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Christoblog

Quelques heures de printemps

Disons-le tout net, Quelques heures de printemps est un bijou, un chef-d'oeuvre en creux, un film réduit à l'os, qui vous laisse pantelant et apaisé.

L'idéal est d'aller voir le film sans en connaître le thème, comme je l'ai fait. On a alors le plaisir de découvrir petit à petit, par allusions successives, le drame qui est en train de se jouer. Stéphane Brizé réduit sa mise en scène à ce qui fait l'essence du cinéma : un cadrage discret et recherché, une façon de filmer les visages comme des paysages, de prendre son temps pour tenter d'approcher au plus près de la réalité.

C'est très souvent vertigineux tellement le jeu des acteurs y est intense. Vincent Lindon est utilisé à la perfection. Certes il joue une sorte d'essence de Lindon, mais sa prestation est parfaite. On se souviendra longtemps de son pétage de plomb. C'est son plus beau rôle. Hélène Vincent, quant à elle, est au-delà de tous les compliments qu'on peut inventer : il faut courir voir le film, ne serait-ce pour sa prestation, qui défie les lois du jeu. Elle est bouleversante.

Même la bêtise abyssale d'Emmanuelle Seigner est parfaitement utilisée (oups, ça m'a échappé). Olivier Perrier, à l'unisson, est aussi particulièrement émouvant.

Précis, intense, chirurgical et psychologiquement très riche : on pense à Bergman et à Kieslowski...

Si vous n'allez voir qu'un film en cette rentrée allez voir celui-ci. Vous en sortirez bouleversé, probablement après avoir trempé l'écharpe dont vous aurez pris le soin de vous doter pour éviter de trop renifler. Bouleversé, mais heureux.

 

4e

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The walking dead (Saison 1)

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/35/82/19783229.jpgAprès Mad men et Breaking bad, voici une troisième série de la petite chaîne US qui monte, AMC.

The walking dead est tiré d'un comic-book à succès. Le prétexte est assez simple, et rappelle celui du film de Danny Boyle 28 jours plus tard : un flic tombe dans le coma et lorsqu'il se réveille sa famille a disparu et le monde est envahi de zombies.

Le début de la série est assez prometteur, avec des zombies terrifiants et un acteur principal, Andrew Lincoln, qui donne une épaisseur réaliste à son personnage. La fin de l'épisode 1, et le début du 2 sont en particulier très réussis, avec des vues d'Atlanta désertée qui sont assez frappantes. Les images et les effets spéciaux sont de qualité cinématographique.

La série se banalise un peu lorsque le héros retrouve un groupe de survivants (dont sa famille) : les schémas psychologiques deviennent alors un peu simplistes et on se demande si les scénaristes n'ont pas avalé une boîte de lexomyl. Même si certains personnages sont attachants, l'intérêt peine à se maintenir, jusqu'au dernier épisode qui génère un regain de frissons avec la découverte d'un savant complètement isolé dans son bunker.

Malgré ses imperfections la série de Franck Darabont se laisse regarder, notamment parce qu'on est indéfiniment curieux de voir où les pas de ces ultimes rescapés vont les conduire. Leur situation semble absolument désespérée, et c'est ce qui est drôle.

A noter la brièveté étonnante de cette première saison (6 épisodes seulement, contre 13 pour la deuxième et 16 pour la troisième), qui montre bien qu'il s'agissait d'un ballon d'essai qui n'aurait pas été renouvelé si le succès n'avait pas été là.

J'affinerai mon avis lors de la deuxième saison, qui attend sur mon étagère de rejoindre le lecteur de DVD Sony.

 

2e

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Cherchez Hortense

http://www.cine-partout-toutletemps.fr/articles/wp-content/uploads/hortense-1.jpgVoici un film tout entier contenu dans son titre, son affiche et sa bande-annonce.

 

Le titre est incongru, sans grand rapport avec le contenu du film, fait chic et tombe à plat.

 

L'affiche, en forme de puzzle, caricature ses personnages et émiette le propos.

 

La bande-annonce comprend approximativement toutes les bonnes scènes du film, et dévoile en gros l'essentiel de l'intrigue.

 

Le film de Bonitzer ne parvient à être qu'un manifeste bobo, maniant avec distance une mélancolie toute parisienne qui se regarde le nombril sans jamais paraître incarnée. A part Bacri assez juste et Isabelle Carré toujours séduisante, les autres personnages ne sont que des ectoplasmes sans substance. Kristin Scott Thomas joue comme un pied, Jackie Berroyer cabotine, l'enfant est anecdotique, Claude Rich ne parvient jamais à sortir de son rôle fantoche, soeur et beau-frère ont vu leur rôle écrits par un enfant de 6 ans.

