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Christoblog

De nos frères blessés

L'histoire que raconte De nos frères blessés est édifiante. Fernand Iveton (Vincent Lacoste) est né en Algérie. Il est communiste et soutient le FLN dans la guerre qui ne dit pas encore son nom, ce qui lui vaudra un procès inique.

L'intérêt du scénario, co-écrit par Hélier Cisterne, sa compagne Katell Quillévéré et Antoine Barraud (à qui on doit le récent Madeleine Collins) réside principalement dans cet éclairage historique sur une période sombre, peu fréquent dans le cinéma français. On découvre ici les exécutions arbitraires et la torture : des méthodes de dictature appliquées par la république française.

Malheureusement, j'ai trouvé le film assez inintéressant pour le reste. Le style de mise en scène est peu affirmé, oscillant entre happening efficace (la scène d'ouverture) et scènes de drame sentimental filmées comme un épisode de Plus belle la vie. Le montage alterné mêlant plusieurs époques ne m'a pas convaincu non plus de son utilité. Enfin, Vincent Lacoste et Vicky Krieps ne sont pas les meilleurs interprètes pour ces personnages très politiques, dont j'aurais préféré qu'ils soient incarnés par des visages moins "à la mode".

De nos frères blessés dégage un doux parfum d'ennui vintage, pas vraiment désagréable mais un peu factice, à l'image de la petite moustache qu'arbore Vincent Lacoste dans le film. La guerre d'Algérie attend toujours son grand film.

 

2e

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Plumes

Voici un film étrange. Ceux qui iront le voir en pensant voir une farce burlesque (ce que son pitch peut laisser penser : un homme est transformé en poulet par un magicien) en seront pour leurs frais.

Ils découvriront finalement un exercice formel qu'on pourrait qualifier d'expressionnisme en couleur, parsemé de visions parfois étonnantes. Au passage, Omar El Zohairy (qui fut l'assistant de Chahine et de Nasrallah) dresse un tableau peu reluisant de l'Egypte contemporaine, dans laquelle chaque homme semble destiné à faire des reçus ou à compter des liasses de billets.

Enfin, le film est un récit d'émancipation féminine qui se finit par des actes assez forts et plaisants que je ne dévoilerai pas ici.

Tout cela est intellectuellement très stimulant, mais il faut que les futurs spectateurs soient bien conscients que le mutisme forcené des personnages rend la vision de Plumes un tantinet fastidieuse.

 

2e

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House of Gucci

Assez mal accueilli à sa sortie, House of Gucci est très intéressant pour qui ne connait pas l'histoire de Maurizio Gucci, ce qui était mon cas.

Ridley Scott nous conte d'une façon très professionnelle ces mésaventures familiales, qui n'ont rien à envier en férocité à celles de la famille Roy dans Succession.

La première partie du film est véritablement captivante. Lady Gaga révèle un potentiel d'actrice insoupçonné, Adam Driver est incroyablement juste et séduisant, Jared Leto compose un personnage unique avec classe, Al Pacino n'en fait pas trop et Jeremy Irons est glaçant. La qualité du casting est d'un niveau rarement atteint.

La direction artistique est parfaite et la mise en scène redoutablement efficace. A noter que le sujet du film n'est pas du tout la mode, ce qui a été pour moi une vraie surprise. C'est à peine si on voit dans le dernier tiers du film quelques images d'un défilé de Tom Ford.

Le film s'assombrit doucement alors que les années passent, et le récit se délite un petit peu dans la deuxième partie. Le rythme semble s'amollir et notre intérêt s'émousse, peut-être parce que le personnage joué par Lady Gaga devient secondaire. Les tensions dramatiques paroxystiques qui se développent alors manquent d'incarnation, et les 2h37 du film se font par moment lourdement sentir.

L'ensemble constitue toutefois un morceau de choix, qu'on pourra apprécier de différentes façons, suivant qu'on soit plutôt sensible à la munificence des décors, ou à la maestria des acteurs et actrices.

