Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #toni collette

A couteaux tirés

Les nombreuses critiques positives à propos de ce film parlent souvent de formidable Cluedo géant.

Cette approche est très réductrice car A couteaux tirés est bien plus qu'un whodunit efficace : on identifie d'ailleurs assez rapidement les raisons de la mort de la victime. 

Ce qui fait le sel du film est à mon avis ailleurs. Rian Johnson propose d'abord un formidable jeu de massacre, dans lequel toute une famille richissime et cynique se fait dézinguer méthodiquement au profit d'une jeune fille dont la mère est sans-papier. Le sous-texte politique n'est pas d'une finesse extrême, mais il est réjouissant. 

Dans cet exercice d'horlogerie redoutablement rythmé (un rebondissement survient en gros toutes les 15 minutes), il faut également distinguer la prestation incroyable de Daniel Craig, qui campe un personnage dont on ne sait pas s'il est terriblement bête ou diablement perspicace (ou les deux). Son accent, ses mimiques, ses variations de ton sont superbes. Ana de Armas confirme son potentiel, et le reste du casting est brillant.

Un divertissement de très haute qualité.

Rian Johnson sur Christoblog : Looper - 2012 (**) / Star wars - Les derniers Jedis - 2017 (**)

 

3e

Voir les commentaires

Nightmare alley

Del Toro devait probablement finir par filmer des monstres de fête foraine, tout comme Tim Burton devait à un moment de sa carrière choisir un cirque comme décor (Dumbo).

Dans ce remake d'un film de 1947 que peu de spectateurs auront vu, le brillant réalisateur mexicain réussit un emberlificotage de haut niveau. Nightmare alley commence en effet comme un film holywoodien lambda : certes bien rythmé et remarquablement mis en scène, mais globalement convenu, engoncé dans une esthétique vieillotte et une photographie jaunâtre (j'ai songé à la direction artistique désuète du West side story de Spielberg).

Et puis progressivement, la narration au long cours du film vire au noir, de façon figurée et littéralement (la nuit prend de plus en plus de place). La deuxième partie du film devient donc une longue et tortueuse descente aux enfers, émaillée de choix faustiens, d'éclairs de cruautés de plus en plus saignants (culminant dans l'incongruité de l'épisode de l'oreille). Nightmare alley brasse alors une série d'allusions psychologiques traumatisantes qui ne trouveront aucune explication satisfaisante (la cicatrice du docteur, les traumatismes d'enfance du héros principal et sa relation aux vieux hommes, les horreurs perpétrées par Ezra Grindle aux jeunes filles).

Ainsi le miracle (le piège) opéré par le magicien Del Toro fonctionne-t-il parfaitement : le film commence comme un produit manufacturé de série et se finit dans un mauvais rêve cruel, à l'image du générique de fin. Nightmare alley aura profondément manipulé son spectateur.

Délectable : 2h30 qui passent en un clin d'oeil.

 

4e

Voir les commentaires