred 2.Chris 3.Marcozeblog 4.Bob Morane 5.Hallyne 6.jujulcatus 7.neil 8.Gagor 1 2 3 4 5 6 7 8 Tot
Louise Wimmer 10 8 5 7 6 2 9 9 56
Les infidèles 9 9 9 4 4 5 5 3 48
Take shelter 8 4 6 10 10 7 10 10 65
Café de Flore 7 5 8 3 7 4 4 4 42
The descendants 6 10 7 9 9 8 7 6 62
Detachment 5 6 10 8 8 6 1 1 45
Martha Marcy May Marlene 4 3 4 5 5 10 8 2 41
La colline aux coquelicots 3 7 3 6 3 3 2 7 34
La taupe 2 1 1 2 2 9 6 8 31
La désintégration 1 2 2 1 1 1 3 5 16
Prix spécial                  
Bullhead 1               1
Oslo, 31 août   1             1
Another happy day     1   1   1   3
Amador       1         1
Bullhead           1     1
Bovines               1 1
Meilleur actrice                  
Corinne Masiero (Louise Wimmer) 1 1   1 1   1 1 6
Elisabeth Olsen (MMMM) 1         1 1   3
Jessica Chastain (Take Shelter)   1     1 1   1 4
Shailene Woodley (The descendants)     1           1
Zahra Addioui (La désintégration)     1           1
Sami Gayle (Detachment)       1         1
Meilleur acteur                  
Michael Shannon (Take shelter) 1     1       1 3
Kévin Parent (Café de Flore) 1               1
Jean Dujardin (Les infidèles)   1 1           2
Georges Clooney (The descendants)   1     1 1 1   4
Adrien Brody (Detachment)     1 1 1       3
Gary Oldman (La Taupe)           1 1 1 3
Meilleur réalisateur                  
Jeff Nichols 1     1 1   1 1 5
Cyril Mennegun 1 1             2
Alexander Payne   1     1       2
Tony Kaye     1 1         2
Jean Marc Vallée     1           1
Sean Durkin           1     1
Tomas Alfredson           1 1 1 3
Meilleur scénario                  
Take shelter 1     1 1 1 1 1 6
Les infidèles 1 1 1           3
The descendants   1 1 1 1       4
MMMM           1 1   2
Louise Wimmer               1 1

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Apart together

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/62/13/20045536.jpgWang Quan'an est un réalisateur que je suis depuis longtemps, et si ses films ne m'enthousiasment jamais complètement (Le mariage de Tuya, La tisseuse), je les trouve toujours intéressants. On sent qu'il y a un gros potentiel chez ce réalisateur, qui probablement un jour produira des oeuvres majeures.

 

Apart together marque de façon claire une progression par rapport aux deux films cités plus haut.

 

En 1949, Liu, soldat dans l'armée nationaliste, s'enfuit de Shanghai pour Taiwan, laissant derrière lui sa femme et un petit garçon. En 2005, il revient, et propose à son ex de repartir avec lui à Taïwan. Cette dernière est tentée, mais elle a un mari chinois, des enfants et des petits enfants : peut-on revivre un amour d'adolescence au crépuscule de sa vie ?

 

A partir de cette trame délicate et intrigante Wang Quan'an dresse une galerie de portraits tout en finesse. Les réactions des membres de la famille sont parfois inattendues, celles du voisinage malheureusement prévisibles et moqueuses. Le film bénéficie d'une direction d'acteur irréprochable, d'une mise en scène sobre et élégante. Il constitue un très beau portrait de Shanghai, en même temps qu'une réflexion sur les profondes mutations que la Chine traverse. Il place le sentiment amoureux au centre d'un complexe réseau de tensions et de relations.

 

De la belle ouvrage, Ours d'argent du meilleur scénario à Berlin. Mais Wang Quan'an fera encore mieux, j'en suis sûr.