 

Le scénario est d'une banalité affligeante et brasse les bons sentiments avec un mauvais goût vulgaire, à l'image de ce vieux chinois à la fin du film, reprenant lourdement une anecdote crypto-mystique. On passera sur les invraisemblances éhontées de ce qui nous est compté (quel hasard que l'Aurore de la librairie soit justement la Zorica à sauver), pour souligner l'incurie paresseuse de la mise en scène.

 

On peine à comprendre l'enthousiasme quasi-général des critiques devant cette oeuvrette, à moins d'y voir la manifestation d'une complicité parisianiste.

 

1e

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Mad men (Saison 4)

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/66/88/40/18961598.jpgVoilà, j'ai enfin fini les saisons de Mad men disponibles en DVD.

Alors que je m'attendais à être déçu par cette saison qui marqua une sorte de coup d'arrêt dans la diffusion de la série (marquant une interruption d'une annnée sabattique avant la diffusion de la saison 5) il s'avère que celle-ci est ma préférée.

Le rythme un peu lent de certaines saisons (le début de la 1, une partie de la 3) est ici oublié au profit d'une narration qui m'a semblée plus proche des standards habituels des autres séries, et qui me convient parfaitement.

Le début de cette saison 4 est marquée par une progression dramatique ensorcelante : la descente aux enfers progressive, mais assez rapide, de Don Drapper. Séparé de Beth (la pauvre n'est pas beaucoup mieux lotie psychologiquement que son ex-mari), Don pète gravement les plombs, de plusieurs points de vue, sentimentaux et professionnels (pour la première fois).

Son passé se solde dans un deuil prévisible, mais néanmoins douloureux. Cette partie de l'intrigue, qui m'intrigua si profondément dans les saisons précédentes se trouve donc expédiée un peu abruptement, mais ce n'est pas pour me déplaire.

Ce sont d'ailleurs ces différentes accélérations narratives qui troublèrent à mon avis les amateurs de la première heure, peu habitués à voir dans cette saison se dénouer en un clin d'oeil des situations qui d'habitude auraient fourni matière à 6 ou 7 épisodes.

Beaucoup d'éléments annexes m'ont beaucoup plu, je pense par exemple à cet accès de racisme anti-japonais de Sterling, ou à l'émancipation progressive mais bien réelle de Peggy.

La réalisation reste au niveau le plus élevé qu'on ait pu voir pour une série, et la reconstitution de l'époque dans les moindres détails est une pure merveille.

Vivement la saison 5, en cours de diffusion aux US.

Mad men sur Christoblog : Saison 1 / Saison 2 / Saison 3

 

4e

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Des hommes sans loi

Lors du dernier festival de Cannes, nous fûmes quelques-uns à nous demander ce que Lawless (Des hommes sans loi) pouvait bien faire en compétition.

Le film réussit en effet à n'être "rien".

Pas franchement bon, puisqu'on s'y ennuie un peu et que globalement l'histoire racontée ne présente aucun intérêt. Pas vraiment mauvais, puisqu'on ne peut pas lui reprocher une malfaçon qui le rendrait inconsommable. Pas académique non plus, puisque ce terme sous-entendrait que quelque chose relie ce film au passé, ce qui n'est pas franchement le cas. Pas excitant, même s'il essaye de le paraître avec ses crises de violence extrême (un syndrome Drive ?).

Ah si, on peut peut-être dire que le film est franchement sexiste, sacrifiant deux magnifiques actrices (Jessica Chastain et Mia Wasikowska) sur l'autel d'une production semblant exclusivement tournée vers un casting masculin pourtant totalement insignifiant (on connaîtra Shia LaBeouf plus convaincant chez Andrea Arnold ou Lars von Trier).

Quant au réalisateur, vous ignoriez son nom ... et vous allez continuer.

Voici ce que j'écrivais dans mon carnet cannois, au sortir de la salle : "Film de gangster à la campagne, en forme de western spaghetti. Des maladresses de mise  en scène, un peu empesée, vernissée, ripolinée. Des éclairs de violence horribles qui choqueront le grand public américain".

En plus je n'ai pas franchement détesté, c'est juste que la présence à Cannes de ce film reste un mystère complet.

 

1e

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The we and the I

La Quinzaine des réalisateurs 2012 fut d'un excellent niveau, joyeuse et exigeante. Deux films jouissifs en furent les étendards parfaits, celui qui en fit l'ouverture, The we and the I, dont il est question ici, et celui qui en fit la cloture, Camille redouble de Noémie Lvovsky.

