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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

A cause des filles..?

J'ai une sympathie particulière pour Pascal Thomas, qui trouve sa source dans le plaisir éprouvé il y a bien longtemps à la vision de films comme Pleure pas la bouche pleine (1973), ou Les maris, les femmes, les amants (1988).

Malheureusement, je ne peux pas dire autre chose que beaucoup de mal de sa dernière production, qui est une véritable catastrophe artistique. Le film est une succession de saynètes autour des relations amoureuses, basées sur les confidences que s'échangent les participants à un mariage raté (le futur mari s'est barré).

Ces petits tableaux composés poussivement ne sont ni drôles, ni originaux. Je ne sauverai de cette calamiteuse série que l'histoire de la jeune femme qui ne supporte pas que les poèmes de Beaudelaire (sic) tatoués sur tout le corps de son amant soient entâchés de fautes d'orthographe.

Le casting, pourtant séduisant sur le papier (José Garcia, François Morel, Rossy de Palma, Irène Jacob), est outrageusement mal dirigé. La scène finale est un massacre hideux, dans lequel une figure tutélaire de la comédie française (Pierre Richard) est sacrifiée. 

Un naufrage à éviter par tout moyen à votre disposition.

 

1e

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La mule

A la question "Que vaudrait le même film sans Clint Eastwood acteur ?", on peut objectivement répondre "Pas grand-chose", voire "Rien du tout".

La mule est en effet un film médiocre de plusieurs points de vue : un montage lymphatique, des personnages secondaires caricaturaux, un scénario anorexique, une mise en scène fainéante.

Le film ne vaut que par l'autoportrait un brin complaisant qu'il constitue. 

Pour résumer, voici ce que l'acteur veut nous faire comprendre : certes, je suis un égoïste insensible aux autres, un poil misogyne, raciste et homophobe, mais en réalité il faut me pardonner parce qu'à la fin tout le monde finit par m'aimer. Le film se résume en effet à cette démonstration : sa femme le déteste puis finit par mourir réconcilié avec lui, sa fille (jouée par Alison Eastwood, sa propre fille) le hait puis finit par l'inviter pour thanksgiving, le policier qui parvient à l'arrêter l'admire, les mafieux mexicains finissent tous par l'apprécier, même les plus durs d'entre eux, les Noirs qu'il traite de niggers lui répondent gentiment.

Le personnage d'Earl suscite l'attendrissement compassionnel comme le ferait un bébé. On pardonne tout au vieux et roué briscard, qu'on devine plutôt soutien de Trump que de Clinton ou Obama, comme l'est Eastwood lui-même.

Les effets émollients de cette auto-hagiographie finissent par atteindre aussi les spectateurs et les commentateurs, qui tous semblent perdre leur sens critique devant ce qui n'est qu'une pochade maladroite qui n'attirerait que les sarcasmes si elle était réalisée par un quidam : les courses se suivent d'une façon très ennuyeuse, les enjeux dramatiques sont ridiculement faibles et l'évolution des relations familiales versent finalement dans des torrents de mièvrerie lors de la réunion familiale.

A ne voir que si vous êtes fan du presque nonagénaire et réactionnaire réalisateur.

 

1e

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L'heure de la sortie

Le film part d'une bonne idée : le professeur d'une classe de surdoués se suicide. Son successeur (Laurent Lafitte, assez peu convaincant) enquête sur un groupe de six  jeunes, beaucoup trop lucides pour leur âge.

Le problème est que le réalisateur, Sébastien Marnier (on lui doit Irréprochable), lorgne dans beaucoup de directions sans en choisir vraiment une. Le film oscille donc entre une enquête fantastique à la mode de Stephen King, un thriller messianique façon Jeff Nichols et une chronique sociale ... à la française. 

L'heure de la sortie est au final une mayonnaise ratée : les effets fantastiques (les bêtes sauvages envahissent la ville, l'électricité varie mystérieusement d'intensité, les cafards sortent de l'évier) surnagent comme de l'huile au-dessus d'un magma informe qui comprend des seconds rôles ratés, une intrigue étirée à l'excès, un évident manque d'imagination et une scène finale très moche.

De bonnes intentions et une ambiance de mystère qui par instant fait mouche : voilà ce qui sauve le film de l'échec total.  

 

2e

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Doubles vies

Le dernier Olivier Assayas mêle de façon assez grossière une réflexion lourdingue (et déjà datée) sur la révolution numérique et des histoires quelconques de coucheries entre bobos.

