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Christoblog

Articles avec #michael fassbender

Angel

Rarement le projet d'un réalisateur m'aura autant échappé. Je n'ai en effet rien compris à ce que voulait faire Ozon dans Angel.

Un mélodrame ? Le film ne passionne pas par son propos, tout à fait inintéressant : histoire pâlote, personnages inconsistants, rebondissements erratiques.

Une ode au kitsch ? Angel est certes une sucrerie dégoulinante de couleurs et de musiques à haute teneur en mauvais goût, mais l'accumulation provoque ici l'indigestion.

Un hommage aux standards d'Hollywood, et notamment à Gone with the wind ? Je l'ai lu dans la presse, mais comment comparer le puissant contexte historique des films de cette époque au portrait compassé d'une Barbara Cartland de pacotille ?

Bref, je me suis ennuyé ferme devant cet exercice de style désincarné, mal servi par un casting sans charisme.

 

1e

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Steve Jobs

Ce film n'est pas une biographie classique de Steve Jobs. Il est curieusement construit autour de trois moments clés de la carrière du créateur du Macintosch, trois moments qui précèdent la présentation au public de trois produits différents, qui connaîtront des succès très variables.

Pendant ces quelques heures en coulisse, le scénario invente des rencontres récurrentes avec les personnes qui comptèrent pour Jobs : sa collaboratrice / assistante (incroyable Kate Winslet), sa fille, ses amis de jeunesse, ses patrons.

Les dialogues et la structure du scénario élaborés par Aaron Sorkin sont comme d'habitude complexes et virtuoses, mitraillette intellectuelle qui ne laisse aucun répit à notre cerveau. La mise en scène survitaminée de Danny Boyle, dont l'efficacité dépend tellement de son adéquation au sujet, trouve ici un beau terrain d'expression, tellement l'ébullition mentale permanente de Jobs est raccord avec la fluidité dynamique du réalisateur anglais.

On apprend beaucoup de choses (qu'on oublie immédiatement), y compris sur les zones d'ombre du personnage.

Ces qualités font de Steve Jobs est un divertissement agréable bien qu'un peu ronronnant.

Danny Boyle sur Christoblog : Trainspotting - 1996 (***) / Slumdog millionnaire - 2008 (***) / 127 heures - 2010 (*) / T2 Trainspotting - 2017 (**) / Yesterday - 2019 (**)

 

2e

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Macbeth

Macbeth commence plutôt bien. 

On est impressionné par la rudesse des moeurs et l'âpreté des paysages, qui évoquent un côté sombre et brutal de l'univers shakespearien, rarement montré au cinéma. L'univers de Kurzel rappelle furieusement celui du Guerrier silencieux de Winding Refn.

Hélas, le caractère réaliste et sauvage des paysages écossais s'estompe rapidement pour laisser place à un long clip esthétisant.

La bascule d'un certain vérisme à un baroque boursouflé a lieu assez tôt, lors de la grande bataille, montrée avec force ralentis et jets d'hémoglobine. Elle se concrétise totalement dans le Palais du roi, dans lequel on allume des milliers de bougies, dans un style très "hommage à Lady Diana". Il ne semble manquer alors que la musique d'Elton John.

De chronique médiévale, Macbeth devient brouet new age dans lequel cieux rouge sang et musique envahissante noient l'impact de l'histoire.

Ce glissement est particulièrement triste : le film permettait de nous remémorer l'histoire de Macbeth, incroyablement forte, et l'interprétation est plutôt bonne dans l'ensemble. Quelques trouvailles fonctionnent très bien (les sorcières).

On se demande quelle mouche a piqué Kurzel pour que celui-ci transforme au fil des minutes son austère drame écossais en Game of Thrones sauce bolognaise.

 

 2e  

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12 years a slave

Quel ennui ! 12 years a slave prouve une fois de plus que bons sentiments et grand cinéma ne coïncident que rarement.

Tout est malheureusement très lourd et très fadasse dans ce troisième film de Steve McQueen. Les méchants y sont très prévisiblement méchants, les opprimés sont tous très gentils. Le soleil se couche (on a donc droit à plusieurs couchers de soleil), la lune brille la nuit, l'eau coule, la nature est belle, et le Noir se laisse gagner par l'irrépressible besoin de chanter un gospel.

La progression de l'histoire est édifiante, le film didactique et profondément académique, jusqu'à ses choix de cadres, de mouvements de caméra ou de plans. Par exemple : la pelletée de terre sur la caméra lors d'un enterrement, je pensais que plus personne n'osait ça de nos jours. Les scènes accumulent une telle quantité de poncifs que le film finit par desservir la cause qu'il devrait servir.

