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Christoblog

Articles avec #song kang-ho

Ça tourne à Séoul ! Cobweb

Tout ce qui me déplait dans le cinéma de Kim Jee-Woon est ici présent : une écriture foisonnante au point de nous perdre, une lourdeur pachydermique dans l'utilisation des effets et globalement une inaptitude totale à la concision et à l'efficacité.

Ces désagréments, qui rendaient par exemple J'ai rencontré le diable quasiment non regardable, sont ici atténués par le pittoresque du sujet : le tournage compliqué d'une série B par un metteur en scène raté (parfait Song Kang-Ho, comme d'habitude, dont on ne sait dire s'il est nul ou s'il est génial).

Par un étrange jeu de miroir, les élans maladroits et le style ampoulé de Kim Jee-Woon entrent bien en résonance avec les manières de faire du principal personnage du film. Si la première partie de Cobweb est tout à fait confuse (c'est l'habitude de la maison), la fin est plus intéressante et la scène finale du "film qui est tourné dans le film" est un moment enthousiasmant. On y voit à la fois le produit final et la façon dont le tournage a eu lieu, comme dans Coupez !, et l'effet produit est aussi amusant que dans le film d'Hazanavicius.

Il manque toutefois au film un petit quelque chose pour que ce retour de Kim Jee-Woon, qui avait quasiment disparu des radars depuis 2010, soit vraiment réussi.

Kim Jee-Woon sur Christoblog : 2 soeurs - 2003 (*) / A bittersweet life - 2005 (**) / Le bon, la brute et le cinglé - 2008 (**) / J'ai rencontré le diable - 2010 (*)

 

2e

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Les bonnes étoiles

On sait la facilité avec laquelle Hirokazu Kore-Eda est capable de faire surgir émotions et sourires des situations les plus prosaïquement tristes et/ou violentes.

En s'attaquant ici au phénomène des "baby box" qui permettent d'abandonner des bébés en Corée et au Japon, il joue donc sur du velours. Quête d'identité, interrogation sur ce qui fonde réellement les liens familiaux, amitiés, lutte entre bien et mal : autant de thèmes qui irriguent son oeuvre, de Tel père, tel fils à Une affaire de famille, et qui trouvent à nouveau ici un parfait terrain d'expression.

L'originalité de ce nouvel opus réside dans le fait de tourner avec les deux superstars coréennes que sont Doona Bae et l'immense Song Kang-Ho, justement récompensé par le prix d'interprétation masculine à Cannes. La langue coréenne confère à ce road trip désabusé une aura un peu différente des autres films de Kore-Eda : un exotisme mélancolique et tranquillement désespéré.

La mise en scène est souveraine. Scènes d'intérieur, rues de Séoul sous la pluie, plans larges en extérieur et habitacle confiné de voitures, Kore-Eda sait tout filmer en captant la moindre émotion sur les visages de ses personnages.

Les bonnes étoiles est rondement mené pour notre plus grand plaisir jusqu'à une fin malheureusement un peu confuse. Pas au niveau du meilleur Kore-Eda (Une affaire de famille, Notre petite soeur), mais un très beau film.

 

4e

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Parasite

Quel merveilleux film que le dernier Bong Joon-Ho, qui porte à leur plus haut point toutes les qualités déjà vues dans les films précédents du réalisateur coréen.

Le plus remarquable pour commencer c'est la fluidité parfaite du scénario, qui glisse merveilleusement d'une situation à une autre avec un sens du rythme qui captive sans aucune interruption. 

Bong Joon-Ho possède une capacité hors du commun pour mélanger les genres au sein d'un même film  : on passe ainsi progressivement (ou même alternativement) de la comédie burlesque à la satire sociale, du thriller hitchcokien au film d'épouvante, et de la chronique quotidienne au mélodrame sentimental, sans que jamais la narration ne semble ralentie ou affaiblie par ces changements de ton.

Il serait réducteur de présenter le film comme une allégorie de la lutte des classes (bien des médias ne s'en priveront pas) : il est bien plus que ça. La prestation de ces acteurs, à commencer par le magnifique Song Kang-Ho, sorte d'alter ego du réalisateur à l'écran, magnifie les sentiments qui unissent les membres de cette famille pauvre.

Les héros chez Bong Joon-Ho ne sont pas toujours très intelligents et ne sentent pas très bon (quelles formidables et dramatiques variations sur le sujet dans Parasite). On l'avait déjà bien réalisé en regardant The host ou Memories of murder. Mais ils agissent, tentent de progresser et de s'entraider avec une énergie positive qui force l'admiration.

Ajoutez aux qualités du casting et du scénario une mise en scène vive, déliée et élégante, une utilisation absolument géniale des décors (la scène de l'inondation est une merveille de réalisme), et vous obtiendrez un plaisir de spectateur total.

Le meilleur film de l'année à ce jour et une Palme d'or amplement méritée.

