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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

Les Olympiades

Bien que le film ne soit pas totalement raté, on peut se demander ce qu'Audiard est allé faire dans cette galère, si éloignée de son univers habituel.

Le cinéaste n'est d'abord pas très à l'aise avec les scènes et sentiments intimes. Il avoue d'ailleurs dans une interview avoir embauché une "conseillère d'intimité" pour l'aider à tourner les scènes de sexe, qu'il ne sait pas comment filmer. Cela se sent : Les Olympiades "sonne" comme un premier film, maladroit et candide.

Deuxième point faible du film : l'hétérogénéité des récits, qui ne se raccordent que très superficiellement entre eux, laissant dans le script final de nombreuses scories scénaristiques (l'épisode de la grand-mère par exemple, insipide au possible). On peut certainement y voir la conséquence de la genèse du film, tiré de trois histoires différentes  de l'auteur Adrian Tomine, et du travail de trois scénaristes différents (Audiard lui-même, Léa Mysius, Céline Sciamma).

Le résultat est donc brinquebalant, non dépourvu de qualités (jolie photographie, mise en scène soignée, portrait original d'un quartier de Paris rarement montré au cinéma), mais globalement plutôt fastidieux dans sa volonté d'embrasser tous les thèmes dans l'air du temps, sur un air de tinder. Le film de jeune adulte à Cannes cette année, c'était décidément Julie en 12 chapitres !

Jacques Audiard sur Christoblog : Sur mes lèvres - 2001 (****) / Un prophète - 2009 (***) / De rouille et d'os - 2012 (****) / Dheepan - 2015 (***) / Les frères sisters - 2018 (**) 

 

2e

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Mourir peut attendre

Rien ne va dans ce dernier Bond de l'ère Craig.

Mourir peut attendre est un tunnel d'ennui profond dans lequel on assiste hébété à des conversations interminables sur des sujets psycho-philosophico-romantiques sans aucun intérêt, entrelardées de scènes d'action quelconques.

Le scénario part progressivement en quenouille, on a l'impression d'avoir vu les scènes finales des milliers de fois (l'île bunkérisée est un décor surexploité) et ce qui frappe le plus, c'est l'absolu manque d'originalité de l'ensemble.

Quant à l'évolution de Bond, qui de héros aux ressources insoupçonnables devient un papa ému ("j'ai perdu mon doudou"), elle casse l'aspect mythique de la série, pour n'en faire qu'une comédie sentimentale / action comme les autres. La piteuse prestation de Léa Seydoux n'y est d'ailleurs pas pour rien.

Seuls pauvres rayons de soleil dans cet océan de médiocrité, la pétillante Ana de Armas, véritable révélation, et le décor splendide de la ville de Matera, en Basilicate.

Mourir n'attend plus, contrairement à ce qu'annonce le titre mensonger, et tant mieux, car depuis le premier Bond tourné par Craig, le bon Casino Royale, toute la production a été décevante, marquée par une lente "nolanisation" du propos et de l'esthétique.

A fuir.

James Bond sur Christoblog : Quantum of solace - 2008 (*) / Skyfall - 2012 (**) / 007 Spectre - 2015 (*) 

 

1e

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Nine perfect strangers

La dernière production de la petite plateforme US Hulu, à qui on doit entre autres The handmaid's tale, est une déception.

Cela commençait pourtant plutôt bien : neuf personnes se rencontrent dans un lieu paradisiaque pour régler des problèmes psy sous la direction d'une Nicole Kidman plus flippante que jamais.

Il y a dans les deux premiers épisodes un petit air de Lost qui intrigue et encourage à poursuivre. On a hâte de découvrir ce que chacun cache dans son passé, les interactions entre les neuf personnes promettent d'être palpitantes, la nature est splendide et il plane globalement une aura de fantastique au-dessus de tout cela.

Malheureusement, le scénario s'enfonce dans une série de facilités, de redondances et de cul-de-sac. On se fout un peu de l'explication finale, les relations entre les personnages ne se développent finalement pas et la série prend bien trop rapidement un biais qu'elle ne quittera plus : tout le monde est sous l'emprise de drogues, ce qui permet tout aux scénaristes mais ne donne finalement aucune profondeur à l'intrigue.