Sur le premier sujet le film se contente d'enfiler les poncifs tout au long de séquences verbeuses et de longs exposés didactiques qui sonnent particulièrement faux. Cela donne des débats de haute volée dans le genre : "Une liseuse ne remplace pas la bonne odeur du papier ", suivi de :  "Oui, mais on peut partir avec plus de livres en vacances". Passionnant.

Les interactions entre les personnages sont absolument inintéressantes. On retrouve une jeune fille bisexuelle et carriériste qui semble le clone de Kristen Stewart, jouée par une Christa Théret transparente, un Vincent Macaigne égal à lui-même en écrivain raté et une Juliette Binoche en roue libre. Guillaume Canet est un tout petit peu plus intéressant que d'habitude, mais c'est surtout le personnage jouée par l'excellente Nora Hamzawi qui empêche le film d'être complètement nul.

En ce qui concerne le cadre, on navigue dans un univers bourgeois bon chic bon genre sans caractère : propriétés cossues, villa de bord de mer et appartements parisiens platement filmés. La mise en scène est paresseuse.

Tout cela sent l'entre-soi chichiteux, le rance et le roussi. 

N'est pas Alain Resnais qui veut. Le marivaudage sonne ici triste et même pas cruel.

Olivier Assayas sur Christoblog : Après mai - 2012 (*) / Sils Maria - 2014 (****) / Personal shopper - 2016 (**)

 

1e

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L'homme fidèle

Il y a quelque chose de platement germanopratin dans L'homme fidèle : un manque d'ambition dans la mise en  scène, un quant-à-soi satisfait et ronronnant, un réseau de références qui essaye de tenir lieu de talent.

Dans ce film, tout le monde est le quelqu'un de quelqu'un de connu  : Louis Garrel (fils et petit-fils de), Lily-Rose Depp (doublement fille de) et Laetitia Casta (compagne de l'acteur principal / réalisateur).

Le résultat est sans saveur et sans relief. Il comprend deux bonnes idées de scénario non développées (le prétendu meurtre du père et le pari de jeter son homme dans les bras de sa rivale), et pour le reste il se contente d'empiler des scènes superficielles, quelque part entre le marivaudage à la Emmanuel Mouret (sans sa perversité) et le spleen truffaldien (sans sa profondeur, malgré l'usage abondant de la voix off).

Ce n'est pas vraiment désagréable, mais on oublie L'homme fidèle dans les trente minutes suivant sa projection.

Louis Garrel sur Christoblog  : Petit tailleur - 2010 (***) / Les deux amis - 2014 (**)

 

2e

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Utøya, 22 juillet

Il y a dans la démarche du réalisateur Erik Poppe une fausse modestie qui rend son film insupportable.

Pour faire simple, disons que la caméra suit en temps réel et en un seul long plan-séquence une jeune fille durant les 72 longues minutes que durèrent le massacre sur l'île d'Utøya, le 22 juillet 2011. 

Cela pourrait paraître modeste, mais le dispositif tourne vite à la performance : Erik Poppe semble très absorbé par la façon dont il va faire bouger sa caméra, quitte à filmer des choses insignifiantes pour meubler. Comme il fait de son personnage principal une bonne samaritaine qui veut sauver tout le monde (contrairement aux autres jeunes gens qui courent dans tous les sens d'un bout à l'autre du cadre), on doute vite du réalisme de ce qu'on voit, ce qui est un comble quand on sait que le film s'inspire de témoignages des victimes.

On n'est donc pas très à l'aise en regardant le film, malaise aggravé par la séquence où l'on voit une jeune fille mourrir lentement en direct, filmée avec beaucoup de complaisance et des effets très maladroits (la maman appelle sa fille pile au moment où celle-ci vient de rendre l'âme). Utoya, 22 juillet qui aurait pu être un bel hommage aux victimes ou un film instructif sur ce qui s'est passé ce jour-là, est plus énervant qu'émouvant ou dérangeant.

Au final, on ne tire rien de ce film creux qui se regarde le nombril.

 

1e

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Pupille

Pupille aurait pu être un documentaire intéressant. La manière dont Jeanne Herry expose tous les rouages administratifs qui mènent de l'accouchement sous X à l'adoption est en effet riche de découvertes (le constat rédigé par l'assistante sociale, la famille d'accueil transitoire, etc).

Le rythme du film, qui mène son récit sur un tempo de thriller, contribue à capter l'attention du spectateur.

