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Christoblog

Articles avec #benicio del toro

The French Dispatch

A force de faire des films avec un rapporteur et un compas, Wes Anderson finit par oublier  que le cinéma est avant tout histoire de sensations.

Dans ce film manifeste qui se veut d'une certaine façon le couronnement d'une "méthode", le cinéaste américain multiplie les vignettes, d'une qualité inégale.

La première des trois histoires est assez plaisante, grâce à Léa Seydoux, Del Toro et Brody. La seconde est faible : je n'y ai vraiment rien trouvé d'intéressant et Lyna Khoudri n'est malheureusement pas à sa place, au milieu du casting le plus prestigieux qu'on ait peut-être jamais vu. Quant au troisième récit, il concentre le pire de ce qu'on peut reprocher au film : les procédés de Wes Anderson y deviennent des recettes éculées, servies par un style compassé, qui peut encore toutefois faire mouche. 

Trop d'idées, trop de plans, trop d'infos dans chaque plan, trop de détails, trop de langues, trop d'intentions, trop de caricatures. Et pas assez d'émotions. Le contraste avec le film précédent d'Anderson, L'île aux chiens, exigeant, simple et sombre, est frappant.

Wes Anderson sur Christoblog : La vie aquatique - 2003 (*) / A bord du Darjeeling Limited - 2007 (***) / Fantastic Mr. Fox - 2009 (****) / Moonrise kingdom - 2012 (****) / The grand Budapest hotel - 2013 (**)  / L'île aux chiens - 2018 (****)

 

2e

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A perfect day

Il y a quelque chose de vraiment étonnant dans le fait que les espagnols savent parfaitement faire des films qui semblent américains.

L'efficacité de la mise en scène, le réalisme impressionnant des décors, le rythme bien balancé du montage, les prestations des acteurs juste en deça du cabotinage : tout concourt à faire de A perfect day un film aux allures US.

Certains ont parlé d'une sorte de MASH de l'humanitaire, mais le film d'Altman était grinçant, alors que Benicio del Toro et Tim Robbins donnent plutôt ici une tonalité désabusée aux (més)aventures des personnages. On n'est pas dans la dénonciation ou la parodie, mais plutôt dans le constat absurde et résigné.

Le côté picaresque de la recherche de la corde est parfaitement exploité par un scénario très malin, dont la chute finale constitue le point d'orgue ironique.

Roublard, distrayant et instructif.

Leon de Aranoa sur Christoblog, c'est aussi le beau et très différent Amador (****)

 

3e  

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Sicario

Sicario est probablement le meilleur polar de l'année.

Il commence par une scène pleine de tension, d'une incroyable efficacité, qui laisse pantois. La suite est élégante, dense, parsemée d'excellents moments de cinéma. Un procédé assez classique comme les vues aériennes semble dans les mains de Denis Villeneuve se transformer en quelque chose de résolument neuf et inventif.

Le personnage de jeune flic volontaire et inexpérimentée, joué par Emily Blunt, est très attachant. On voit l'évolution de l'histoire à travers ses yeux : autrement dit, on n'y comprend pas grand-chose, et on est le jouet de forces bien plus terribles que ce qu'on imagine au départ.

Les acteurs sont très bien dirigés, avec une mention spéciale pour le grand Benicio del Toro, ici opaque à souhait.

Sur le fond, le film expose d'une façon intéressante les dilemmes moraux auxquels peuvent être confronté les policiers (faut-il faire les bouger les lignes entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas ?), tout en proposant une oeuvre solide, tendue, ramassée. Dans cette optique d'efficacité quasi monastique, le film évite la traditionnelle tuerie finale pour se concentrer sur une fin âpre et séduisante.

Il faut être attentif à la bande-son, qui contribue à donner au film cet aspect légèrement oppressant : bruits sourds et graves, pas forcément en lien avec ce qui se passe à l'écran.

L'impression générale que laisse Sicario est celle d'une fuite en avant sans retour, comme si les personnages glissaient irrésistiblement dans le grand entonnoir du destin.

Une réussite élégante et sans faute de goût.

 

3e

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Jimmy P. (Psychothérapie d'un indien des plaines)

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/005/21000521_20130422172935134.jpgIl a fallu un certain culot à Arnaud Desplechin pour choisir cette trame de scénario, somme toute squelettique, puis pour aller la tourner aux USA. La faiblesse du film tient en effet avant tout dans son synopsis plutôt terne : une longue séance de psychanalyse filmée.

Si l'exercice n'est au final pas déplaisant, c'est par la grâce du jeu des acteurs. Benicio del Toro est excellent, colosse rempli de douleur et de douceur. Après un début inquiétant dans lequel il surjoue (yeux exorbités, sourire de fou furieux), Amalric se calme et devient progressivement touchant.

Le film est très bien réalisé, on est parfois touché par une scène de rêve, mais Jimmy P manque un peu de nerf, d'exaltation, d'âme.

Le fait que le patient soit indien n'est au final qu'anecdotique, même si la culture indienne nimbe certains dialogues d'une aura mystérieuse.

Cela fait lontemps que je n'ai pas vu un film qui me procure cet effet là : à quelqu'un qui le critiquerait trop fort je saurais répondre en soulignant ses belles qualités (le dévoilement progressif des éléments biographiques, la jolie photographie), et à celui qui l'encenserait je rétorquerais en pointant de réels défauts (le film est beaucoup trop long, des péripéties annexes - comme Madeleine - sont inutiles).

Pour une fois, je ne sais donc pas trop quoi vous conseiller. A vous de voir.

 

2e

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21 grammes

Pour préparer la vision de Biutiful mercredi dans le cadre du désormais célèbre festival d'automne, je me suis fait un petit samedi soir DVD devant le classique deuxième (ou troisième ?) film d'Inarritu.

Le début du film m'a laissé perplexe. Le fouillis temporel mis en place par le scénario alambiqué de Guillermo Arriaga n'apporte à mon avis pas grand-chose à l'oeuvre, si ce n'est de décourager potentiellement pas mal de spectateurs. Le temps de comprendre ce qu'on voit, il se déroule une bonne demi-heure.

A partir de là on peut se concentrer sur le propos du film, qui est assez fort.

La mise en scène d'Inarritu est incroyablement puissante, tantôt constituée de vifs mouvements de caméra parfaitement maîtrisés, tantôt de gros plans absolument sidérants ou de plan fixe très beaux, comme celui qui précède de quelques secondes l'accident et montre un jeune homme ramasser des feuilles mortes. Le talent que manifeste le réalisateur laisse pantois, on pense à Scorsese par exemple, ce qui s'explique peut-être par le fait qu'Inarritu a déjà 40 ans lorsqu'il tourne 21 grammes.

Le grain de la photo, très visible, et l'aspect un peu sale de l'image surprend au début, puis s'avère parfaitement en phase avec l'histoire. Les acteurs sont absolument magnifiques et tirent le film vers le haut : un Sean Penn qui mue physiquement en fonction de son état de santé, une Naomi Watts exceptionnelle, méconnaissable, non maquillée, droguée, abattue, un Benicio del Toro hyper physique, bloc de douleur particulièrement expressif. Même notre petite Charlotte Gainsbourg est parfaite.

En somme, un film important, même si la sophistication inutile de sa construction et les petites afféteries autour de ces 21 fameux grammes le plombent un peu.

 

4e

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