Nine perfect strangers se délite progressivement sans qu'aucun événement ne parviennent à nous intéresser, et pire que cela la série finit par agacer par sa vulgarité clinquante. C'est bien dommage, d'autant plus que le casting est exceptionnel : Melissa MacCarthy, Michael Shannon et Bobby Cannavale sont en particulier très bons.

 

1e

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Gaza mon amour

Pourtant présenté à Toronto et à Venise, et porté par de bonnes critiques, Gaza mon amour m'a déçu.

Le film des frères Nasser (encore une fratrie de cinéastes !) juxtapose deux histoires sans grand rapport : un pêcheur d'un certain âge trouve un bronze antique d'une part, et il cherche à se marier avec une femme de son âge qui travaille dans un magasin de vêtement d'autre part.

Le film, plan-plan, est assez roublard pour passer pour le film "qui montre Gaza sous un autre jour", mais il possède en réalité tous les attributs du film d'auteur pour festival : rythme ralenti, plans savamment composés et allusions politiques. Il ne présente pas d'intérêt spécial d'un point de vue sociologique et ne génère pas d'émotions. Il échoue également dans la veine burlesque qu'il semble esquisser par moment. Il est par contre plutôt réussi d'un point de vue esthétique, bien qu'un peu poseur.

A vous de juger.

 

2e

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Cigare au miel

Pas toujours évident de dire ce qui ne va pas dans un film. 

Cigare au miel possède par exemple tous les ingrédients pour plaire : un portait a priori sympathique d'une jeune bourgeoise issue d'une famille laïque d'origine berbère, des péripéties dramatiques, des acteurs impliqués.

Pourtant rien ne va dans le film, qui cherche à embrasser trop de sujets : le plaisir féminin et l'émancipation sexuelle, le machisme traditionnel qui aboutit à un viol, les relations à l'Algérie pour les enfants d'immigrés, le terrorisme, une sociologie des écoles de commerce. Rien n'est habité, tout est esquissé. 

Zoé Adjani (la nièce d'Isabelle) fait ce qu'elle peut, mais son personnage est trop faiblement écrit pour vraiment convaincre. Cigare au miel est peut-être tout simplement mal conçu (l'écriture part dans tous les sens et les situations semblent souvent artificielles) et mal réalisé (il manque de rythme et d'unité).

Une réalisation insipide au service d'enjeux insignifiants.

 

1e

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Flag day

On avait laissé Sean Penn à Cannes avec un film qui peut sans beaucoup d'hésitation être qualifié de pire film jamais vu en compétition, le calamiteux The last face, qui avait suscité en 2016 quolibets et critiques féroces sur la Croisette, comme aucun autre film auparavant.

Flag day est objectivement moins mauvais, mais reste marqué par les mêmes défauts que son lamentable prédécesseur : montage lourdingue, manque de profondeur des personnages et des situations, aspect clippesque de la mise en scène, caractère sirupeux des émotions, plans inutiles. 

Le sujet est parfaitement anecdotique (le père d'une journaliste est un escroc, and so what ?). Je me suis ennuyé fermement et j'ai été dubitatif de voir le père et la fille Penn jouer un père et une fille, transformant indirectement le spectateur en psy indiscret.

Vous m'avez compris : Flag day est vulgaire et mal fagoté, même si Penn s'y avère être un acteur assez convaincant. Vous pouvez éviter.

 

1e

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Les amours d'Anaïs

Le film commence comme un hommage énamouré à Anaïs Demoustier. L'actrice, dont le personnage s'appelle d'ailleurs Anaïs, virevolte, parle comme une mitraillette, s'agite dans tous les sens, s'exprime comme elle pense, se déshabille en tortillant des fesses, bref, imprime l'écran comme Belmondo jeune savait le faire. Superficielle, ne vivant que dans l'instant, ne construisant rien, elle séduit et énerve à la fois.

L'enjeu du film se dessine rapidement : contre quoi la vivacité exacerbée d'Anaïs va-t-elle s'écraser ?

Et la réponse est : contre Valeria Bruni-Tedeschi, ou plutôt contre l'amour qu'Anaïs va concevoir pour cette dernière. Cette seconde partie a gâché pour moi la première. Autant j'ai pu être intrigué par l'ouragan Demoustier, autant la drague lourde chargée d'un gros transfert psychanalytique qu'entreprend Anaïs m'a ennuyé.  