Malheureusement, cette sécheresse évocatrice de la trame narrative est inutilement gâchée par des acrobaties scénaristiques (le bébé va beaucoup mieux une fois que l'assistante sociale lui a parlé de sa maman), des atermoiements longuets (le visage de bébé est au film ce qu'est le chaton à certains comptes Facebook) et des intrigues annexes accessoires (le crush de Karine / Sandrine Kiberlain pour Jean / Gilles Lellouche). 

Pupille perd ainsi de sa force dramatique pour verser dans un pathos qu'il fait initialement mine d'éviter. C'est dommage, car Jeanne Herry possède un réel talent de réalisatrice.

 

2e

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The Mumbai murders

On peut se demander pourquoi Edouard Waintrop, l'excellent délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs de 2011 à 2018, s'est entiché de cet obscur cinéaste indien au point de lui offrir régulièrement une vitrine cannoise.

Waintrop a en effet proposé en quelques années dans sa programmation l'immense fresque Gangs of Wasseypur, Ugly, puis Raman Raghav 2.0, qui sort plus d'un an et demi après son exposition cannoise sous le nom de The Mumbai murders.  

Anurag Kashyap est un cinéaste de la démesure maîtrisée. On retrouve dans son cinéma la même exubérance que dans les films de Bollywood, mais elle est ici mise sous contrôle au service de genres plus conformes à nos goûts d'occidentaux : le thriller, le film policier, l'horreur.

Ce dernier opus est donc dans la lignée des précédents. On ne s'ennuie pas à suivre le périple d'un tueur en série plutôt jovial ("Je tue par passion"), qui parle avec Dieu et cherche un alter ego. Il est poursuivi par un flic plutôt antipathique, pourri, junkie et insomniaque.

Là où le film trouve rapidement une limite, c'est dans le désir forcené de nous imposer un point de fuite évident dès le départ : les deux personnages sont les mêmes, ils se valent. Le scénario, qui avance à marche forcée vers la conclusion de cette idée, manque en conséquence de subtilité. Restent à porter au crédit du film les imposantes scène tournées au sein des quartier pauvres de Bombay, qui sont formidables.

A voir si vous aimez ce type de cinéma indien décomplexé et jamais très loin du mauvais goût.

Anurag Kashyap sur Christoblog : Gangs of Wasseypur - 2012 (**) / Ugly- 2013 (**)

 

2e

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Les confins du monde

Avec ce film, Guillaume Nicloux se rate dans les grandes largeurs. D'une certaine façon, le projet est à la base plus que casse-gueule : porter ses pas dans ceux de Coppola ou Cimino avec un casting incluant Gaspard Ulliel et Guillaume Gouix, c'est osé. Le film n'a pas les moyens de ses ambitions.

Dès le premier plan, très long, très formel, le réalisateur s'affiche comme le Grand Créateur de ce qu'on va voir. Avec le second plan du film, une vision bien trash de charnier, il prend le spectateur en otage. La suite des Confins du monde va sans cesse actionner ces deux ressorts  ("Vous allez déguster" et "Regardez-moi filmer") tout en accumulant les poncifs sur la guerre, la jungle et la vie : les Viets sont des salauds, les serpents ça pique, les putes ont en fait un grand coeur.

En dépit d'une production qu'on devine onéreuse, le film ne fait pas vrai, il est peu incarné et donne à voir des personnages improbables (Depardieu en médecin désabusé) et des péripéties hasardeuses. On pense bien sûr à Apocalypse Now, mais au lieu des hélicos et de Wagner, on a le sexe d'Ulliel et une pauvre batterie de jazz. Pas vraiment la même dimension.

Guillaume Nicloux sur Christoblog : Valley of love - 2015 (***)

 

1e

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Leto

Leto est un bel objet, qui plaira aux esthètes, aux journalistes de rock, aux défenseurs de Kirill Serebrennikov (le réalisateur du film, persécuté par le pouvoir russe), aux fans d'Iggy Pop, aux lecteurs des Inrocks (qui a priori doivent cocher toutes les cases précédentes).

En ce qui me concerne, et le jury du dernier Festival de Cannes a pensé la même chose que moi, j'ai été à la fois intéressé par cette reconstitution de l'URSS pré-glasnost et un peu ennuyé par ce qui m'est apparu comme une molle chronique de personnages peu intéressants. Alors, au risque de m'attirer les foudres des nombreux admirateurs du films, je dirais que j'ai trouvé la musique jouée vraiment quelconque, l'intrigue amoureuse peu intense et le film beaucoup trop long (2h06 pour ne pas raconter grand-chose).