Michel Gondry a tourné The we and the I avec des ados New-Yorkais qui jouent pratiquement leur propre rôle. Nous sommes à la fin de l'année scolaire, et tout le monde monte dans le bus pour rentrer chez lui en banlieue, après avoir récupéré son portable laissé en consigne à l'épicerie du coin (quelle bonne idée !).

Gondry construit son film quasiment exclusivement à l'intérieur du bus, filmant avec une habileté insensée les conversations entre les différents protagonistes.

Au fond du bus, une belle brochette de racailles. On n'a plus d'une fois envie de les baffer tellement ils sont ignobles, verbalement violents, mais ... drôles. A l'avant, une conductrice de bus qui se fait respecter. Entre les deux, tout un monde où toutes les personnalités se retrouvent : un couple gay, deux copines, un dessinateur de manga timide, deux musicos trolls, une vieille dame blanche, etc.

Entre ces personnages se dessinent bientôt des arcs narratifs parfois anecdotiques, souvent graves (l'amour, l'estime de soi, la relation au corps et à la sexualité, l'insertion sociale dans le groupe, la violence, les rapports entre filles et garçons) et même dramatiques. Gondry, qui exploite ici une veine réaliste et même naturaliste, n'oublie pas toutefois de parsemer son film de trouvailles géniales (l'utilisation des smartphones est un des ressorts narratifs du film, des vidéos imaginaires reflètent les sentiments des jeunes) et bricolées dont il a le secret. Il réussit même à donner à voir de véritables moments de poésie.

Si le film est génial, c'est aussi parce que les jeunes acteurs / actrices possèdent une énergie débordante, une gouaille irrésistible qui rappelle les premiers Spike Lee.

The we and the I est donc intelligent, extrêmement drôle, émouvant, passionnant, et sa projection le soir de mon arrivée à Cannes fut l'un des plus grands moments de ma semaine sur la Croisette.

 

4e

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Camille redouble

Comme je le disais dans l'article consacré à The we and the I, la Quinzaine des Réalisateurs fut cette année la sélection de Cannes dans laquelle on a le plus ri. Alors que la sélection officielle s'engonçait dans une pose auteuriste, les cinéastes de la Quinzaine nous faisaient plaisir avec des films énergiques et brillants.

Cela faisait un bout de temps que Noémie Lvovsky n'avait pas réalisé (2007 avec Faut que ça danse). Pour son retour derrière la caméra, elle se fait radicalement plaisir avec un argument à la Peggy Sue got married (Coppola) : une femme mûre se retrouve projeté au temps de son adolescence.

Contrairement à la plupart des films traitant du sujet des voyages dans le temps, Camille redouble ne s'attarde pas trop sur les éternels paradoxes tournant autour de la possibilité de changer le destin. Son intérêt réside plus dans le décalage subtil entre le personnage de Camille, qui garde son corps d'adulte et sa maturité, et son environnement. Le dispositif est sur le papier totalement absurde, et pourtant on y croit à fond, tellement le sujet est bien traité au niveau des sentiments. Noémie Lvovsky réussit l'exploit de nous faire croire que ses copines de l'époque la voit jeune, alors que nous la voyons agée.

Ajoutons que ce film admirable parvient à nous faire passer de francs éclats de rire à de gros sanglots compulsifs en quelques secondes, par la grâce d'une approche qui est souvent tendre et poétique. Camille, qui sait quel jour et à quelle heure sa mère va mourir, enregistre sa voix pour s'en souvenir, et c'est tout simplement bouleversant.

Si je ne vous ai pas encore convaincu, je finirai par évoquer une nostalgie des années 80 délicieuse (ah, le vieux T-shirt des Clash !) et une pléiade d'acteurs assurant des seconds rôles à casser la baraque : Yolande Moreau, Jean Pierre Léaud, Mathieu Amalric (en prof pervers), Michel Vuillermoz, Denis Podalydès.

Camille redouble va rendre l'automne souriant et ensoleillé, profitez-en.

 

4e

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Killer Joe

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/38/83/20161781.jpgLe dernier film de William Friedkin est à déconseiller aux âmes sensibles. Non pas qu'il soit outrageusement violent ou gore (à la Noé ou à la Refn par exemple) : il est simplement d'un noir absolu.

Nous pénétrons dès le début au sein d'une famille white trash du plus pur style : caravane, père d'une bêtise abyssale, belle-mère d'une vulgarité insondable, fils complètement raté échouant lamentablement dans toutes ses initiatives, fille sexy et bébête se réfugiant dans son monde secret. Tout ce laid petit monde vit en Louisiane et décide de concert de supprimer la mère (absente) pour toucher l'assurance vie. Pour cela entre en jeu un tueur glaçant, incarné par le formidable Matthew McConaughey.

Evidemment, l'histoire finira très mal.