La psychologie de comptoir (l'amante a le même âge que la mère qui se meurt), la scène sensuelle de la plage (filmée comme un porno soft), la pauvreté de l'écriture et la fin qui ne sait pas finir auront eu au final raison de ma patience.

A ne voir que si vous êtes fan d'Anaïs Demoustier.

 

2e

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La troisième guerre

La troisième guerre est une sorte de Désert des Tartares de notre temps. Le principe en est simple : il s’agit de pointer du doigt le sentiment d’inutilité des soldats qui participent à l‘opération Sentinelle, de confronter ce sentiment aux valeurs habituelles de l’armée (respect des ordres et de la hiérarchie, volonté de servir les autres, besoin de dépassement de soi et de combattre, virile camaraderie), et enfin de tirer de tout cela des implications d’ordre psychologique.

Si les déambulations parisiennes des soldats laissent entrevoir une belle sensibilité, le reste du programme énoncé ci-dessus est suivi avec trop d’application et pas assez d’imagination pour être pleinement convaincant.

L’exposé des différentes situations auxquelles sont exposés les soldats est très didactique, et suit des chemins à la fois prévisibles et inintéressants. Les seconds rôles, par exemple, manquent cruellement de profondeur (le complotiste ne fait que comploter, le gueulard ne fait que gueuler, etc).

Heureusement qu’Anthony Bajon est ici une nouvelle fois exceptionnel, à l’inverse d’une Leïla Bekhti complètement transparente. C’est lui qui donne un peu d’intérêt à ce film bourré d’intentions, mais vide d’émotions.

 

2e

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Tout s'est bien passé

Pas un grand Ozon.

Tout s'est bien passé est assez mal écrit : le film donne l'impression d'avoir été fini sur un coin de table. Des dialogues tombent à plat, le montage est erratique, les scènes de remplissage ne font même pas semblant se servir un peu à quelque chose, les personnages semblent réduits à des stéréotypes.

Il faut l'interprétation étonnante d'André Dussolier et le rayonnement solaire d'une Sophie Marceau au sommet de son art, et de son charme, pour empêcher l'attention du spectateur de sombrer.

Dans sa seconde partie, le film s'améliore un peu. On finit par se demander comment l'affaire va se terminer, et le personnage que joue Dussolier est tout de même un sacré numéro de mauvais esprit, au final typique de l'univers d'Ozon.

Tout s'est bien passé est toutefois trop quelconque et imparfait pour décrocher la mention "J'aime".

François Ozon sur Christoblog : 8 femmes - 2001 (**) / Swimming pool - 2003 (**) / Angel - 2007 (*) / Potiche - 2010 (***) / Dans la maison - 2012 (**) /  Jeune et jolie - 2013 (*) / Une nouvelle amie - 2014 (***) /  Frantz - 2016 (***/ L'amant double - 2017 (**) / Grâce à Dieu - 2019 (****) / Eté 85 - 2020 (**)

 

2e

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BAC Nord

Le problème de Bac Nord ne réside pas dans la polémique qui a accompagné sa sortie. Après tout, le tableau qu'il dresse des quartiers Nord de Marseille n'est qu'une toile de fond, dont on se doute bien qu'elle est à la fois représentative d'une certaine réalité et probablement caricaturale.

Non, le problème de Bac Nord réside dans l'incurie de son scénario, le manque de caractérisation de ses personnages, la maladresse de sa construction et le mauvais goût intrinsèque qui semble présider à tout ce que l'on voit à l'écran : comment peut on oser choisir comme musique Le pénitencier (même dans sa version originale) pour une scène de sortie de prison ? 

Gilles Lellouche n'est pas pour rien dans la faillite du film. Il joue comme une enclume le rôle d'un policier tellement bête qu'on n'arrive jamais à avoir de l'empathie pour lui et ses collègues. Les scènes d'action ne sont que correctes et ne parviennent pas à faire surnager le film : en matière de western urbain le film danois Shorta, sorti l'année dernière, est bien meilleur.

C'est donc raté de bout en bout.

 

1e

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L'origine du monde

L'origine du monde est une comédie qui n'est pas très drôle, construite sur un pitch qui se veut à la fois transgressif et bizarre (attention, spoil à suivre) : pour faire rebattre son coeur, Jean-Louis doit donner une photo du sexe de sa mère à une guérisseuse.

Toutes les péripéties qu'on voit à l'écran ne sont que des saynètes qui progressent lourdement vers le but ultime que j'ai énoncé en introduction.

