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Christoblog

Articles avec #david fincher

Mank

Mank souffre d'un trop-plein.

Trop de plans, trop de dialogues, trop de sous-entendus, trop d'intentions.

Quand le personnage de Mank cite approximativement Blaise Pascal : "Je n'ai fait cette lettre-ci plus longue que parce que je n'ai pas le loisir de la faire plus courte " (Les Provinciales) on a vraiment envie de dire à Fincher qu'il pourrait pu lui-même abréger. Après tout, il a eu six ans depuis Gone girl pour préparer ce film.

Certes, comme d'habitude, la mise en scène est propre, voir virtuose. Fincher essaye de retrouver la qualité des films hollywoodiens du passé : on a donc le droit à des trucages à l'ancienne, une musique et un générique rétros, un noir et blanc de circonstance (un peu sombre à mon goût) et divers tics qui démontrent l'inutile méticulosité du réalisateur (des défauts qui singent l'ancien usage des bobines de pellicule par exemple).

Les dialogues fusent, les plans aussi, les flashbacks se multiplient dans une intrication parfois néfaste à la dramaturgie du film, et les références se multiplient. A moins d'être un fin connaisseur de la vie politique américaine et du Hollywood des années 40, on est souvent un peu perdu, par exemple dans la constitution de l'actionnariat de la MGM.

Bien sûr, les à-côtés du film ravissent les critiques : les différents parallèles qu'on peut faire (ou pas) entre la situation de Fincher père / Fincher fils et Fincher / Welles sont intéressants pour la petite histoire du cinéma, mais ne rendent pas le film plus agréable ou plus profond.

Si finalement le dernier film de David Fincher n'est pas complètement ennuyeux, c'est principalement grâce à l'interprétation de Gary Oldman, bien que ce dernier me paraisse nettement trop vieux pour son personnage.

Le film est impressionnant techniquement et suffisamment bien fabriqué pour générer un minimum d'intérêt, mais aucune véritable émotion n'affleure à sa vision. 

David Fincher sur Christoblog : The game  - 1997 (**) / Panic room - 2002 (***) / L'étrange histoire de Benjamin Button - 2008 (***) / The social network -2010 (**) / Millenium - 2011 (**) / Gone girl - 2014 (**) / Mindhunter - 2017 2019 (***)

 

2e

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Mindhunter

Magnifiquement porté par un couple d'acteurs au top, Jonathan Groff et Holt McCallany, Mindhunter est une série haut de gamme, écrite au cordeau et superbement réalisée par David Fincher et Andrew Dominic (entre autres).

Si le sujet de la série est l'exploration de la psyché des tueurs en série, il ne faut pas vous attendre ici à des traques palpitantes, des cliffhangers haletants et des scènes d'action impressionnantes.

C'est même tout le contraire que propose la série. La reconstitution des années 70 est grise, atone, comme l'était la direction artistique du film Zodiac. Le développement de l'histoire est lent, parfois fastidieux et les interviews des serial killers sont longs et répétitifs. Mais de tout cela se dégage une impression puissante de fatalité et de détermination, qui rend Mindhunter fascinant.

Malheureusement, si la première saison est intelligente, riche, dense et maîtrisée, jusqu'à un final éblouissant, la seconde est plus brouillonne et semble inachevée. Les acteurs ayant été libérés de leur contrat en 2020, il est peu probable qu'une troisième saison voie le jour, alors que David Fincher avait envisagé un plan sur cinq saisons. C'est bien dommage.

 

3e

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Gone girl

Difficile de me faire une idée bien arrêtée sur Gone girl.

D'un côté le film m'a ennuyé une bonne partie du temps.

En fait (attention quelques spoilers peuvent m'échapper), la première partie, centrée autour de lui, est classique, et ne casse pas des briques. La deuxième partie, qui s'intéresse à elle, est intrigante, on se demande alors où le film va aller, et c'est le meilleur moment. La troisième et dernière partie, qui s'éloigne du roman, est franchement tirée par les cheveux.

Le film est sans cesse tiraillé entre deux aspects opposés : la fluidité du style (on retrouve les qualités de Zodiac) et la grossièreté de l'écriture des personnages. Parce que, il faut bien le dire, la faiblesse du film est là : Ben Affleck joue le gros nounours inexpressif et Rosamund Pike la salope calculatrice. 

Leur deux personnages sont sous-écrits et manquent d'épaisseur. Pour le reste la critique de la société des médias est dressée au bazooka, celle du couple américain est un poil plus fine.

Le film parvient tout de même à vaguement entretenir l'intérêt par la concision et la légèreté de son montage. Il s'en faut de peu pour qu'on décroche, mais certains éléments (le personnage de l'avocat par exemple) nous ramène régulièrement au coeur de l'intrigue.