La mise en scène est virtuose, à l'image de la première scène, mais on sent un peu trop qu'elle se sait virtuose. De temps en temps Serebrennikov essaye de rompre la monotonie de sa chronique par une sorte de clip foutraque dans lequel les personnages tentent de s'échapper de leur quotidien. A base d'incrustations assez laides (un procédé qui rythmait déjà son film précédent), le réalisateur rend hommage à des morceaux phares du rock occidental des années 70 (Lou Reed, Iggy Pop). Ces effusions plastiques (auxquelles il faut ajouter écrans splittés et tics divers) empêchent l'émotion et rendent Leto un brin prétentieux.

Chronique biographique de deux artistes, tableau politique, recension d'un mouvement artistique naissant, chronique sentimentale intimiste : Leto essaye sans succès d'être tout ça à la fois, pour ne ressembler au final qu'à un exercice de style sûr de sa force.

 

2e

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La permission

J'ai beau aimer les cinémas du Sud en général et le cinéma iranien en particulier, je dois avouer que le film de Soheil Beiraghi m'a un peu déçu.

Certes, on retrouve ici les qualités qu'on trouve presqu'à coup sûr dans les films en provenance de Téhéran : sûreté de la mise en scène, excellente direction d'acteurs, mise en relief de la complexité des relations humaines.

Mais cette histoire d'une joueuse de futsall empêchée de sortir de son pays par un mari mécontent (tirée d'un fait réel) est un peu trop simple pour remplir tout un long-métrage. Le scénario use donc de différents subterfuges pour que le temps s'écoule : une course poursuite un peu ridicule et qui apparaît en déphasage avec le reste de l'intrigue, des atermoiements répétitifs et des scènes trop longuement étirées.

La permission se laisse toutefois regarder comme un témoignage supplémentaire sur la condition de la femme en Iran. Sur une thématique proche (le pouvoir discrétionnaire d'un mari sur une femme libre, dans une société corsetée) était montré avec bien plus d'intensité dans le formidable film de la regrettée Ronit Elkabetz, Le procés de Viviane Ansalem.    

 

2e

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Diamantino

Je suppose que le kitsch poussé dans ses dernières extrémités peut trouver des amateurs. 

En ce qui me concerne, les aventures de ce clone de Ronaldo bête comme ses pieds ne m'ont pas intéressées du tout. Les chiots géants (et roses) à long poil qui l'accompagnent sur le terrain lors de ses dribbles m'ont laissé de marbre. 

Il y a dans le film une telle volonté de faire n'importe quoi et de le faire mal que cela en devient gênant. J'ai éprouvé en tant que spectateur ce qu'on éprouve à un repas de famille quand un cousin un peu bourré fait une imitation ratée : on a à la fois pitié de lui et on lui en veux de nous obliger à le regarder. 

Les réalisateurs portugais Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt font du sous-Miguel Gomes, en cochant laborieusement toutes les cases d'une bonne conscience sociale et se voulant esthétiquement marginale : sensibilité queer, sujets de société abordés par la bande (migrants, clonage, extrême-droite), esthétisme rétro-ringard.

Le résultat est une monstruosité de mon point de vue. Il faut être fan de série Z regardée au troisième degré pour apprécier ce burlesque au petit-pied.

 

1e

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Le jeu

Fred Cavayé n'est pas un cinéaste très fin, ni dans sa mise en scène, ni dans ses scénarios.

Cela se vérifie dans cette tragi-comédie qui rappelle furieusement Le prénom dans son agencement (un repas de copains durant lequel les masques tombent), en beaucoup moins bien écrit.

On appréciera donc principalement dans Le jeu les performances d'acteur. Grégory Gadebois est impérial, le couple Bérénice Béjo / Stéphane de Groodt touchant, et Suzanne Clément comme d'habitude explosive. 

Si l'idée de départ est amusante (que se passerait-il si on avait libre accès au téléphone de ses amis durant toute une soirée), les développement sont assez poussifs et prévisibles. On rit un peu et on est surpris deux ou trois fois. Pour le reste les ficelles scénaristiques sont un peu grosses et le pied-de-nez final assez déstabilisant.

Pour résumer : un film de dimanche soir, loin d'être indigne, mais dispensable.

Fred Cavayé sur Christoblog : A bout portant - 2010 (**)

 

2e

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Heureux comme Lazarro

Le nouveau film de l'italienne Alice Rohrwacher commence comme son précédent (Les merveilles), que j'avais détesté. A savoir : une communauté retirée du monde, des personnages dont on ne comprend pas forcément tous les agissements et une image volontairement dégueulasse (des coins arrondis et des fils au bord de l'image, le film est tourné en super 16).