 

2e

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L'ombre d'un mensonge

Le nouveau film de Bouli Lanners, tourné en anglais, présente une première qualité essentielle : nous montrer des paysages écossais (les îles Hébrides) d'une beauté irréelle.

Autre point fort de L'ombre d'un mensonge : le jeu des deux personnages principaux. Bouli Lanners est très convaincant et Michelle Fairley (la Catelyn Stark de Games of Thrones) fait preuve d'une élégance rare.

Pour le reste, le film est modeste. Il vaut pour sa grande justesse dans les choix de mise en scène et ses intentions simples mais efficaces. Clovis Cornillac, par exemple, fait une apparition très touchante.

J'ai été finalement touché par cette histoire d'amour simple mais belle, filmée avec tact et distance, comme une sorte d'understatement émotionnel.

A voir, éventuellement.

Bouli Lanners sur Christoblog : Les géants - 2011 (*) / Les premiers, les derniers - 2016 (**)

 

2e

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L'histoire de ma femme

Comment un film avec autant de qualités sur le papier (une histoire au long cours passionnante tirée de l'oeuvre du Hongrois Milan Fust, des acteurs de haut niveau, une réalisatrice subtile et douée) peut-il au final être aussi décevant ?

Probablement pour trois raisons principales : un montage calamiteux, un mille-feuilles incohérent dans le pudding européen que semblent être la production et la direction artistique du film (le film est "germano-italo-hongrois"), une longueur totalement inappropriée qui rend le film indigeste (2h49).

Des les premiers plans, on sent qu'on va s'ennuyer comme jamais : les images s'enchaînent sans unité narrative ou esthétique (des cachalots, une mer démontée, des bateaux). Au final, le film est un fiasco du début à la fin, trop lent, lourd, mal maîtrisé, parfois vulgaire (je pense à des images de couchers de soleil d'une niaiserie abyssale). Léa Seydoux n'est pas formidable, et l'acteur Gijs Naber est un peu monolithique.

Enorme déception de la part de la réalisatrice hongroise Ildiko Enyedi, dont le film précédent, Corps et âme, Ors d'or à Berlin, était très beau.

Ildiko Enyedi sur Christoblog : Corps et âme - 2017 (***)

 

1e

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Petite nature

Quel sujet casse-gueule !  Un garçon de 10 ans issu d'une famille défavorisée tombe amoureux de son professeur et le drague, à Forbach.

Exprimé comme cela, on peut craindre le pire, du réalisme social glauque à la romance malaisante, en passant par le chantage au suspense psychologique. 

Mais Samuel Theis évite tous les écueils, grâce à une mise en scène élégante et surtout grâce à la prestation exceptionnelle du jeune Aliocha Reinert, qui fait preuve d'une sensibilité formidable. Petite nature avance donc dans son histoire avec beaucoup de tact, à coup de vigoureuses ellipses et sur la base de ce qu'on pourrait appeler un naturalisme poétique.

On est charmé par le rythme faussement indolent du film, sa faculté à capter des fragments de réalité brute et à dérouler une narration qui au final s'avère millimétrique.

C'est très beau.

Samuel Theis sur Christoblog : Party Girl - 2013 (***)

 

4e

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La Mif

La Mif est un film qui peut rappeler dans l'esprit et par la méthode Entre les murs de Laurent Cantet : un mélange subtil de fiction et de documentaire, des personnages qui jouent un rôle basé sur leur propre personnalité, dans un milieu qui leur est naturel.

Au lieu de la salle de classe on est ici dans un foyer d'accueil pour adolescent. Le réalisateur, Frédéric Baillif, choisit un montage original qui fait mouche : chaque séance est centré sur un personnage, et on revoit certaines scènes dans plusieurs séquences, qui revêtent alors une signification différente (un effet Rashomon à répétition).

