Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #im sang-soo

L'ivresse de l'argent

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/61/42/20360400.jpg

Mais où est donc passé le cinéaste délicat du Vieux jardin, ou de ce chef d'oeuvre qu'est Une femme coréenne ?

En voyant The housemaid, je me posais déjà la question, mais lors de la projection à Cannes, en compétition officielle, de son dernier film, j'ai su que Im Sang-Soo s'était bel et bien égaré quelque part en un territoire rutilant et chromé, où les émotions nuancées n'existent plus.

L'ivresse de l'argent peut être vu comme un décalque de The housemaid, même milieu feutré de super-riches, même goût pour le sexe, à la différence qu'ici ce goût est assumé par une vieille rombière, ce qui ne rend pas le film plus aimable.

L'exercice pratiqué par Im Sang-Soo est sans nul conteste extrêmement brillant techniquement et plastiquement (ces mouvements de caméra !), mais cette maestria s'exerce avec tellement d'ostentation qu'elle nuit à l'attrait du film, dans lequel les personnages sont confinés à des caricatures parfois grotesques, qui rejouent sans fin la même partition sur le thème sexe / pouvoir /argent.

Quant aux derniers plans, je ne les ai absolument pas compris, et la rupture de ton qu'ils entraînent me laisse absolument perplexe.

Un exercice de style aussi brillant qu'inutile.

 

2e

Voir les commentaires

Une femme coréenne

Attention chef d'oeuvre.

Je ne m'attendais pas à grand-chose en visionnant ce film de Im Sang-soo. Allait-il ressembler à la meilleure veine de ce réalisateur (le très beau Vieux jardin) ou à celle, baroque, que j'aime moins (The housemaid, The president's last bang) ?

Réponse : au Vieux jardin, en mieux encore.

Impossible de raconter l'intrigue sans en déflorer les rebondissements principaux : sachez seulement qu'on suivra les destinées d'un avocat, de sa femme qui ne trouve plus sexuellement son compte dans leur relation, d'un jeune lycéen amoureuse de cette dernière, du père de ce dernier, de la maîtresse de l'avocat qui jouit en se frottant sur le dos de ces partenaires, de la mère de l'avocat qui trompe son père et connait son premier orgasme à 60 ans, de son père qui meurt sous nos yeux dans des circonstances effroyables (à la Pialat, ceux qui verront le film comprendront), de l'enfant adopté de l'avocat et de sa femme, d'un pauvre bougre qui conduit ivre son scooter, etc.

Bref le film est un drame à l'ancienne, comme les italiens savaient si bien en faire dans les années 60/70, qui mêle avec brio tous les genres : comédie, érotisme, tragédie, chronique sociale et politique. Film somme (et pourtant seulement le troisième de Im Sang-soo, et son premier vraiment connu en Europe), Une femme coréenne est un bijou que je vous conseille fortement : scénario en béton, mise en scène souveraine, et les acteurs sont splendides et d'une rare sensualité (l'acteur et l'actrice principaux jouent également dans The housemaid).

 

4e

Voir les commentaires

The housemaid

Lee Jung-jae. Pretty PicturesIm Sang-soo fait partie de cette nouvelle vague de cinéastes coréens, extrêmement intéressants, qui nous offrent depuis quelques années une salve de films remarquables comme peu de nations peuvent le faire.

De Im Sang-soo on se souvient d'un excellent film, Le vieux jardin, non critiqué pour l'instant sur ce blog, et du bouffonnant et très étonnant The president's last bang.

Présent à Cannes 2010, The Housemaid mérite vraiment le détour. La réalisation y est brillante : plongée, contre-plongée, champ / contrechamp subtilement dosés, montage rythmé et subtil, décors ébouriffants, jeux des acteurs très fins (sublime Jeon Do-Yeon, déjà excellente dans Secret Sunshine), excellents seconds rôles (la vieille servante). C'est presque trop beau pour paraître vrai.

L'intrigue, remake d'un classique coréen si j'ai bien lu, est digne des grands thrillers psychologiques style Clouzot (je pense aux Diaboliques) ou Hitchcock (veine Notorious, ou Psychose). 

Extrême sensualité (oui, oui, voir au dessus un simple aperçu), suspense, mise en scène franchement baroquisante (cf la dernière scène, onirique), récit par ailleurs limpide, critique sociale balzacienne, le film est donc tout cela à la fois et au final une réussite.  La première scène est à montrer dans toutes les écoles de cinéma comme un exemple de montage parfait.

 

2e

Voir les commentaires

The president's last bang

Bénéficiant d'une très belle édition DVD chez Potemkine voici l'occasion de découvrir un film dont on a dit beaucoup de bien, par Im Sang-soo, le réalisateur d'Une femme coréenne et du Vieux Jardin.

Le thème du film est la reconstitution de l'assassinat du président/dictateur Park Chung-hee en 1979. Il montre la journée avant, puis la nuit suivant le crime.

Tout d'abord, et comme dans beaucoup de films coréens on est fasciné par la qualité technique de la production : mise en scène, photo, jeu des acteurs. Ensuite surpris par la première demi-heure, un peu pagailleuse, passant d'un personnage à l'autre sans que l'on comprenne bien ce qui se passe, ni qu'on s'attache aux personnages. La scène du crime est assez ahurissante, l'assassin (directeur de la CIA coréenne si je ne m'abuse) se décidant semble-t'il sur un coup de tête, entraînant ses collaborateurs dans un plan dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est complètement foireux. La dernière partie, qui montre les suites de l'assassinat est dans la même veine surréaliste, le meurtrier n'a rien anticipé et vogue à vue, ses aides ne savent plus quoi faire et tournent en rond dans la ville déserte, le conseil des ministres se réunit dans une ambiance délétère. On se croirait dans un drame shakespearien revu en opéra-bouffe.

Comme dans beaucoup d'autres films coréens, les personnages masculins sont tournés en ridicule et se révèlent incapables, quelque soit leur niveau : du général qu'on découvre en slip, jusqu'au trouffion qui ne connaît pas son chef et au garde du corps qui hésite à partir. Truffé de scènes tout à fait étonnantes et originales (comme le nettoyage des cadavres à la mitraillette, ou de longs et somptueux travellings), The president's last bang est une curiosité à découvrir.

Le coeur a un peu de mal à s'impliquer dans la narration, mais la tête y trouve son compte.

 

2e

Voir les commentaires