Plus qu'un film violent, Killer Joe est une formidable machine a exposer la veulerie, la traitrise, l'imbécillité crasse, le vice et la perversion. C'est ce qui a valu au film une sortie des plus limitées aux USA.

Friedkin semble prendre un malin plaisir à torturer notre sens moral, en multipliant les scènes dérangeantes, telle celle de la fellation pratiquée sur un pilon de poulet, assez terrifiante de perversité voyeuriste - et immédiatement culte. L'innocence est maltraitée tout au long du film, puisque la jeune fille est donnée en caution au tueur qui en abuse immédiatement, avec une efficacité absolument redoutable et un brio qui rend Friedkin l'égal des plus grands maîtres du cinéma hollywoodien.

En tant que spectateur il faut bien avouer que le plaisir éprouvé à la vision de Killer Joe est un brin inavouable, mélange de sidération exaspérée et d'excitation coupable.

Pour ma part, un petit regret concernant le dernier plan : je n'aurais pas fini le film ainsi. Mais je ne suis pas Friedkin, Dieu merci.

 

3e

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La Vierge, les Coptes et moi

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/73/19/20140075.jpgIl y a parfois de petits miracles dans le système de distribution français. Qu'une fenêtre de sortie ait pu être trouvée pour un film aussi saugrenu que La Vierge, les Coptes et moi en est un.

J'avais entendu parler de ce film à Cannes : ceux qui l'avait vu dans le cadre de la souvent passionnante programmation ACID en parlaient avec un filet d'émotion dans la voix.

Le prétexte est insensé pour un premier film : le réalisateur Namir Abdel Messeh, Français d'origine copte égyptienne , décide de tourner un film sur les apparitions de la Vierge aux communautés coptes d'Egypte, intrigué par une K7 que lui montre sa mère. Il se rend en Egypte pour constater rapidement toutes les difficultés que présente ce projet : tracasseries administratives, contraintes de toutes sortes, mauvaise foi des témoins... à tel point que le film, assez intéressant et parfois burlesque dans son début, semble atteindre une sorte de cul-de-sac scénaristique vers son milieu.

C'est à ce moment que les idées géniales se succèdent : d'abord la décision de rendre visite à sa famille maternelle dans un petit village de haute Egypte, puis l'arrivée de sa mère pour aider à finir le film, et enfin la volonté de tourner un film dans ce petit village qui reconstitue une apparition de la Vierge. A partir de ce moment le film devient franchement hilarant (ah, le casting des villageoises pour le rôle de la Vierge) et sur la fin profondément touchant. Bien sûr l'allégorie sur la puissance du cinéma est un peu grosse, mais il faut dire que cela fonctionne parfaitement et qu'on est bouleversé par cette image des villageois qui regardent leur propre film avec la même sidération que s'ils regardaient une véritable apparition de la Vierge.

Si le film n'évite pas complètement quelques facilités (certaines sont très amusantes, comme les vrai-faux coups de fil du producteur), il gagne son pari osé en mélangeant un aspect bricolo de génie à la Gondry à une mise en abyme tendre et ironique à la Moretti.

Le film est enfin un chant d'amour envers ce petit peuple égyptien, toujours si prompt à s'amuser, à s'émerveiller et à faire preuve d'auto-dérision (on songe aux romans de Mahfouz et aux films de Nasrallah).

Vous l'avez compris, je recommande chaudement d'aller voir ce petit bijou qui vous regonflera le moral à bloc, si vous en avez besoin.

 

3e

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Tokyo park

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/40/08/20143501.jpgKoji, jeune apprenti photographe, est embauché par un mari jaloux pour suivre la femme de ce dernier durant ses promenades dans les différents parcs de Tokyo. Koji va-t-il tomber amoureux de sa cible ? Pourquoi cette femme ne va-t-elle que dans les parcs ?

 

Le dernier film de Shinji Aoyama multiplie les fausses pistes pour mieux nous égarer. Au prétexte vaguement Antonionien exposé ci-dessus s'ajoutent en effet rapidement le fantôme d'un ami mort, une drôle de famille recomposée et des connaissances malheureuses et excentriques.

 

Le film est à la fois une très jolie galerie de portraits et un tableau extrêmement séduisant de la mégapole tokyoïte. Mais il est aussi diablement lent, au moins dans sa première partie. Le rythme s'accélère un peu à partir de la révélation qui ponctue le milieu du film, mais sombre ensuite dans un pathos bien naïf dans sa toute dernière partie.

 

C'est au final une impression mitigée qu'il laisse, entre sentiment d'avoir partagé des moments de vie avec un groupe d'amis et irritation d'avoir été l'objet d'une manipulation un peu poussive.