Au delà des intrigues parfois un peu tarabiscotées, c'est l'énergie vitale des actrices qui porte ce film attachant et efficace. Malgré toutes les horreurs vécues (que pour certaines, on ne fait qu'imaginer) les émotions, l'espoir et l'amitié peuvent continuer à briller. 

 

3e

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Rien à foutre

Ce premier film présenté à la Semaine de la Critique 2021 commence comme du Stéphane Brizé. On se dit qu'il s'agit de nous montrer les conditions de travail difficiles des hôtesses de l'air de compagnie low cost : management à la fois mielleux et impitoyable, objectifs individuels de vente, absence de perspectives, planning démentiel.

Mais on se rend vite compte que la sécheresse didactique de Brizé ne conduira pas le film. Il s'agit plus ici de partager le vague à l'âme étrangement détaché de Cassandre, magnifiquement interprété par Adèle Exarchopoulos, qui tient ici son meilleur rôle depuis La vie d'Adèle.

Plutôt que d'explorer les arcanes sociologique de ce milieu professionnel peu montré au cinéma, on voit donc notre hôtesse de l'air se promener désoeuvrée dans des villes indéterminée, coucher avec des hommes au gré des rencontres d'une nuit, se griser de musique dans des clubs en s'alcoolisant, ou discuter avec ses collègues. Ces déambulations se teintent rapidement d'une connotation plus grave : on comprend que sa mère est décédée récemment dans un accident de voiture.

Rien à foutre change alors de tonalité et devient progressivement un film sur le deuil. C'est lors d'une séquence magnifique (un coup de fil d'Orange), dans laquelle Adèle Exarchopoulos est bouleversante, que l'on perçoit pleinement quel est véritablement le coeur du film.

La dernière partie de Rien à foutre se concentre sur ce sujet et le métier de Cassandre disparait alors au second plan. Elle est un peu plus convenue que la première, mais est très efficace et se conclut sur un dernier plan de toute beauté.

Un première oeuvre d'une grande sensibilité, qui capte parfaitement l'air du temps, à découvrir.

 

3e

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Ali & Ava

Pas si courant de voir un tableau des classes défavorisées anglaises sous forme de feel-good movie ! On est ici bien loin des films de Ken Loach. 

Porté par deux interprètes formidables, Ali & Ava confirme le talent incroyable de Clio Barnard, qui parvient à faire émerger d'intenses émotions d'un background terriblement réaliste.

Le film évite tous les clichés misérabilistes pour tisser une fine trame narrative dans laquelle peut éclore la bulle de sensibilité qui entoure les deux personnages principaux. La réalisatrice réussit formidablement à dessiner une ambiance en quelques plans : feux d'artifice, plan sur la ville, pluie sur un vélum, intérieur confiné. Les larmes viennent souvent aux yeux, sans qu'à aucun moment la sensiblerie ne pointe le bout de son nez.

J'ai beaucoup apprécié la façon dont le personnage d'Ali évolue au fil du film : d'abord très drôle, voire burlesque, puis de plus en plus intérieur au fur et à mesure que ses sentiments évoluent, comme la musique qu'il écoute passe progressivement du rap au folk.

L'amour épaissit et assombrit ces deux-là, en même temps qu'il les remplit. C'est très beau.

Clio Barnard sur Christoblog : Le géant égoïste - 2013 (****)

 

4e

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Belfast

Comme dans le beau Hope et glory, Kenneth Branagh nous propose ici un film nostalgique et autobiographique, entre moments magiques liés à l'enfance et tragédie historique (ici les conflits entre protestants et catholiques en 1969 à Belfast).

Mais le réalisateur nord irlandais est bien loin d'avoir le talent de John Boorman. Ici, la nostalgie n'est pas touchante, elle est lourdingue et sirupeuse. Le contraste entre les regards de l'enfance et la violence des adultes n'est pas génératrice de poésie, mais elle donne lieu à un mille-feuille indigeste qui juxtapose les thèmes sans les unifier.