 

3e

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Fincher écrase Spielberg et Eastwood

Dans la série des matchs organisés par Christoblog, une variante avec une compétition à 3 films :

 

J. Edgar (1) vs Cheval de guerre (1) vs Millenium (8)

 

Leur point commun : être américains, réalisés par des cinéastes chevronnés, ... et  avoir été exclus tous les trois du festival d'hiver 2 !

 

Pas beaucoup de suspense cette fois-ci, le plus jeune des trois l'emporte haut la main.

 

J. Edgar : Foxart

Cheval de guerre : ffred

Millenium : Chris, David T, Wolvy128, jujulcactus, Jeremy, Squizzz, fredastair, Gagor

 


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Martha Marcy May Marlene

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/00/54/19963031.jpgIl est des films bien mystérieux dont objectivement on peut dire qu'ils regroupent beaucoup de bonnes choses, mais dont le résultat final est décevant.

 

MMMM fait partie de ces productions prometteuses qui semblent perdre le fil de leur histoire en route.

 

Martha a passé deux ans dans une secte, elle s'échappe et vient vivre chez sa soeur et son beau-frère. Le film zappe continuellement entre les deux périodes, d'une façon il faut le dire à la fois très élégante, et totalement insignifiante.

 

En réalité, le sentiment d'empathie qu'on (devrait) éprouve(r) pour Martha se perd quelque part, dans un non-jeu qui peut faire passer la prestation d'Elizabeth Olsen comme remarquable, ou dans une sorte de vertige baba cool qui fait ressembler la secte (qu'on voudrait sanguinaire, satanique ou à tout le moins perverse) à une riante réunion de moniteurs de colo un peu barges, Woodstock style.

 

Tout cela est estampillé Sundance pur jus (MMMM y fut sacré meilleur drama) avec les avantages (une réalisation soignée, des idées, un scénario original) et les défauts (une certaine pose qui se reflète dans le titre, un understatement narratif permanent). Pour juger d'un film, la fin est souvent une sorte de juge de paix : elle ressort ici de la catégorie énervante, ouvrant une nouvelle piste pour la fermer brutalement. Horripilant.

 

2e

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Oslo, 31 août

En cette année 2012, il semble que le centre de gravité de la cinéphilie pourrait bien se déplacer vers le nord, avec Oslo, 31 août , le très beau film russe Portrait au crépuscule et l'adaptation de Millenium en Suède. Sans compter les très bonnes séries TV danoises (Borgen, The killing).

Le deuxième film du norvégien Joachim Trier (le premier, Nouvelle donne, est passé relativement inaperçu en 2008) est en effet un choc esthétique de première ampleur.

On ne peut qu'être admiratif devant l'élégance extrême de la caméra, très fluide, sensuelle, toujours en mouvement, qui suit pendant 24 heures environ l'errance dans Oslo d'un jeune junkie sortant d'une longue cure de désintoxication.

Le scénario est une sorte de road movie cantonné à la capitale norvégienne : multiplication de rencontres éphémères avec de vieilles connaissances (amis, famille, dealer) ou avec des inconnus (une rayonnante jeune fille, un partenaire de rave, un recruteur).

Si l'intrigue est minimaliste, le film parvient à installer une tension qui va croissant, par le biais d'une question lancinante : Anders replongera-t-il ? Il parvient à dépasser la contingence de sa trame narrative pour se muer en une sorte de biographie rêveuse (des images de films super 8, des photos de famille, par moment une loghorée de souvenirs en voix off) et même en une réflexion globale sur la condition humaine (la confession de l'ami d'enfance). Cet aspect presque Malickien du film culmine dans une scène exceptionnelle qui donne à Anders, attablé dans un café, une sorte de capacité d'extra-lucidité, qui lui permet d'entendre toutes les conversations l'environnant, et même de suivre par la pensée des inconnus jusque dans leur vie quotidienne.