Du Steve McQueen de Hunger, il ne subsiste que l'acteur, le toujours impressionnant Michael Fassbender, quelques très gros plans et une coloration doloriste. Ce qui faisait l'originalité de ce premier film (le mémorable plan de 22 minutes par exemple) s'était déjà perdu en route, dans le calamiteux Shame. On dirait que Steve McQueen a volontairement conçu un produit pour les Oscars : lisse, sans accroc, mais sans véritable enjeux dramatiques non plus. Il est fort étonnant de constater que toutes les scènes prétendument insupportables sont totalement désamorcées par l'indigence du scénario, du montage, et parfois du jeu approximatif des acteurs.

Un film de dimanche soir sur TF1.

 

2e

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Prometheus

Comme beaucoup de films très attendus, Prometheus déçoit beaucoup.

Le début du film est pourtant assez réussi, avec un très beau et mystérieux pré-générique, qui n'a malheureusement aucun rapport avec la suite du film, puis une introduction dans laquelle Michael Fassbender est assez intrigant. Les décors sont alors assez plaisants à regarder.

Les choses se gâtent ensuite assez vite, le film présentant une propension assez étonnante à passer de l'objet arty à la série Z la plus nulle : on reconnaît ici la patte Ridley Scott, capable du meilleur comme du pire.

Cette glissade vers la médiocrité commence avec des peintures rupestres assez ridicules et grossières, puis continue avec des scènes d'une bêtise crasse (la découverte du pourquoi de la mission après deux ans de sommeil, l'accouchement par césarienne), des personnages annonant des répliques qu'on a entendu 1000 fois, les bégaiements séniles du scénario qui répète son Alien, des caricatures de scènes d'action (oh, qu'ils sont contents de se suicider pour sauver l'humanité, nos trois valeureux pilotes : ils font même des blagues avant de mourir !).

Les décors prennent progressivement l'allure d'égypto-visco-barocco-machins en carton pâte. On n'évitera même pas la bondieuserie new-age, ni le truc du robot dont la tête est coupée et qui continue à parler, ni les masques pré-colombiens et africains qui donnent une touche so chic and so world au voyage interstellaire.

La fin est bâclée, comme si Ridley Scott souhaitait en finir au plus vite. Bonne nouvelle - attention spoiler : on expédie le décollage du vaisseau de secours en 30 secondes. Mauvaise nouvelle : il y aura peut-être une suite.

  

1e

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A dangerous method

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/98/48/19828696.jpgA force de faire des critiques négatives, je me prends à penser que je suis un blogueur bien ... négatif. Et franchement, avant de voir le dernier Cronenberg, je craignais - le coeur triste et l'âme grise - de devoir rempiler pour une énième descente en flamme.

Mais non. A dangerous method m'a beaucoup touché. D'abord le film est un peu décevant. Keira Knightley semble surjouer, les décors paraissent curieusement ir-réels et en même temps sur-réels (une première touche Cronenbergienne), et l'histoire patine à ses entournures.

Et puis, progressivement, le film décolle. D'abord par de brusques accélérations narratives, puis par la grâce de l'apparition / disparition de plusieurs personnages étonnants (Freud / Gross / la femme de Jung), et enfin par la mise en scène de Cronenberg, pernicieuse et très maîtrisée comme d'habitude. Le Canadien s'affirme de plus en plus comme un des réalisateurs les plus intéressants de sa génération, puisqu'il réussit à surprendre de film en film, contrairement à d'autres qui radotent ou cachetonnent.

Au final, si le résultat n'est pas renversant, il est très plaisant (et instructif, même s'il est aussi simpliste). Une mention spéciale doit être décernée aux acteurs / actrices excellent(e)s, et en particulier à Fassbender, qui tient là peut-être son meilleur rôle depuis Hunger, tour à tour enfant distrait, homme perdu, créateur égoïste et coeur blessé.

La fin est particulièrement émouvante avec une magnifique scène sur un banc dont je ne dirai rien, et des cartons de fin (procédé un peu vulgaire, j'en conviens) terriblement efficaces.

Je recommande le film à tous ceux qui ont besoin d'une analyse, et même aux autres, mais y en-a-t-il ?

 

3e

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Shame

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/81/98/98/19812109.jpg

Attention, cet article contient des spoilers.

 

Dans Shame, on voit très bien ce qu'à voulu faire Steve McQueen. Malheureusement, on voit aussi très bien, et en continu, à quel point il n'y arrive pas.

 

Ce qu'il a voulu faire, c'est montrer l'enfer d'une addiction peu abordée au cinéma, l'addiction au sexe, dont on a commencé à parler récemment seulement, à travers les cas de certaines personnalités, comme Tiger Woods par exemple. Le réalisateur tente donc de nous décrire la spirale pulsion / passage à l'acte / sevrage / rechute / pulsion / etc,  assez classique dans ce genre de situation.