Tout est mauvais, ou presque, dans ce film : le clip d'ouverture sur l'actuel Belfast est un monstre de laideur, l'utilisation du noir et blanc (et de la couleur pour les fictions) d'un mauvais goût absolu, les décors et la photographie sont laids et factices, la direction du jeune acteur approximative.

Seul point positif que j'ai vu dans le film, c'est la prestation des deux grands-parents (joués par Judi Dench et Ciaran Hinds, le formidable César de la série Rome), délicieux tous les deux.

A éviter.

 

1e

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Robuste

Robuste est un film fragile.

Son scénario n'est pas le point fort du film : il est éthéré et finalement peu stimulant.

Tout l'intérêt du film réside dans la confrontation rêveuse de deux immenses présences : la densité de Gérard Depardieu dans un rôle de vieil acteur mal léché face à la robustesse de lutteuse de Déborah Lukumuena, révélée dans l'excellent Divines.

C'est à la fois peu et beaucoup. Il faut un réglage millimétrique dans chaque scène pour que la rouerie de Georges (qui parfois frôle le génie) ne "mange" pas la placidité inquiète et juvénile d'Aïssa. Mais cela fonctionne globalement, même si certains passages sont un tout petit peu faibles, surtout dans la deuxième partie du film.

L'impression générale est émouvante et intrigante. Il n'est pas si courant d'assister à une rencontre profonde qui n'est pas amoureuse.

A découvrir.  

 

2e

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Médecin de nuit

Quelle excellente surprise que ce thriller tendu et nocturne d'Elie Wajeman qui s'était un peu égaré dans son film précédent, Les anarchistes.

Dans cette histoire qui se déroule au cours d'une seule nuit, on passe par toutes les émotions que procurent les grands films d'errance nocturne : sentiment d'ivresse et de perdition, peur, fascination, tension sexuelle, désinhibition, impression de prendre des décisions qui changent la vie, etc.

La mise en scène est parfaite, nerveuse, tendue comme un arc, proche des visages. Elle est servie par une photographie admirable et une brochette d'acteurs au top de leur talent. Vincent Macaigne trouve ici probablement son meilleur rôle, alors que Pio Marmai est parfait dans un rôle ambigu et Sara Giraudeau plus magnétique que jamais.

Le scénario de ce film ramassé (1h22 seulement) nous tient en haleine jusqu'au dernier plan renversant. Une pépite noire.

Elie Wajeman sur Christoblog : Les anarchistes - 2014 (*)

 

3e

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The souvenir - Part II

J'ai dit tout le mal que je pensais de l'épisode I dans un article précédent

Force est de constater que ce deuxième opus évite les principaux écueils de son prédécesseur. Il est moins poseur, moins apprêté et globalement plus émouvant.

Le sujet du film se prête à cette simplification : il s'agit de montrer l'héroïne de l'épisode précédent en train de tourner un film sur l'histoire d'amour toxique qu'elle a vécu. Les évènements sont donc moins déjantés et l'émotion plus palpable.

On est plus enclin à s'attacher à la personnalité de Julie et à son approche sensible du travail de deuil. Les rencontres avec sa mère et avec les parents d'Anthony sont particulièrement touchantes.

Toutefois, je ne peux m'empêcher de trouver le projet de la réalisatrice un peu léger et nombriliste, à l'image de cette longue séquence onirique ou de ce dernier plan sous forme de mise en abîme élégante, mais sans beaucoup de sens.

Joanna Hogg sur Christoblog : The souvenir - Part I - 2022 (*) 

 

2e

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The innocents

Cela commence comme un thriller d'épouvante classique : musique bien inquiétante, mouvements de caméra sur-signifiants, bruits qui font sursauter, décor à l'unisson.

On est dans le style "pour bien comprendre que la petite fille est méchante on va la montrer en train d'écraser un ver de terre".