Le film est globalement indigeste dans son intention et pataud dans sa réalisation, alternant maladroitement des styles différents, de l'introspection inquiète (les scènes d'introduction et leurs gros plans signifiants) au burlesque débridé (les acteurs qui se déshabillent), sans que l'amalgame ne prenne jamais vraiment.

Si l'ensemble ne tient que moyennement la route, il subsiste tout de même ici où là quelques éclairs drôles et une curiosité : voir pour une fois Vincent Macaigne en autre chose qu'en bobo barbu aux yeux de cocker. Quant à Laurent Lafitte, j'espère qu'il est dans la vie moins hautain et désagréable que son personnage : sa prestation le soir de l'avant-première à l'UGC de Lille permet d'en douter.

 

2e

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Serre-moi fort

Comme souvent chez Amalric, on ne comprend d'abord rien à ce qu'on voit.

Si on ne connait pas le synopsis du film, ce qui était mon cas, il faut attendre une petite heure pour commencer à saisir de quoi il est question. Amalric malaxe dans son creuset poétique sons, images, temporalités, vivants et morts, souvenirs et rêves. C'est le plus souvent exaspérant, et parfois beau.

De cette sophistication inutile, on ne retient au final pas grand-chose, si ce n'est quelques éclairs lancés à travers le jeu de Vicky Krieps, malheureusement un peu bridée dans un rôle dans lequel elle ne peut pas faire grand-chose d'autre que la "veuve éplorée qui rêvasse en triant les photos". Quand les acteurs peuvent se lâcher un peu (la scène de la boîte de nuit et quelques autres), Serre-moi fort prend une toute autre dimension, moins doloriste et plus sensible. Ces moments sont malheureusement trop rares.

Beau, mais froid.

 

2e

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Bergman Island

Je ne sais pas trop quoi penser de ce nouveau film de Mia Hansen-Love, pas désagréable, mais qui respire l'entre-soi chichiteux. Malgré ses qualités (bonne photo, bons acteurs, mise en scène correcte), c'est le sujet du film qui ne me semble pas mériter l'honneur d'un long-métrage.

Un vieux réalisateur en couple avec une jeune : classique. Ils discutent, échangent des idées de films, lisent leurs notes tout en parlant de Bergman, dont il occupent la maison sur l'île de Fårö, où ils sont en résidence. 

L'idée de scénario de la réalisatrice se transforme sous nos yeux en film dans le film, puis en tournage de film dans le film. Même lieux, sujet différent, mais tout aussi anecdotique : tout cela est peu intéressant, et sent le film "meta" à plein nez, bourré de référence et d'allusions pour initiés.

Tout est donc fin et maîtrisé, sans provoquer chez moi un véritable intérêt, si ce n'est celui de découvrir les jolis paysages de l'île, et le culte de Bergman qui y règne.

 

2e

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Irma

Ce premier film brésilien de Vinicius Lopes et Luciana Mazeto se situe dans la continuité de ceux de Kleber Mendonça Filho (Les bruits de Recife, Aquarius, Bacurau), Juliana Rojas et Marco Dutra (Les bonnes manières), qui réinventent un nouveau cinéma dans leur pays, profondément marqué par le cinéma d'auteur européen.

Ainsi avons-nous ici tous les tics du cinéma "de festival" : progression lente, moyens pauvres, idées de réalisation injectées dans l'histoire au petit bonheur la chance, parti-pris parfois horripilants (la caméra qui sautille perpétuellement dans la première scène du bus), projet global légèrement fumeux.

Il s'agit de suivre deux jeunes filles en route vers le Sud du pays alors que leur mère est décédée d'une grave maladie. Pour corser le récit, il faut préciser que la fin du monde approche peut-être, puisqu'un météorite menace, et que des femmes se promènent toutes nues dans les bus et les rues, du fait de la fin du monde. 

Les deux jeunes filles retrouvent leur père qui les a abandonnées, subissent les affres du passage à l'âge adulte pour la plus grande, et effleurent dans leur road trip immobile une bonne dizaine de thématiques d'égale importance, de la préhistoire jusqu'à la condition de la femme dans le Brésil contemporain, en passant par la toute-puissance magique de Dame Nature.