Le film approche la perfection visuelle dans de nombreuses scènes (les vélos dans la rue, les images stroboscopiques de la rave, les derniers plans) et est porté par un acteur, Anders Danielsen Lie, charismatique.

Un film noir, superbe, qu'il faut absolument voir.

 

4e 

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Gazette du FH2

fdh2carre.jpgC'est parti pour la gazette du festival d'hiver deuxième du nom.

Petits rappels

Les participants :   ffredBob Morane, Gagor, Marcozeblog, neil, jujulcactuspépito, Hallyne

Vous pouvez bien sûr vous inscrire à tout moment.

Le règlement, c'est ici.

Les films :

4 janvier Take Shelter de Jeff Nichols (USA) 

4 janvier Louise Wimmer de Cyril Mennegun (F)

11 janvier La colline aux coquelicots de Goro Miyazaki (Japon)

25 janvier The descendants d'Alexandre Payne (USA)

25 janvier Café de Flore de Jean Marc Vallée (Québec)

1er février Detachment de Tony Kaye (USA)

8 février La taupe de Tomas Alfredson (UK)

15 février La désintégration de Philippe Faucon (F)

29 février Les infidèles de Lellouche, Dujardin, Hazanavicius, Cavayé... (F)

29 février Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin (USA)

5 mars

Le long marathon se termine et le premier à voter fut comme d'habitude  ffred, suivi de ma pomme, puis de Marcozeblog. Plus que 5 jours pour les autres !

A partir de ces trois votes, 4 films semblent ne pas pouvoir gagner : MMMM, La colline aux coquelicots, La désintégration et La taupe. Pour les 6 autres, c'est serré.

28 février

Le festival d'hiver devrait se terminer demain pour moi, si je vais voir MMMM comme prévu. Vais-je rendre mes votes avant ffred ? Sinon, je fixe (arbitrairement) la date limite des votes au 11 mars. J'ai trouvé le niveau de ce festival assez élevé, car aucun des films ne m'a semblé nul - même si aucun ne m'a réellement transporté. Cela s'annonce serré pour le palmarès.

Le festival de printemps 2 sera plus court et plus intense, il ne couvrira que 5 semaines de sorties (du 21 mars au 25 avril) et ne comportera que 6 films max.

16 février

Un petit point avant d'aller au ski (en ce qui me concerne du moins). Je trouve que le niveau est assez élevé et qu'aucun des films n'est franchement mauvais pour l'instant. Après les forfaits pour force majeure de heavenlycreature et de PierreAfeu, nous nous retrouvons à 9.  ffred finira probablement le premier, il ne lui reste plus que Les Infidèles à voir. Gagor racourcit et rassemble ses critiques. Marcozeblog se distingue par une très bonne critique de Detachment. Jujulcatus est un des rares à défendre La taupe et Hallyne, revenue de son escapade à Annonay s'enflamme également pour Detachment. Et si le film de Tony Kaye créait la surprise ?

10 février

Vu les difficultés rencontrées par les uns et les autres, je préfère déprogrammer Tatsumi de la sélection...

2 février

A mi-chemin, quel film domine cette première partie du festival ? Difficile à dire. Chez ffred, c'est Café de Flore, chez moi The descendants, chez Bob Morane Take shelter, chez PierreAfeu La colline aux coquelicots, chez Fab Louise Wimmer, chez neil aussi le film de Mennegun, et chez jujulcactus The descendants.  Le niveau est plutôt bon pour cette édition.

Les autres participants me semblent un peu en retard, non ?

Detachment risque de faire polémique, un peu dans le style de We need to talk about Kevin. Quant à Tatsumi, c'est une très bonne surprise pour ceux qui l'ont vu...

Parmi les films à venir, de grosses attentes pour Martha Marcy May Marlene qui a beaucoup plu à Willyrah. Pour ceux qui ne sont pas inscrits, c'est faisable jusqu'à la fin, je le rappelle (ils se reconnaitront) !