 

Le souci est qu'on ne s'intéresse jamais vraiment aux problèmes de son personnage. Sûrement d'abord par la faute d'un scénario tout à fait bancal, amorçant des pistes tout de suite refermées (le boss, l'amourette avec la jolie secrétaire), et introduisant le rôle de la soeur de façon totalement artificielle. Carey Mulligan semble se spécialiser dans les rôles de cruche, après la maman cruche de Drive, elle s'essaye ici à la cruche pouffiasse avec une conviction moyenne et un résultat déplorable. Jamais je ne suis arrivé à voir les deux personnages comme frère et soeur. Le climax complètement raté (la tentative de suicide alors que Brandon se paye une soirée bien gratinée) est symptomatique de la lourdeur du scénario, qui ne nous épargne aucun cliché.

 

Le film souffre globalement d'un déficit de crédibilité et de mise en perspective.

 

Shame est glacial, glacé, et Fassbender (qui pour une fois semble avoir des difficultés à tenir le manche, si je puis dire) est obligé d'en faire des tonnes (rictus, larme en coin, grimace et prostration) pour nous faire bien comprendre qu'il est mal. La mise en scène, qui m'avait ravie dans Hunger, est ici ampoulée et ne sert rien d'autre qu'elle-même. Bien sûr certains cadres sont bien vus (comme celui du pré-générique) mais c'est le moins qu'on puisse attendre d'un plasticien.

 

L'ennui n'est donc jamais loin, et la déception cruelle.

 

Steve McQueen sur Christoblog : Hunger

 

1e 

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X-men : le commencement

Dieu sait si je peux être réfractaire au concept de film de super-héros, et aux comics en général.

C'est donc un peu contraint par les bons retours sur ce film que je m'y suis rendu, et aussi parce dans le casting (il faut dire incroyable, tous les jeunes dont on parlent y sont, ou presque) figurent deux de mes acteurs favoris : le merveilleux Michael Fassbender et la craquante Jennifer Lawrence.

Surprise : la première partie du film est une séries d'études psychologiques plus qu'un film de baston. Etre spécial, accepter sa différence, devenir adulte, faire des choix (entre le bien et le mal, sans vraiment savoir où se trouvent l'un et l'autre), entretenir une amitié, discipliner ses capacités : je n'aurais pas pensé trouver tout cela dans un film Marvel.

J'ajoute que la mise en scène est très belle, limpide, rappelant parfois Spielberg ou les meilleures réussites des films de genre, comme Casino Royale par exemple. L'ambiance 60ies a beaucoup de charme, les décors sont splendides et utilisés avec beaucoup de discernement. Tous les acteurs ont une pêche d'enfer (James McAvoy en gentil et Kevin Bacon en méchant sont parfaits) et même les scènes d'action de la deuxième partie sont belles, et n'en ajoutent pas dans le spectaculaire.

Le prototype du parfait pop-corn movie. Du coup, au risque d'être déçu, j'ai bien envie de voir ce qui va arriver à tous ces mutants fort sympathiques en regardant le reste de la saga, que je ne connais pas.

 

3e

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Hunger

Michael Fassbender. Becker Films InternationalAttention chef d'oeuvre.

Le premier long métrage du vidéaste Steve Mc Queen est un coup de maître. On aurait pu craindre un objet expérimental pour public branchouillé, et c'est une vraie histoire qui nous est comptée ici. Celle de Bobby Sands, prisonnier politique de l'IRA qui est décédé suite à une grève de la faim, comme 7 de ses camarades. Le film m'a appris beaucoup de chose sur cette période, que je ne connaissais pas (les menaces pesant sur les gardiens de prison, la grève de l'hygiène).

 

La force de la volonté de ces hommes et le pouvoir qu'ils se donnent sur leur propre corps sont hallucinants. La fermeté de Thatcher est d'une violence inouie et sa simple voix off donne des frissons. D'une certaine façon, on a du mal à admettre que ces évènements aient pu se passer chez nous, en Europe, il y a si peu de temps.

Mais le film dépasse le genre du film de prison, ou du film politique, pour visiter autre chose : la capacité qu'à une caméra à capter la réalité des sens et à la restituer aux spectateurs. Et là, c'est peut être la formation première de Steve McQueen qui joue à plein car la réussite est totale : on sens le flocon de neige se poser sur le visage, on entend ces cris furieux puis ces silences assourdissants, on inspire cette odeur de crasse et de pisse, on souffre du contact de la pommade sur les plaies, on inspire la fumée de cigarette.


Hunger est une réflexion sur le don de soi, sur la matérialité des choses, mais c'est également un objet cinématographique parfaitement conçu et réalisé. L'intérêt porté aux personnages secondaires (gardien de prison, long plan séquence magistral - 22 minutes ! - de la conversation avec le prêtre, jeune soldat terrorisé par les bastonnades) densifie le propos tout en le recentrant.

Du grand art. Et que dire de l'acteur, Michael Fassbender ? Au delà de la performance physique il donne à voir son âme.

 


Peut être le plus beau film de l'année, plastiquement, émotionnellement, intellectuellement.


4e

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