Et finalement, il se terminera de la même façon : parcourant les chemins bien balisés du film qui cherche à faire peur. Entre temps, il y aura eu un frémissement, quelques passages lors desquels on aura été étonné par un plan, ou intrigué par un changement de perspective... mais au final, rien de bien enthousiasmant, ou novateur.

On songe à Morse, qui était infiniment plus déstabilisant et profond. Ici, les astuces et les procédés sont bien trop évidents pour ne pas gêner la catharsis. The innocents est une oeuvre formatée et un peu froide, qui ne parvient qu'épisodiquement à dépasser son statut d'exercice de style.

Eskil Vogt sur Christoblog : Blind - 2015 (*)  

 

2e

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The lost daughter

Tout sonne faux dans le film de Maggie Gyllenhaal. 

Leda (Olivia Colman) regarde une jeune mère sur une plage et revit un passé qu'on devine tragique. La mise en scène est lourde et sur-signifiante, essayant d'installer une ambiance de suspense mafieux qui fait pschitt.

La maison vide, le personnage mystérieux et séduisant joué par Ed Harris, la dissimulation de la poupée : tout est cousu de fil blanc pour nous amener à nous inquiéter, un peu à la manière qu'affectionne François Ozon, mais avec beaucoup moins de subtilité.

Lorsque les flash-backs arrivent, le manque de légèreté de The lost daughter devient lourdeur gênante. Le grain de l'image et la vacuité des images de ces sirupeuses parenthèses plombent totalement la deuxième partie du film. Ces allers-retours temporels l'entraîne progressivement dans un tourbillon d'insignifiance jusqu'à un happy end ridicule.

Creux et vain.

 

1e

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Un autre monde

Stéphane Brizé conclut avec Un autre monde sa trilogie du travail, commencée par La loi du marché, puis poursuivie par En guerre, et le moins que l'on puisse dire, c'est que la profondeur du propos s'est dégradée au fil des trois films.

Dans son dernier opus, Brizé dresse le tableau d'un patron d'usine obligé par son méchant actionnaire américain de licencier 10% de ses effectifs. Et c'est pratiquement tout.

Evidemment, cela ne suffit pas à remplir tout un film. Il faut donc ajouter un peu de drama familial à travers le tableau touchant (même si pas très bien dessiné) d'un fils qui pète les plombs sous la pression d'une école de commerce.

Si les acteurs sont formidables (Lindon, Kiberlain, Bajon) et certaines situations criantes de vérité (la scène formidable du divorce), le film pêche tout de même par un manque de densité et de vraisemblance. Les passages en entreprise sont particulièrement peu convaincants. Un seul exemple : le travail du personnage joué par Lindon semble consister à annoter des papiers devant un ordinateur allumé. Une petite dizaine de plans de ce genre ponctuent le film, comme si Brizé était incapable d'inventer une autre activité pour un directeur d'usine.

Quant à la fin pontifiante et sentimentale, elle couronne le contenu programmatique d'un film malheureusement très balisé.

Stéphane Brizé sur Christoblog : Quelques heures de printemps - 2012 (****) / La loi du marché - 2015 (****) / Une vie - 2016 (***) / En guerre - 2018 (**)

 

2e

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Mon année à New-York

Le covid a brutalement interrompu la carrière de ce joli film présenté en ouverture du Festival de Berlin, en février 2020, et qui n'a jamais trouvé le chemin des salles françaises, englué dans l'embouteillage post confinement.

Mon année à New-York doit beaucoup à ses deux interprètes principales : Sigourney Weaver impériale en agent littéraire de JD Salinger et Margaret Qualley, irrésistible en jeune employée ingénue de la maison d'édition du prestigieux et mystérieux écrivain. Cette dernière, découverte dans la série Leftovers, et qui explose depuis (on l'a vu par exemple dans Once upon a time ... in Hollywood de Tarantino, et dans la série Maid), est rayonnante. Sa prestation enjouée entraîne le film dans un tourbillon frais et vintage.