19 janvier

Plusieurs participants ont commencé le festival sur les chapeaux de roue en voyant un paquet de films en avant-première, ce qui semble constituer une spécialité des débuts d'années. Ainsi certains ont déjà vu The descendants, Café de Flore, Detachment et La taupe, avec des avis ... variables. Pour les films déjà sortis : Take shelter a plutôt déçu, même si Bob Morane est très enthousiaste. Louise Wimmer partage assez durement les blogueurs (Fred a adoré, Neil aussi, comme moi d'ailleurs, alors que Pierre fait la moue). Quant au premier film d'animation présent dans un festival de Christoblog, il s'en tire mieux que prévu : nous sommes plusieurs à beaucoup aimer la nouvelle production des studios Ghibli.

 

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Un monde sans femmes / Le naufragé

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/32/91/19835450.jpgLa diffusion d'un moyen métrage est assez rare pour être saluée. Un monde sans femmes, de Guillaume Brac, renoue avec la tradition française des films de plage, dans la lignée de Rohmer, et encore plus de Jacques Rozier.

Sylvain (excellent Vincent Macaigne), est esseulé à Ault (Picardie). Esseulé, seul, solitaire, sorte de Droopy au physique de Philippe Katerine, cheveux gras en bataille et embonpoint assez prononcé pour détruire toute prétention à être / paraître un peu sexy.

L'été apporte sur la plage une mère et sa fille, parisiennes (nobody's perfect). La mère est fofolle, prête à coucher avec le premier venu, pourvu qu'il soit bien foutu et entreprenant. La fille est réservée, bien que super-mignonne, et lit dans son lit. Sylvain profite de leur compagnie, et découvre qu'un monde avec les femmes est délicieux.

Le film n'est pas hyper-ambitieux, il vise surtout à faire ressentir aux spectateurs de multiples micro-tourments et de nombreuses variations sur les thèmes de la timidité, de la maladresse, de l'amour, de la solitude.

C'est à la fois très peu, et - parce que la réalisation et la direction d'acteurs fait sens - beaucoup.

Le court métrage présenté en introduction (Le naufragé) est délicieusement connecté avec Un monde sans femmes, qui se déroule dans le même décors, avec le même acteur... dans le même appartement et avec les mêmes fringues.

Une expérience délicate hautement recommandable.

 

3e

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Les infidèles

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/85/95/20004907.jpgJe vais en suprendre plus d'un mais j'ai plutôt aimé Les Infidèles, qui n'est pas le sommet de beaufitude que la bande-annonce pouvait laisser craindre.

 

Le film démarre pourtant plutôt mal avec un prologue signé Cavayé, qui brasse les clichés les plus sexistes qu'on puisse imaginer. On se demande si le film va poursuivre dans cette veine bien grasse, qui peut certes être lue au xième degré (la fin du film le démontrera), mais aussi au premier.

 

Le premier interlude salace d'Alexandre Courtès qui suit immédiatement, renforce le sentiment de malaise que fait naître le début du film : les blagues potaches reléguant la femme à une enveloppe de bimbo décérébrée vont-elles se succéder ?

 

Heureusement non, car le premier véritable sketch, tourné par Hazanavicius, est tout à fait exceptionnel. Ce dernier excelle décidément à installer des ambiances qui flirtent avec la parodie tout en semblant extrêmement réalistes. Ici, on est dans un séminaire d'entreprise d'engrais (?!), logé dans hôtel minable au milieu de nulle part. Dujardin, qui passe 24h à essayer d'être infidèle sans y parvenir, s'y révèle très bon, subissant de front toute une palette d'humiliations.

 

Dans le deuxième sketch, filmé par la caméra sensible d'Emmanuelle Bercot, la mise en abyme du couple Dujardin / Lamy produit un effet saisissant. Le fond n'est guère original, mais la forme est intéressante.

 

La troisième partie, filmée par Lartigau, est une histoire de Lolita triste et grinçante. Lelouch joue assez justement un certain type de déchéance, et Dujardin y est méconnaissable.