 

La mise en  scène d'Aoyama oscille curieusement entre une sobriété de bon goût agrémentée de vrais moments de grâce (ces beaux regards caméra) et une propension à la facilité coupable (ces plans de coupe au zoo).

 

A conseiller donc en priorité aux inconditionnels du cinéma nippon.

 

2e

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L'age de glace 4

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/82/68/62/19632042.jpgChaque semaine, il est plus évident que les scénaristes hollywoodiens perdent les pédales, conduisent leur industrie à la catastrophe et la poule aux oeufs d'or à l'abattoir.

 

Leur imagination semble désormais avoir atteint le niveau le plus bas possible, que ce soit dans les l'épuisement ad nauseam des séries (cf Batman), dans le reboot inutile (The amazing spiderman) où comme ici dans la redite de recettes éprouvées.

 

Dans L'âge de glace : la dérive des continents, ce qui marque avant tout c'est donc l'extrême pauvreté des idées développées, qu'elles soient multi-répétées à l'intérieur du film (par exemple la fissure dans le sol ou la glissade façon bobsleigh) ou piquées dans d'autres opus et recyclées (la part grandissante de Scrat, running gag des premiers épisodes, lourd poncif ici).

 

On peine à trouver quoi que ce soit qui puisse sauver le film, tant celui-ci est un tissu étourdissant de bruit inutile, de grimaces éculées et de caricatures mêmes pas drôles (le langage pseudo-ado des mammouth prépubères : ridicule).

 

Ici l'émotion est comme annihilée, tuée, sacrifiée, sur l'autel d'un marketing aveugle et machiniste. Une catastrophe, qui semble liminaire à l'effondrement de tout un système.

 

1e

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Du vent dans mes mollets

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/83/20/20148005.jpgDe certains films on a presque honte de dire du mal.

 

Ainsi, Du vent dans mes mollets, le dernier film de Carine Tardieu, est bien mignon, et pétri de bons sentiments. Les couples désunis s'y réunissent après un léger trauma, les troubles de l'enfance y sont montré avec sensibilité et le sentiment tragique de la vie y est exposé avec légéreté et un certain sens du rythme.

 

Bref, le film n'est pas mauvais, et il faudrait être bien cruel (ou alors de retour de vacances, et mal luné)  pour dire qu'il est aussi assez maladroit, qu'il manque totalement d'unité stylistique, que sa naïveté fait peine à voir et que le jeu des acteurs y est assez approximatif.

 

Comme ce n'est pas mon cas, je signalerai seulement que les petites filles sont extra, qu'Isabelle Carré est parfaite (mais peut-elle ne pas l'être ?), et qu'Agnès Jaoui a rudement grossi (...oups j'ai dérapé).

 

Allez, vous ne raterez pas un moment crucial de l'histoire du cinéma en allant à la pêche plutôt qu'en allant voir ce film, mais vous ne vendrez pas non plus votre âme de cinéphile exigeant en y allant.

 

2e

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Le jour où le cochon est tombé dans le puits

Curieux de découvrir les premiers films de Hong Sang-Soo, je me suis procuré le coffret regroupant les 3 oeuvres qui le firent découvrir en Occident, à la fin des années 90.

Le premier de ces trois films, Le jour où le cochon est tombé dans le puits, contient déjà une grande partie de l'univers que Hong Sang-Soo va développer pendant plus de vingt films : étrangeté du monde, incommunicabilité entre êtres humains, frustrations masculines, alcool et artistes ratés, découpage du film en plusieurs séquences bien distinctes, complexité des rapports entre hommes et femmes.

Comme c'est souvent le cas, on a l'impression que le réalisateur a choisi de mettre toutes ses idées dans son premier film, quitte à risquer le trop-plein. Ce premier opus, même s'il est extrêmement maîtrisé dans sa construction globale, part ponctuellement dans tous les sens, au risque de perdre son spectateur. HSS multiplie les scènes qu'on ne peut pas raccrocher facilement au reste de l'histoire, et on est rapidement perdu dans les péripéties que vivent les personnages. Pour bien profiter de la richesse du Cochon, il faut voir le film au moins trois fois.

Le film diffère de la suite de sa filmographie sur un point : la traditionnelle ironie légère et grinçante, que l'on associe habituellement au cinéaste coréen, est ici absente. On voit par exemple de nombreuse scènes de sexe tristes et explicites, ainsi qu'une scène de crime sanglante, ce qui n'est pas dans ses habitudes.

Le film est long et assez lent. C'est comme si Hong Sang-Soo allait dans la suite de sa carrière travailler à épurer sans répit son propos, à sculpter la matière brute dont il a rempli son premier film.