On suit donc avec un ennui poli plusieurs personnages, dont le jeune Lazarro, que rien ne distingue a priori des autres.

A la moitié du film, un évènement surprenant nous cloue sur notre fauteuil, et on suit alors la suite de cette histoire mystico-fantastique avec beaucoup plus d'intérêt. Le sentiment de plonger dans la réalité, après un début de film irréel, procure au spectateur une douce sensation d'exotisme à rebours. 

Malheureusement la fin d'Heureux comme Lazarro verse dans une accumulation bien lourde de poncifs en tout genre, avec des scènes finales franchement ridicules. Le film a reçu à Cannes le prix du scénario. C'est à moitié mérité : il y a une réelle originalité dans le développement de l'histoire, mais je sors du film avec le sentiment que cette originalité n'a été que partiellement exploitée.

Tous les acteurs sont remarquables.

 

2e

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The house that Jack built

Il y a quelque chose d'effroyablement triste dans la façon dont Lars von Trier saborde son talent au fil du temps.

Les petites provocations du film (dont l'ablation d'un sein dans l'indélicate intention d'en faire un porte-monnaie, une fois la peau tannée) ne paraissent finalement que roupie de sansonnet face à l'incroyable naufrage en continu que constitue la filmographie de Lars von Trier.

Le nouvel opus de l'âme damnée danoise se situe dans le prolongement de l'exercice précédent, l'inégal et indécent Nymphomaniac : scènes tirées d'une même vie à plusieurs années de distance, voix off omnisciente, focus sur une addiction mal contrôlée, le tout entrelardé de considérations diverses sans grand rapport avec le schmilblick (Glenn Gould, Gauguin, les nazis, Klimt, les cathédrales...).   

Pour ma part je n'ai pas vraiment ressenti de malaise en regardant ce film censé en générer. La logorrhée incontrôlée du personnage principal devient au fil des séquences de plus en plus ennuyeuse, et à l'initiale curiosité malsaine succède vite un ennui carabiné.

La descente finale aux Enfers n'est au final suivi que d'un oeil attristé, bien loin de l'effet dantesque qu'elle est probablement destinée produire. 

Peu dérangeant, ponctuellement séduisant, The house that Jack built finit par paraître inutile, tant l'ego malade de son auteur en vient à contaminer son oeuvre. Une petite chose.

Lars von Trier sur Christoblog : Melancholia - 2011 (**) / Nymphomaniac 1 - 2014 (****) / Nymphomaniac 2 - 2014 (**)

 

2e

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Nos batailles

Le propos du deuxième film de Guillaume Senez est assez intéressant sur le papier : un homme se fait plaquer sans explication par sa femme (qui disparait dans la nature) et doit apprendre à s'occuper de ses deux enfants. 

En pratique, Nos batailles se perd en hésitant entre plusieurs pistes : le tableau familial sus-cité d'une part, et une sorte de militantisme distancié, façon En guerre chez Amazon, d'autre part.

Guillaume Senez met en avant une méthode spécifique de direction d'acteurs, qui consiste à laisser improviser les acteurs dans un cadre pré-défini. Le procédé est censé donner une impression de naturel et de spontanéité. En réalité je trouve que c'est tout l'inverse qui se produit : les comédiens donnent souvent l'impression de chercher l'inspiration (par exemple en se répétant) et Romain Duris semble même à un moment ne plus se rappeler du prénom de sa fille...

Le résultat est donc à mes yeux parfaitement imparfait, et souvent désagréable. Romain Duris ne me parait jamais complètement crédible, mais Laetitia Dosch, tout en retenue, trouve par contre ici un de ses meilleurs rôles. 

Au final, j'ai bien du mal à comprendre l'engouement critique pour ce film, qui est une petite chose quasi-expérimentale qui ne manque pas d'intérêt sans être vraiment enthousiasmant.

 

2e

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Joueurs

Le premier long-métrage de Marie Monge est presque réussi.

Il commence de façon brillante par un tourbillon amoureux qui entraîne avec brio l'excellente Stacy Martin et un Tahar Rahim plutôt convaincant. 

Il continue ensuite par un tableau réussi d'un milieu plutôt mal connu : celui des cercles de jeu parisiens (l'équivalent franchouillard d'un milieu décrit dans un contexte US dans Le grand jeu). 