Au final, l'impression étrange que me laisse Gone girl peut se résumer ainsi : une mise en scène élégante au service d'un scénario de bûcheron.

 

2e

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Millenium

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/29/73/19863494.jpgCe film pourrait ne pas exister, et personne ne s'en porterait plus mal.

D'abord l'histoire est bien mieux racontée dans le livre qu'ici (comme d'habitude, elle est plus dense, plus complète, plus prenante, dans le roman). Ensuite, pour ceux qui ne savent pas lire, il existe un film européen (en réalité une trilogie) de bonne facture. Et si vous voulez vraiment être complet, ces films se déclinent en une mini-série de 6 épisodes de 90 minutes.

On peut donc se demander pourquoi Fincher s'est engagé dans ce projet consistant à venir tourner en Suède une histoire de Suédois, jouée par des acteurs américains parlant anglais. Pourquoi pas ne pas envisager Christopher Nolan venant tourner en France Les Misérables avec DiCaprio dans le rôle de Jean Valjean ?

Le film est donc une honnête oeuvrette de commande, lisse, ripolinée, et à la mise en scène très sage. Fincher semble avoir remisé toute ambition stylistique pour se contenter de jolis cadres et de sages mouvements de caméra. C'est long, très long, et on n'éprouve aucun sentiment d'aucune sorte, même vis à vis de l'assassin. Le film arrive à désarmocer les tensions du livre pour en faire une suite de moments glacés, pas moches, mais peu intéressants.

De ce film destiné à faire un bon prime à la télé on pourra toutefois retenir la performance convaincante de l'actrice Rooney Mara en Lisbeth, alors que Daniel Craig tente de la jouer "sobre", ce qu'il parvient à faire en devenant ... transparent. Symbole de l'aspect commercial et un peu froid du film, le générique de début façon James Bond, complètement décalé par rapport à l'esprit de l'histoire.

A ne pas voir si vous connaissez l'intrigue, les chances de vous ennuyer étant alors optimales.

 

2e

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Panic room

Il y a quelque chose d'imparable dans le cinéma de Fincher.

Il lui arrive d'être si brillant que le sens critique s'émousse forcément. Dans ce film, c'est ce loooooooooong plan séquence (faux au demeurant, car comportant comme dans La Corde des raccords dissimulés) de l'entrée des malfaiteurs dans la maison qui emporte tout. Quelle maestria !

C'est presque trop. Mais pas tout à fait. Comme cette incroyable ressemblance mère/fille, ressemblance sourdement inquiétante dans l'ambiguité et dans l'androgynie.

Presque trop, mais jamais trop. Voilà qui peut qualifier le cinéma de Fincher, bien supérieur aux exercices poussifs des Coen et d'Eastwood, bien plus délectable que les excentricités de Boyle. Somme toute, cette génération 90' pourrait bien représenter l'avenir du cinéma américain (Fincher est né en 1962, Aronovsky en 69).

Bon, en ce soir de Césars que je ne regarderai pas (invités compassés, trophées compressés, présentateurs empressés : à la place je vais commencer la deuxième saison de Friday Night Lights, critique à venir de la saison 1), je souligne le plaisir basique que j'ai eu à regarder ce thriller tout bête, mais superbement réalisé, et servi par des acteurs absolument excellents.

Le réalisme est de plus ici à son comble, ce qui ajoute au plaisir ressenti.

 

3e

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The social network

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/87/64/83/19955451.jpgThe social network raconte une histoire très intéressante : comment un jeune nerd complexé a inventé Facebook et devient à 26 ans un des hommes les plus riches du monde.

A la baguette, deux pointures : Aaron Sorkin, le diabolique créateur de la série A la Maison Blanche, et David Fincher, probablement le cinéaste US le plus performant à l'heure actuelle. Du premier on reconnait immédiatement les dialogues mitraillettes (faut suivre !) et le second nous donne une belle leçon de mise en scène.

Fincher devient de film en film un réalisateur "classique", comme on pu l'être en leur temps Mankiewicz ou John Ford : mouvements de caméra amples et épurés, lumières magnifiques, petites coquetteries virtuoses (la course d'aviron), captation subtile des mouvements intérieurs des personnages, montage parfait.

Là où le film péche un peu, c'est dans la construction alambiquée basée sur les deux procès, et surtout dans la figure de Marc Zuckerberg. Ce dernier est effectivement moins intéressant que les personnages secondaires, comme le sulfureux Sean Parker, créateur de Napster, joué par un étonnant Justin Timberlake. Zuckerberg est visiblement un salaud qui réussit, ce qui ne manque jamais de fasciner les Américains.