La vision de Le jour où le cochon est tombé dans le puits procurera une certaine satisfaction intellectuelle au fin connaisseur de HSS. Je le déconseille toutefois au spectateur qui souhaiterait s'initier à l'oeuvre du coréen, son aspect sombre et sa construction labyrinthique le rendant plutôt au premier abord rébarbatif.

A noter également que mon DVD est d'une qualité atroce : son inaudible, image tremblotante. Je ne sais dire s'il s'agit de mon exemplaire ou de la qualité standard du coffret TF1 Video.

 

2e

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A perdre la raison

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/56/97/20137392.jpgBelle soirée avant-hier soir au Katorza. Le film projeté en avant-première n'était pas d'une gaieté folle (nous y reviendrons), mais sa densité en fait une oeuvre remarquable, portée par un trio d'acteurs au sommet de leur art.

Alors d'abord, si vous voulez sortir votre copain (copine) pour une bonne soirée ciné, évitez de lui dire : "on va aller voir un film qui retrace l'histoire vraie d'une mère qui a tué ses 4 enfants de moins de 6 ans au couteau", dites plutôt : "on va aller voir un thriller psychologique, chronique d'un enfermement progressif dans une relation perverse, servie par une actrice en état de grâce". Parce que le sujet du film est bien plutôt la dissection des rapports humains entre 3 personnes (un jeune marocain, sa femme, son bienfaiteur riche et âgé) que la chronique malsaine d'un fait divers. D'ailleurs en exposant dans les quelques scènes d'ouverture la conclusion du drame (d'une bien délicate façon) Joachim Lafosse expose son projet : de suspens quant à l'issue il n'y aura pas, donc préoccupons nous du cheminement qui aboutira à cette situation de tragédie absolue, une femme tuant ses enfants, une Médée contemporaine.

Quand on passe 45 minutes après le film à discuter avec un réalisateur (exercice auquel Joachim Lafosse s'est prêté de bonne grâce alors qu'un perturbant problème à l'oeil l'handicapait), on ne sait plus trop ce qui résulte de sa propre appréciation du film et de ce que nous a expliqué le réalisateur. Ceci dit, je vais essayer d'exprimer un ressenti qui ne dévoile pas trop l'intrigue du film. D'abord, il faut saluer l'exceptionnelle prestation d'Emilie Dequenne, servie par deux acteurs au meilleur de leur forme : Niels Arestrup égal à lui-même (glaçant, capable d'énoncer une vacherie ou un compliment avec le même air de ne pas y toucher) et Tahar Rahim que j'ai trouvé personnellement exceptionnel, capable de faire passer 4 ou 5 émotions dans un même plan, tout en retenue low-fi. On ne pense pas un instant à leur duo d'Un prophète, c'est dire.

Le film peut se prêter à tout un paquet d'exégèses de différents niveaux : historique (et en particulier colonial), psychanalytique, mythologique, sentimental, sociologique, psychologique... c'est sa richesse. Même si la progression est lente, et que le moment du déclic fatal n'est pas discernable (mais peut-il l'être ?), Joachim Lafosse parvient à maintenir une sorte de tension perpétuelle, de suspens psychologique (le médecin cache-t-il quelque chose ? comment l'irréparable va-t-il survenir ?) qui assure au film une structure interne solide, et qui évite l'ennui. Il utilise superbement pour l'aider des morceaux de musique baroque qui contribuent à sacraliser la narration. 

A perdre la raison n'est pas un feel good movie endiablé, vous l'avez compris, mais si vous aimez les thrillers psychologiques profonds et travaillés, je vous le conseille.

 

3e

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Laurence anyways

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/80/49/20129801.jpgPeu de films peuvent prétendre laisser un souvenir qui s'améliore à ce point avec le temps.

Disons-le tout net, pendant la projection, ce sont surtout les défauts du film qui m'ont sauté aux yeux : quelques hésitations des acteurs, des scènes qui s'étirent sans justification, des kitscheries à répétition, une narration qui s'emberlificote, une BO et une bande-son souvent poseuse.

Et puis, à l'usage, le temps passant, il faut bien reconnaître qu'on ressort marqué par le film et impressionné par le souffle romanesque qui le traverse. Le mérite en revient à l'interprétation incroyable de Suzanne Clément (prix d'interprétation à Un certain Regard cette année). L'actrice est sublime, tour à tour forte, faible, brisée, reconstruite, en colère, amoureuse : elle utilise un spectre d'une variété incroyable, tout en maintenant une densité de jeu exceptionnelle. Monia Chokri (sa soeur) est également très bonne, tout comme Nathalie Baye qui campe une mère capable d'une cruauté effarante.