Il évolue enfin, et malheureusement, vers un mélo plutôt raté qui s'échoue dans une dernière scène d'une faiblesse criarde.

Malgré les grandes maladresses de la deuxième partie, il faut probablement retenir de Joueurs une mise en scène résolue et nerveuse, qui augure de prochains beaux films.

 

2e

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Under the silver lake

Je fais partie des rares spectateurs n'ayant pas adhéré au premier film de David Robert Mitchell, It follows, qui m'avait paru approximatif et actionné par de bien trop grosses ficelles.

Je ne suis donc pas surpris de retrouver dans sa nouvelle production des défauts similaires, amplifiés par les moyens considérables dont a bénéficié Mitchell.

Under the silver lake est  un exercice de style formellement intéressant (mais loin d'être brillant), dont l'évolution narrative n'est absolument pas maîtrisée. Si les premières minutes sont intrigantes et laisse présager de développements qu'on espère délicatement lynchiens, il faut malheureusement assez rapidement déchanter. Loin de Mulholland Drive, Under the silver lake dérive progressivement vers une succession de scènes dont la joliesse ne parvient pas à masquer la vacuité.

On lit ici où là que le film est ultra-référencé (pop culture, mythologie géographique de Los Angeles, films classiques hollywoodiens), mais la plupart des allusions me sont largement passées au-dessus de la tête. Ce à quoi j'ai le plus pensé pendant le film, c'est à l'opacité volontairement entretenue des romans de Dashiell Hammett, dépourvue de la noirceur que ce dernier savait donner à ses atmosphères.

Mitchell essaye de renouveler l'esprit d'une époque (les années 50) en actualisant ses thèmes (le complotisme, la culture hipster) mais en utilisant son formalisme (la musique symphonique, les couleurs pétantes). Le résultat est superficiel et le film finit par s'écrouler sous le poids de son ambition, voire de sa prétention.

David Robert Mitchell sur Christoblog : It follows - 2015 (**)

 

2e

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Kings

C'est toujours très triste de devoir dire du mal d'une réalisatrice dont on a adoré le premier film (Mustang), mais mon honnêteté intellectuelle me pousse à dire la vérité : Kings est effroyablement raté.

La mise en scène est fugacement brillante, mais cela ne suffit pas à sauver un film qui prend l'eau de toute part. Le mélange de genre que tente Deniz Gamze Erguven est tout d'abord complètement loufoque : le film se veut à la fois description d'évènements historiques (les émeutes de 1992 à LA), drame shakespearien, comédie romantique, chronique tendre d'une famille d'accueil, récit d'une éducation sentimentale. Tout cela ne se marie jamais harmonieusement, et peut même devenir indécent par moment.

Ce projet de film complètement irréaliste (mais comment des producteurs peuvent-ils laisser faire cela ?) est empiré par le jeu plus qu'approximatif d'Halle Berry, absolument ridicule quand elle hausse les sourcils ou ouvre la bouche en forme de O pour bien marquer sa surprise. 

On n'est ému par rien et tout énerve, des rêveries érotiques de Millie à la scène du lampadaire lors de laquelle Daniel Craig tente de retrouver sa prestance de James Bond. Tout semble factice, plaqué, contrefait.

C'est excessivement mauvais.

Deniz Gamze Erguven sur Christoblog : Mustang - 2015 (****)

1e

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Après la guerre

Après la guerre, de la réalisatrice Annarita Zambrano, marque le retour du cinéma politique italien. 

Le prétexte est passionnant : en 2002, l'assassinat d'un juge en Italie réouvre de vieilles blessures. Marco, ex-militant réfugié en France grâce à la doctrine Mitterrand, et sa fille de 16 ans Viola, voient tous deux leur vie bouleversées.

La réalisation soignée et élégante sert bien un récit qui explore de nombreuses facettes. La façon dont les membres de la famille de Marco, qui sont restés en Italie et n'ont plus de contact avec lui, sont impactés par l'affaire vingt ans après, est proprement glaçante. On voit bien la promptitude de l'être humain à lyncher son prochain.

Bien que présentant de nombreux points d'intérêt, le film ennuie tout de même un peu, par la faute d'un scénario qui s'étire trop. Les différents aspects de cette histoire compliquée peinent à se rassembler pour former une dramaturgie convaincante. Cette difficulté à vraiment savoir quelle direction emprunter est patente dans la fin du film, qui se termine en queue de poisson, par une péripétie caractéristique d'un état d'esprit "je ne sais pas comment finir".

A voir si vous aimez l'Italie ou les films politiques.

 

2e

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