 

Les interludes paillards de Courtès font mouche avec un Canet très bon en érotomane "au pull sur les épaules noué par les manches", et un Manu Payet ENORME en obsédé de femmes mûres et de bondages acrobatiques. Sandrine Kiberlain s'amuse comme une folle en animatrice des Adultères Anonymes. La fin du film nous ballade entre plusieurs fins possibles, et l'épisode de Vegas va faire beaucoup jaser.

 

Le film est déroutant, et la référence au cinéma italien que Dujardin utilise dans ses interviews est assez justifiée. Le scandale des affiches est en tout cas bien ridicule au vu du contenu du film, qui, s'il ne présente pas une image très flatteuse des femmes (mais ce n'est pas son sujet) n'épargne pas plus l'image du mâle.

 

3e

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Au pays du sang et du miel

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/31/63/20000864.jpgLe principal mérite du premier film d'Angelina Jolie en tant que réalisatrice est de dresser un tableau terriblement réaliste de la guerre en Bosnie. Que l'initiative d'un tel film revienne à une américaine nous renseigne sur notre cécité historique en matière cinématographique. Il fait d'Angelina Jolie, pasionaria humanitaire et fine diplomate pour le compte de l'UNHCR, une femme tout simplement ... exceptionnelle.

Les scènes de guerrilla urbaines sont très prenantes, et l'horreur des actes de barbarie menés par les Serbes font froid dans le dos. L'utilisation de décors très impressionnants (le film a été tourné pour une grande part en Hongrie) est pour beaucoup dans la réussite du film.

La romance contrariée des deux héros qui flirtent au début du film dans un dancing, puis se retrouvent 4 mois plus tard dans les deux camps ennemis est d'une intensité variable, mais on saisit parfaitement la force mélodramatique de la trame proposée par Angelina Jolie qui fait irrésistiblement penser aux films de Douglas Sirk (Le temps d'aimer et le temps de mourir en particulier).

La mise en scène est très maîtrisée, la musique de Gabriel Yared une fois de plus parfaite, les interprètes excellents. Le point faible du film est peut-être son scénario un peu étiré, qui se délite dans la deuxième partie du film, mais au final, je recommande ce beau film, sincère et nécessaire, animé par un véritable souffle romanesque. Le courage, le talent et l'intelligence d'Angelina Jolie (tourner un film en bosniaque, sur une guerre qui a éclaté alors qu'elle avait 17 ans, avec des acteurs du cru) sont vraiment dignes d'admiration.

Il serait injuste qu'Au pays du sang et du miel passe inaperçu.

 

3e

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Cheval de guerre

Amélie Poulain dans les tranchées de 14-18 : voilà comment on peut résumer le dernier Spielberg.

Passons rapidement sur le scénario, qui ne présente aucun intérêt (un gentil garçon élève un courageux cheval, les deux vont à la guerre, puis en reviennent), pour nous concentrer sur le reste, qui est catastrophique.

Tout, dans Cheval de guerre, est moche en essayant d'être beau, exactement comme dans certains films de Jean-Pierre Jeunet. La lumière par exemple semble toujours artificielle, trop dorée quand le soleil est rasant (poudrée même, pourrait-on dire), trop grise au lever du soleil, trop orange quand le soleil se couche, donnant des derniers plans d'une laideur insigne. 

Les décors sont également d'une artificialité affligeante : village anglais d'opérette, jeune campagnarde française avec un joli noeud dans les cheveux, no-mans land entre les tranchées gentiment aménagé avec de pratiques caillebotis improvisés pour franchir les flaques d'eau. Tout cela est d'une mochitude échevelée, qui en serait risible si elle n'était à la fois longue (2h27) et payante (5,9 €). Il est d'ailleurs curieux de constater que les derniers films des (ex)-grands cinéastes américains brillent tous par une tentation d'artificialité (plus ou moins convaincante) fuyant résolument toute tentative d'approcher la réalité : J.Edgar, Midnight in Paris, Hugo Cabret.