J'ai été beaucoup moins convaincu par la prestation de Melvil Poupaud, dont la greffe québécoise tarde à prendre dans le film. J'ai eu beaucoup de mal à croire en son histoire, et j'ai trouvé son jeu parfois approximatif. Le film se déroulant, cette impression s'est heureusement progressivement estompée, au fur et à mesure que le personnage prend de l'assurance dans sa nouvelle vie.

Quant à la mise en scène de Xavier Dolan, j'en viens à penser qu'il faut la prendre dans son ensemble et l'aimer telle qu'elle est, en entier, ou pas. Après trois films, force est de constater que les mêmes tics se reproduisent de films en films : personnages filmés de derrière, ralentis, gros plans (en particulier sur les visages), incrustations bizarres, scènes oniriques, montage cut sur une BO jouée très fort, pluie d'objets, etc.

Après réflexion, j'ai décidé d'aimer son style, qui ici sert en plus habilement un propos à forte charge émotionnelle. Dolan devra chercher dans l'avenir à s'entourer de professionnels en qui il pourra avoir confiance : un vrai monteur professionnel l'aurait probablement aidé à construire son film de façon plus efficace. Il semble pour l'instant s'enfermer dans la posture d'une jeune artiste complet, démiurge omnipotent régnant sur son grand oeuvre.

Mises à part ces quelques réserves, Laurence anyways constitue le premier jalon d'une importance significative dans la carrière du jeune québécois, qu'on sent irrésistible.

Xavier Dolan sur Christoblog : J'ai tué ma mère / Les amours imaginaires

 

3e

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Summertime

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/07/94/20128370.jpgAlors d'abord, parlons du titre, une fois n'est pas coutume. Traduire le titre original,The dynamiter, par Summertime, il faut oser. Ceci dit, et pour une fois, il me semble plus logique que le film s'appelle Summertime que The dynamiter. Le film baigne en effet plus dans une atmosphère évoquant un été sudiste que dans une ambiance explosive.

 

Robbie a 14 ans. Son père a disparu, sa mère est partie en Californie. Robbie est donc l'homme de la maison, veillant sur sa grand-mère impotente, son chien, et un demi-frère un peu grassouillet. L'ordre des choses est un peu bouleversé quand le frère aîné, Lucas, est de retour. Feignant, beau gosse, et même un peu gigolo, il va à la fois déniaiser son jeune frère et pousser sa patience à bout.

 

Ce beau film, très typé Sundance, évoque irrésistiblement les plus belles réussites du cinéma US indépendant récent : une sorte de Winter's bone estival, de Bellflower assagi, de Take Shelter naturaliste, de Martha Marcy May Marlene campagnard, de Blue Valentine fraternel. Nous n'allons pas nous plaindre de ce revival américain qui nous offre des films aussi délicatement tramé que Summertime.

 

Matthew Gordon parvient à distiller une sorte d'optimisme forcené à travers son héros obstinément volontariste, qui oppose aux vicissitudes d'une vie de quasi-orphelin la volonté farouche de (s'en) sortir. Ses relations balbutiantes à l'autre sexe, en contraste avec sa relative maturité, apparaissent comme particulièrement touchantes. 

 

Le film est une ode élégiaque à cet entre-deux âges où l'ado n'est pas encore un homme et déjà plus un enfant.

 

3e

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Kill list

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/31/53/20013929.jpgDrôle de film que Kill list.

 

Au-delà du fait de l'aimer ou pas (j'hésite moi-même), l'oeuvre incite à saluer un réalisateur en train de naître, comme le confirme le film suivant de Ben Wheatley :  Touristes !

 

Kill list nous maintient de façon continue dans une zone d'inconfort. Sommes nous en train de voir un drame social à la Mike Leigh ? Un polar à la Tarantino ? Un film d'horreur version secte satanique ?

 

Un peu de tout ça.

 

Que le résultat soit intégralement réussi reste discutable, qu'il le soit fugitivement dans l'un ou l'autre style est évident. Je regrette personnellement que la note d'ambiance du début ne soit pas tenue sur la durée, et que le scénario perde peu à peu les pédales, même s'il y a un talent évident dans la réalisation et le montage.

 

A suivre...

 

2e

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Les enfants de Belle Ville

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/58/31/20133714.jpgL'immense succès français d'Une séparation nous vaut aujourd'hui une ressortie estivale d'un des premiers films de son auteur, Asghar Farhadi.

Si ce premier jet est loin de valoir son illustre successeur (il est bien moins vif et moins dense), il permet de détecter les qualités qui font de Farhadi un auteur hors pair. Le point saillant est d'abord son habileté à tisser des scénarios machiavéliques, aux airs de thrillers métaphysiques, qui rappelle les plus grands explorateurs de l'âme humaine : Bergman, Mankiewicz, Kieslowski...