Les années 90 sont délicieusement reconstituées, et forment un cadre parfait à ce récit d'apprentissage charmant et instructif, dans lequel l'informatique est encore balbutiante.

Une oeuvre sans chichi du québécois Philippe Fallardeau, à déguster en DVD ou sur Canal+. 

 

2e

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The souvenir - Part I

Quel film froid et compassé que celui-ci !

Joanna Hogg nous propose un condensé de cinéma d'auteur prétentieux : auto-portrait en creux, rythme indolent, longueurs inutiles, images dans le film illustrant le film en devenir du personnage / réalisatrice, intérêt dramatique inexistant, confusion volontaire de la réalité et des songes, cadres savants mais dépourvus de sens, regards caméras sur-signifiants, photographie éteinte, plans fixes sur la nature accompagnés d'une voix off pontifiante, temporalité bousculée, ruptures de ton incessantes, etc.

Difficile d'imaginer un cinéma plus intellectuel, plus poseur et moins sensuel : on est quelque part entre Chris Maker et Kelly Reichardt, mais sur un mode "film de fin d'étude" bricolé dans sa chambre d'étudiante.

C'est peu dire qu'on se contrefout de cette histoire d'amour à la sensualité de hareng saur, et à laquelle on ne croit pas un seul instant.

L'actrice principale, Honor Swinton-Byrne, tourne aux côtés de sa maman, Tilda Swinton. Les deux ne sont pas mauvaises, mais ne sont pas aidées par le charisme d'épagneul breton de l'acteur Tom Burke.

Une expérience de la fadeur la plus extrême, qui ne m'encourage pas à aller voir la deuxième partie.

 

1e

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Piccolo corpo

Le sujet du premier film Laura Samani n'est a priori pas très avenant : en 1900, une jeune femme dont le bébé est mort-né entame un voyage vers une église dans les montagnes, où son bébé pourrait être ressuscité le temps d'un souffle, pour pouvoir être baptisé.

Pourtant loin d'être glauque et triste, Piccolo corps est au contraire splendide, solaire et rayonnant.

Plastiquement tout d'abord, le film est une merveille. Agata traverse des paysages très différents (des  îles lacustres, des forêts, une mine, un lac, des montagnes) qui se révèlent être de magnifiques univers très différents, superbement filmés.

Le récit réserve ensuite de belles rencontres, tour à tour inquiétantes et émouvantes, qui ravivent sans cesse notre curiosité. 

L'actrice Celeste Cescutti, enfin, est très convaincante, à la fois terrienne et d'une certaine façon ... céleste. Elle irradie l'écran.

Un très beau film, véritable voyage sensoriel, et une jeune cinéaste à suivre.

 

3e

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Enquête sur un scandale d'état

Thierry de Peretti est un cinéaste vraiment étonnant, qui semble capable de rater l'inratable.

Enquête sur un scandale d'état possède en effet tout pour réussir, en particulier une histoire passionnante et un Roschdy Zem aussi charismatique que d'habitude.

Malheureusement l'écriture du film est d'une bizarrerie déroutante : de nombreuses scènes semblent sortir de nulle part, d'autres s'étirent sans intérêt, de curieuses ellipses apparaissent, des morceaux d'intrigues semblent manquer alors que certains passages au contraire paraissent appartenir à un autre récit. La mise en scène et certains choix artistiques n'éclaircissent pas l'obscure construction du film : le générique de fin qui double celui du début, le résumé final en voix off (comme si le film devait être expliqué), la prise de son parfois à la limite de l'inaudible, les plans très lointains de ville ou de paysages.

Ce troisième film de Thierry de Peretti est donc une curiosité assez désagréable à regarder, même si ses partis-pris (une réalité mise à plat avec le minimum d'artifice, chaque élément potentiellement dramatique comme désamorcé) sont intellectuellement stimulants.

Thierry de Peretti sur Christoblog : Les Apaches - 2013 (**)

 

2e

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