Tout cela ne serait pas si grave si finalement le film n'apparaissait pas comme insultant vis à vis des morts de la Grande Guerre. Montrer les tranchées comme de confortables couloirs où on peut tranquillement jouer aux cartes a quelque chose de profondément troublant lorsqu'on pense à la vision qu'ont donné du conflit d'autres créateurs, par exemple le Kubrick des Sentiers de la gloire...

On savait Spielberg capable d'être un grand enfant, j'espère que ce ratage relève de cette tendance, et qu'il n'est pas le signe précoce d'une sénilité précoce.

 

1e

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Portrait au crépuscule

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/92/75/19869838.jpgBien qu'il ne comprenne que peu de scènes insoutenables, Portrait au crépuscule est un film profondément dérangeant, qui met le spectateur dans une zone d'inconfort dès la première séquence (un viol) et ne va pas lui permettre d'en sortir durant tout le film. Un peu comme dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours, le spectateur est en effet constamment en train d'attendre - et de craindre - la scène suivante, l'esprit oscillant entre étonnement, adhésion, incompréhension et dégoût.

Le duo formée par la jeune réalisatrice Anguelina Nikonova et l'actrice Olga Dihovichnaya est remarquable. La première distille pour son premier film des effets magnifiques de simplicité et d'efficacité (à l'image des premiers plans) en même temps qu'elle filme parfaitement les visages. La seconde est belle, intrigante, bouleversante, attachante. Les deux sont co-productrices et co-scénaristes du film.

Tourné à Rostov sur le Don avec très peu de moyens (deux appareils photos numériques, des acteurs non professionnels pour la plupart, l'acteur principal est un ex-milicien) Portrait au crépuscule possède une densité dramatique tout à fait étonnante qui le rapproche du meilleur de la production roumaine de ces dernières années. Il dresse également un tableau incroyablement dur de la société russe actuelle : individualisme, corruption, violence, agressions sexuelles de tous genres, faillite des services publics, alcoolisme, explosion de la cellule familliale, arrivisme.

Le destin que se choisit l'héroïne ne manquera pas de susciter chez les spectateurs de nombreuses interrogations d'ordre moral, psychologique ou sentimental. C'est la force de ce film, récompensé dans une dizaine de festivals à travers le monde, ne nous l'imposer avec un talent et une assurance hors du commun.

Je le recommande chaudement.

 

4e

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J'ai tué ma mère

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/70/49/31/19100866.jpgCe qu'il y a de plus intéressant dans J'ai tué ma mère (2009), c'est le parcours de son réalisateur Xavier Dolan. A 19 ans, alors qu'il n'a tourné aucun court-métrage, il manifeste une assurance incroyable, s'assumant à la fois auteur, acteur et réalisateur de son film. Il y a du Woody Allen dans la démarche de Dolan, dans cette façon de se mettre en scène sans éviter l'auto-dérision, ni l'impudeur.

Formellement, le film multiplie sans vergogne les audaces  : succession de plans fixes très rapides pour ouvrir certaines séquences, ralentis, caméra portée, accélérés, effets de lumière, textes incrustés... Le film peut du coup paraître un peu fourre-tout, sorte de couteau suisse de l'apprenti réalisateur. 

Il se regarde toutefois avec un certain plaisir, dû en grande partie à la qualité de jeu de l'actrice jouant la mère, l'excellente Anne Dorval.

De haine il n'est finalement pas question, tellement le film est à l'évidence un cri d'amour à sa mère lancé par un ado en pleine crise. Baigné de culture littéraire, picturale et cinématographique, J'ai tué ma mère est aussi le manifeste d'un futur grand, intégrant déjà tout un univers et une conception très mature de sa propre destinée.

Xavier Dolan sur Christoblog : Les amours imaginaires

 

2e

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