Ensuite une grande attention aux visages, à l'expression des sentiments, à la capture des moindres variations exprimées par les acteurs.

Et enfin une mise en scène solide, au service de la philosophie du film, qui prend des partis-pris résolus même s'ils sont discrets (des plans de face, une récurrence des plans à travers la fenêtre).

La mécanique de l'histoire développée par Les enfants de Belle Ville est redoutable (un jeune homme tente d'obtenir le pardon du père de la victime pour faire gracier son meilleur ami) et tient en haleine jusqu'au bout du film, dont la fin, surprenante, renverra chacun à ses propres réflexions.

Je conseille donc le film à ceux qui ont adoré Une séparation.

 

3e

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Mon top 6 de mi-2012

Pourquoi pas un top 10 ou un top 5 ? Hé hé hé : parce que personne ne fait de top 6 !

 

http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/98/39/20018456.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/19/04/20135961.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/64/21/20079610.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/16/45/20027717.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/98/20087993.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/00/61/20034881.jpg

 

N°1 : Oslo pourrait être le film d'une vie, glissando, vaporeux, ouaté, réel, désespéré, beau

N°2 : Holy motors pétille d'intelligence, il rend le spectateur plus beau (et inversement)

N°3 : Scout d'un jour, Anderson nous emmène danser le slow de notre enfance sur la plage de nos souvenirs

N°4 : Une caméra en état de grâce pour un casting qui semble tout droit issu du siècle

N°5 : De couille et de cros, de mouille et de mots, de douilles et de rots

N°6 : Un coup de fouet qui sonne très fort au-dessus de nos têtes, pour le plus beau dernier plan de l'année

 

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Gangs of Wasseypur

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/72/52/20160269.jpg

Parmi les expériences extrêmes de mon séjour à Cannes en 2012 (voir 5 films dans une journée, assister à la projection du dernier Miike de 0h30 à 3h du matin, voir des films à 8h30, aller au Cinéma de la Plage les doigts de pied dans le sable), les 6h de projection - avec entracte - du film indien Gangs of Wasseypur tient une place de choix.

Dans la file d’attente de la Quinzaine, je regarde avec circonspection mes coreligionnaires : ces gens sont-ils donc tous fous pour s’enfermer toute une après-midi au sous-sol de l’hôtel Mariott à regarder une sorte de Parrain indien, dont on ne sait rien ? Il semble bien que oui, même si ma voisine de file d’attente, une sympathique dame cannoise (c’est la première autochtone que je rencontre …) m’informe de sa stratégie : regarder la première partie de 2h40 le jour même, puis la seconde partie de 2h40 deux jours plus tard.

Toujours durant l’attente, l’équipe du film nous distribue de jolis foulards indiens rouges, frappés au titre du film, ainsi qu’un arbre généalogique des personnages, sur une feuille A4 photocopiée. Damned, ce volumineux éventail de plusieurs dizaines de personnages représentant 4 générations nous inquiète plus qu’il ne nous rassure.

Dans la salle, l’équipe du film, également pléthorique, occupe plusieurs rangs. Ils rigolent tous, visiblement ravis d’être à Cannes, et les filles sont habillées comme des princesses indiennes.

La projection commence enfin, avec un premier plan d’une redoutable efficacité : une scène bollywoodienne, qui s’avère être un leurre, issue d’une télé qui est subitement mitraillée sauvagement. S’en suit l’assaut pétaradant d’un immeuble dans lequel un parrain a trouvé refuge.

Suit un long flash-back de plusieurs heures retraçant la guerre de deux clans pour le contrôle des activités criminelles dans une région de l’Inde. Tard dans le film, on revivra cette introduction sous un autre angle, filmée avec la même efficacité.

A l’image de cet élément de scénario, le film est rudement malin, par moment extrêmement attachant, même si sur une telle durée on ne peut nier quelques passages un peu plus faibles.

S’il ne comporte aucun élément chanté proprement dit, le film présente par moment quelques relents bollywoodiens (tous les grands évènements familiaux du type mariage ou funérailles sont accompagnés par un incroyable chanteur payé par la famille) qui donne au film un caractère vif, coloré et plaisant. Les personnages ne sont pas binaires, les gentils s’avérant parfois plutôt méchants, et réciproquement. Ils sont sacrément attachants et on suit les péripéties de ces familles avec plaisir, dans une ambiance de violence larvée qui n’est pas sans rappeler d’illustres modèles : Scorsese, Coppola et Sergio Leone en particulier.

La belle découverte d’un cinéma indien mainstream, ambitieux et grand public à la fois.

 

2e

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