Bong Joon-Ho sur Christoblog : Memories of murder - 2003 (****) / The host - 2006 (***) / Mother - 2009 (***) / Snowpiercer - 2013 (*) / Okja - 2017 (**)

 

4e

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Thirst, ceci est mon sang

A chaque vision d'un film de Park Chan-Wook (Old boy, Lady Vengeance, Je suis un cyborg...), je me fais la même réflexion : ce mec est fou.

Pas fou intelligent, ou gentiment folledingue, non, vraiment ravagé. Bien, sûr on songe à Cronenberg, mais ce dernier fait figure de sage séminariste à côté des excentricités de notre ami Park.

Thirst ne se satisfait pas d'un scénario complètement allumé (un prêtre qui teste un vaccin devient accidentellement un vampire), mais il lui faut accumuler les circonstances les plus abracadabrantes (la belle-mère qui devient paralysée et assiste impuissante à des tas d'horreurs, le noyé dont le corps réapparaît dans les moments les plus bizarres, y compris entre les deux amants en plein coït !!).

Les effets de décors (cet intérieur absolument blanc), le jeu des acteurs et la mise en scène sont absolument excentriques, et comment dire ... un peu too much. La démesure n'arrête donc pas le réalisateur : c'est parfois très réussi, souvent d'un mauvais goût tellement outrancier qu'on a peine à croire à ce qu'on voit, et presque tout le temps surprenant.

Si Song Kang-Ho (quel acteur !) joue son rôle avec une certaine mesure, l'actrice principale Ok-bin Kim est très ... expressive et, il faut le dire, assez craquante.

Au final, Thirst représente autant une expérience de vie qu'un film, tellement le tourbillon d'images, de sentiments et de réflexion qu'il entraîne échappe à l'analyse conventionnelle.

 

3e

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Memories of murder

Un coin de campagne en Corée, dans les années 1980.

Une jeune fille habillée de rouge est retrouvée violée puis étranglée. Puis une deuxième.

Les deux flics du coin, une brute patibulaire qui croit reconnaître un coupable en le regardant dans les yeux, et un teigneux violent et obsédé, n'arrivent pas à gérer l'affaire.

Un jeune policier de Séoul, beau et malin, rompu aux méthodes plus modernes d'enquête, vient les épauler.

Un troisième corps est découvert grâce à lui.

A partir du schéma classique du serial killer, Bong Joon-Ho réussit un film très prenant et très beau.

Bien sûr, le développement de l'enquête qui ne ménage pas rebondissements et suspense, est captivant en soi. Je ne peux pas en dévoiler grand-chose sans gâcher votre plaisir de spectateur mais sachez qu'il faut toujours écouter les histoires que se racontent les jeunes filles dans les écoles, que la radio peut se révéler une aide précieuse dans ce type d'enquête, et que les hommes portant une culotte rose se réfugient dans les mines à ciel ouvert.

Au-delà du prétexte policier, déjà très agréable, Bong Joon-Ho nous offre une mise en scène raffinée, absolument étonnante chez un jeune réalisateur dont c'est le deuxième film. Les scènes de groupe démontrent par exemple un sens du cadre et de la composition remarquable (la scène du restaurant quand le commissaire vomit). L'alliance d'un réalisme très cru par moment (les cadavres) et d'un esthétisme discret mais très présent (le ralenti sous la pluie, la façon de filmer la nature, le brio des scènes d'action, l'atmosphère magique de la mine, l'épilogue élégiaque) donne au film une beauté plastique "qui fait sens". De ce point de vue Memories of Murder rappelle évidemment le style de David Fincher et préfigure d'une certaine façon Zodiac.

Percent également dans le film le sens de l'observation sociale qui sera le terreau de l'excellent The Host, et la finesse de l'étude psychologique avec des personnages qui évoluent beaucoup de ce point de vue tout au long du film. Tous les acteurs, Song Kang-Ho en tête, sont très bons.

A noter que l'intrigue se nourrit de faits réels, et fut tourné non loin du lieux des crimes.

Un classique en puissance.

 

4e

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Secret sunshine

Secret Sunshine est une belle manifestation du talent subtil de Lee Chang-dong, ancien ministre de la culture de son pays de 2002 à 2004.

Le film, tout en étant un mélo d'une noirceur abyssale, arrive à multiplier les changements de ton.

Comédie de moeurs d'abord, à travers le personnage du garagiste simplet interprété par l'extraordinaire Song Kang-ho, probablement le meilleur acteur coréen. Mais aussi critique de la société sud coréenne (excellente analyse de l'influence des sectes), tragédie classique (la rencontre en prison), thriller flou, drame psychologique, voire farce burlesque.

Le tout est sobre, rarement ennuyeux, mis en scène de façon classique mais élégante. Un film attachant, empreint d'une sourde tristesse, mais aussi d'une belle espérance. L'actrice est exceptionnelle et mérite 1000 fois son prix d'interprétation à Cannes.

Parfait pour découvrir un cinéma coréen hors des polars et thrillers.

 

3e

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