Le film est inégal, globalement plutôt ennuyeux, mais tellement sincère qu'on répugne à en dire vraiment du mal. Je conclurai en disant d'une façon positive qu'il comprend une scène magnifique : la plus petite des deux soeurs revit en rêve la séparation de ses parents par le truchement d'une télénovela diffusée dans la pièce où elle dort. C'est splendide. 

A noter que film a eu les honneurs d'une projection à la Berlinale 2020. A conseiller aux aventuriers, amateurs de cinéma sud-américain. 

 

2e

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La nuée

Le problème du film de Just Philippot, c'est de vouloir mélanger plusieurs genres sans vraiment exceller dans aucun, et sans que le mélange ne prenne vraiment.

La nuée commence comme le tableau d'une ruralité menacée par la précarité, un sujet commun dans le cinéma français récent (Petit paysan, Au nom de la terre). Son ancrage dans le sud de la France, sa maîtrise technique, la prestation de Suliane Brahim (pensionnaire de la Comédie Française), rendent le début du film plutôt plaisant.

Le propos du film change ensuite assez vite de nature : on s'intéresse de plus en plus à l'état mental du personnage principal, qui se dégrade rapidement, au fur et à mesure qu'un élément fantastique (que je ne dévoilerai pas) entre en jeu.

Ce glissement n'est pas très réussi. Les ficelles du scénario sont un peu grosses, et les traits appuyés. Je me suis désintéressé d'une histoire qui devient de plus en plus prévisible, jusqu'à une fin spectaculaire et horifique, qui respire plus la performance numérique que l'émotion.

 

2e

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Petite maman

Quelque chose ne fonctionne pas dans Petite maman.

Dès les premiers plans, le film se place dans une position un peu surplombante : la petite fille joue de façon froide et désincarnée, alors que la caméra louvoie un peu artificiellement dans un couloir. Quelques instants plus tard, dans un plan tourné à l'extérieur, la mère adopte une posture qui m'a semblé complètement anti-naturelle.

La suite du film se situe dans la continuité de ce début. A la fois un peu laborieux, manquant de grâce et au final très anecdotique. Sciamma ne creuse pas le vertige métaphysique qu'aurait pu générer son idée originelle : soit la mère pose des questions accessoires à la fille ("tu m'auras à quel âge ?"), soit les deux sont montrées dans des moments d'innocence (le bateau, les crêpes) qui sont comme déconnectés du sujet du film.

Le résultat est un peu froid, par moment assez beau, et globalement insipide et pesant.

Céline Sciamma sur Christoblog : Tomboy - 2011 (****) / Bande de filles - 2015 (*) / Portrait de la jeune fille en feu - 2019 (*)

 

2e

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The father

Difficile pour moi de comprendre l'engouement que suscite ce film, que je trouve compassé, trop long et peu original.

Son principe tient en une phrase : ce que l'on voit à l'écran n'est pas la réalité, mais le fruit de l'imagination d'Anthony, qui souffre de la maladie d'Alzheimer. 

Une fois ce postulat découvert, quelques minutes après le début du film, The father va tourner en boucle autour de quelques objets et thèmes : la fille disparue, la montre, l'appartement, le poulet.

C'est beaucoup trop peu pour maintenir l'attention du spectateur pendant 1h et 38 minutes, d'autant plus que cette proprette imagerie de chaos mental ne possède pas d'unité stylistique marquante (ou alors on la résumera au travelling arrière) ni de puissance évocatrice. La réalisation, qui manque absolument d'idées de cinéma, est d'une neutralité aseptisée qui n'entraîne pas le vertige que la situation devrait générer. Florian Zeller, dont je ne connais pas le travail d'écrivain, s'avère ici être un bien piètre cinéaste, assez pataud dans ses intentions (le dernier plan sur les arbres !) et dans sa pratique.

The father est tout juste sauvé par l'interprétation d'Anthony Hopkins, qui sort le grand jeu, alors qu'Olivia Colman use un peu trop de son air d'ahurie résolument optimiste.

Une déception.

 

2e

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Falling

Le premier film de Viggo Mortensen est pétri d'intentions louables : dresser le portrait d'un père qui approche de la fin, montrer le rapprochement de celui-ci et de son fils qui a évolué dans un milieu totalement différent, donner à voir la beauté de la nature américaine, faire ressentir au spectateur la fine trame du temps. 