Autant le début à Harvard est passionnant (les clubs et Facemash, moteurs de la motivation revancharde de Zuckerberg), autant les dernières images tombent un peu dans la facilité façon Rosebud, la profondeur de Citizen Kane en moins : j'ai un peu de mal à croire que l'inventeur de Facebook drague la fille qui l'a larguée il y a 6 ans avec un "tu veux devenir mon ami?" lancé via sa créature.

Cette fin sensée nous rendre Zuckerberg plus proche, plus touchant, était peut-être le prix à payer pour pouvoir faire le film ?

A voir par curiosité.

 

2e

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L'étrange histoire de Benjamin Button

Rarement un film m'aura inspiré des sentiments aussi partagés que celui-ci, pour finalement aboutir à une opinion résolument positive.

L'histoire est limpide bien qu'invraisemblable : un homme nait vieux et rajeunit au fil du temps.

A partir de cette trame ténue et fragile tirée d'une très courte nouvelle de FS Fitzgerald (25 pages) David Fincher tire un film fleuve de 2h44.

Ce qui est de remarquable et étrange dans le film est le rapport qu'il entretient aux temps : temps de la projection, long, pas ennuyeux, confortable comme de vieilles pantoufles, temps de la narration, 80 ans, à l'envers, ou à l'endroit suivant le point de vue, ou symétrique, ou même parallèle si on considère l'idée géniale d'installer le jeune vieux dans une maison de retraite, temps de l'appropriation, car les sentiments qu'inspirent le film ne sont pas les mêmes pendant la projection, en en sortant, et le lendemain.

Cette faculté exceptionnelle qu'à David Fincher de rendre sensible la fine trame du temps m'avait enthousiasmé dans Zodiac, son meilleur film à mon avis. Ici, elle est dévoilée avec moins de finesse, plus d'emphase. Mais probablement est-elle susceptible de rencontrer un plus large public.

Quant à la réalisation, d'une curieuse façon, elle résiste à l'analyse : elle est volontairement "old school" par moment (les coups de foudre, l'horloge) et à d'autres (le bateau, quelques paysages, une vision des docks, les scènes avec le pygmée...) on se demande si son aspect vieillot est assumé ou pas.

J'ai détesté le non-jeu de Brad Pitt sur le moment, puis à la réflexion je me dis qu'il était difficile de jouer le personnage autrement. Et puis toutes les manipulations numériques en "motion capture" peuvent expliquer le manque d'expressivité de l'acteur (ou de ce qu'il en reste).

Cate Blanchett m'a par contre émerveillé sur ses premiers plans (elle est d'une vivacité incroyable), puis m'a énervé quand elle "allume" Pitt dans une des scènes les plus lourde du film, puis m'a semblé exceptionnellement émouvante dans la dernière partie du film, où la mélancolie le dispute au vertige (voir Brad Pitt plus JEUNE qu'il n'est est encore plus troublant que de le voir plus vieux).

En somme, le film tiraille le spectateur entre des sentiments contradictoires, des sensations étranges, comme un grand fleuve boueux dont les tourbillons sont à la fois nettement dessinés et totalement incompréhensibles.

 

3e

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The game

Film de jeunesse de David Fincher, The game n'a pas le caractère sulfureux de Fight Club, ni l'ambition artistique du très beau Zodiac.

L'idée de départ du film est la suivante. Un homme (Sean Penn) offre comme cadeau d'anniversaire à son frère (Michael Douglas) une participation à un jeu grandeur nature dont le joueur ne connait pas les règles et qui doit l'amener à se surpasser lui-même au gré des aventures qu'il va vivre.

Ce pitch excitant donne une première partie de film très réussie dans laquelle la mise en scène épurée de David Fincher fait merveille. La prestation de Michael Douglas en businessman impitoyable est très convaincante.

Les péripéties s'accumulant, le suspense faiblit quelque peu. Le rôle manipulateur de Christine apparaît en effet très rapidement. Les ficelles sont un peu grosses et on se doute un peu (beaucoup) de la fin à partir de l'épisode mexicain, car à ce moment-là il devient évident que Van Orton n'est pas la cible de tueurs. Ainsi, dans la dernière partie, la scène du toit n'est que très prévisible.

Le twist final de la chute essaye de faire rebondir une dernière fois l'intrigue, malheureusement en l'entraînant dans l'invraisemblance la plus totale.

Une bonne réalisation et un moment pas déplaisant, malgré une intrigue claudiquante qui n'atteint pas, et de loin, la perfection millimétrique de celle structurant Fight Club.

 

2e

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