Bien sûr, rien de bien nouveau dans ces objets déjà largement abordés, mais Mortensen parvient à y apporter une petite touche personnelle qui rend le film aimable au premier abord, et qui tient principalement dans sa placidité d'adulte gay, résigné face aux attaques homophobes de son facho de père. 

On est donc d'abord plutôt séduit par Falling, même si la multiplicité syncopée des flash-backs donnent un peu le tournis. Malheureusement, le film stagne assez vite : son propos ne progresse plus vraiment, la trame temporelle nous égare un peu plus, et surtout le personnage du père devient tellement détestable que l'amour de son fils finit par nous échapper. Même si on déteste le personnage, il faut reconnaître que la performance de l'acteur Lance Henriksen est incroyablement forte dans le registre sexiste, machiste, violent, raciste et réac.

Un film à connotation autobiographique, honnête et parfois touchant, mais dont la longueur et le manque d'originalité érodent à la longue notre curiosité. A noter un cameo amusant de David Cronenberg en médecin proctologue.

 

2e

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Night in paradise

Disponible sur Netflix, ce film coréen est un polar ultra-stylisé. Son réalisateur, Park Hoon-Jung, est principalement connu pour être le scénariste du très surestimé J'ai rencontré le diable.

Night in paradise oscille continuellement entre une violence typiquement coréenne à la limite du sadisme, et la chronique d'une triste romance entre deux êtres condamnés à mourir.

D'un côté un jeune truand dont on a tué la soeur et qui s'est vengé en agressant un boss de la pègre, de l'autre une jeune fille atteinte d'une maladie incurable. Ces deux-là vont se rapprocher dans l'atmosphère élégiaque de l'île de Jeju, au fil de scènes marquées par l'omniprésence de la mort.

Tout cela n'est pas follement joyeux, on en conviendra, mais n'est pas non plus bouleversant. On est ballotté entre le grand-guignol des scènes de violences (lors desquelles un homme peut se relever après avoir été tabassé à mort et reçu dix coups de couteau) et le charme éthéré et peu amène de l'excellent duo Eom Tae-Go (lui) / Jeon Yeo-Bin (elle).

Je ne peux pas dire que j'ai vraiment apprécié cet exercice de style un peu tape-à-l'oeil, qui a pourtant eu l'honneur d'une sélection à Venise. A réservé donc aux fans de polars coréens.

 

2e

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Unorthodox

Voici un nouvel exemple de la "fausse bonne série" à la Netflix, qui rejoint une catégorie déjà bien fournie.

Résumons le schéma.

Le début est très prenant, intrigant, intéressant. On pénètre dans le milieu des juifs orthodoxes de New-York. Notre curiosité est piquée et on découvre, pour peu qu'on soit novice dans le domaine, les schtreimels, les mikvés et autres mezouzas. L'actrice qui joue la jeune fille en voie d'émancipation (Shira Haas) est magnétique. On mesure parfaitement l'incroyable pression qu'exerce la religion sur le corps et l'esprit des femmes.

Après ce bon début, la série flotte un peu en fin de premier épisode et au début du deuxième. De captivante, l'intrigue passe à intéressante lorsque l'action se déplace à Berlin. Les personnages virent doucement à la caricature, les effets de surprise s'estompent et l'intérêt faiblit.

La série s'enlise ensuite dans une longue phase de désintérêt croissant (du milieu du deuxième épisode à la fin), lors de laquelle ses défauts s'aggravent : péripéties de plus en plus téléphonées, manque cruel d'imagination (les personnages tournent en rond en attendant l'audition), invraisemblances éhontées (être acceptée sans aucune référence pour une audition de cette importance, entrer dans une boîte de nuit habillé en Juif orthodoxe en grillant la queue), seconds rôles diaphanes (la mère), stéréotypes en tout genre (qu'ils sont gentils et accueillants ces allemands, les filles prêtent même leur rouge à lèvre dans les toilettes), angélisme sirupeux (ce dernier plan du groupe de beaux gosses plein de diversité qui ouvrent une nouvelle vie). 

Comme ici la série ne compte que quatre épisodes, on va quand même jusqu'au bout, pour assister à une fin ratée, dans laquelle chaque personnage pousse le curseur de ses caractéristiques binaires au maximum, alors que le dernier plan offre une happy end typiquement netflixienne.

Bref, loin de la réussite annoncée ici ou là, Unorthodox est surtout intéressante par son aspect documentaire.

 

2e

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